Les combats de Musashi pendant sa maturité évoquent ce qu'on appelle aujourd'hui, en
Kendo,
Kizime, littéralement "Offensive du
Ki, a son degré le plus élevé". Vers la fin de sa vie, Musashi a mené les combats en dominant ses adversaires sans leur porter de coups. Cette manière de vaincre l'adversaire va constituer l'objectif ultime des
arts martiaux japonais, tel qu'il prendra forme au cours de la période Edo.
Au cours des siècles précédents, combattre signifiait généralement ôter la vie à quelqu'un, alors qu'a partir du XVIIe siècle, parvenir à dominer l'autre sans le tuer devient un objectif qui va petit à petit imprégner la pratique des arts martiaux. Cette recherche va de pair avec la transformation du mode d'existence des guerriers japonais.
Mais que veut dire "dominer l'autre sans le tuer", dans un combat mortel? Ce qui mérite réflexion est qu'il ne s'agit pas de l'application d'une éthique ou d'une philosophie, mais d'un aboutissement de la technique du combat. Dans la culture des guerriers, qui se caractérise à l'origine par le pragmatisme, l'éthique et la philosophie sont le produit de la technique. La technique comprend l'home dans sa totalité. La recherche technique va donc inclure l'état mental sans lequel elle ne peut pas parvenir a son achèvement. Que se passe t il lorsque Musashi domine son adversaire simplement en pointant son sabre vers lui ? Pourquoi l'adversaire est il obligé de reculer? Pourquoi Shioda est il incapable de s'approcher à moins d'un mètre quatre vingt du corps de Musashi?
Ces questions, reprises sous d'autres formes, sont soulevées par les recherches du Kendo contemporain.