Je dirais un mélange de Renault et Delerme ...Ce fichu temps n'mollira pas (bis)
J'vais prendre une barre de chocolat
Je dirais un mélange de Renault et Delerme ...Ce fichu temps n'mollira pas (bis)
J'vais prendre une barre de chocolat
You Will Learn Respect!
Tiens je crois que c'est de celles la dont tu parles (c'est lui qui l'a faite)
En dessous mon curry:
le plat de TB:
Et ci dessous les huîtres en train de cuire:
La scène se passe à proximité de l'auberge de jeunesse où Heiho et TB sont installés depuis maintenant trois jours. Ravis de leur promenade à Miyajima, ils ont choisi de finir la soirée en beauté en ne retournant pas manger chez Amataro. Tout gonflés d'une assurance nouvelle en cette contrée plus tout à fait exotique, ils poussent la porte d'un tout petit restaurant de quartier, cent pour cent pas touristique.
« - Alors ce soir on a essayé un autre restaurant, qui est totalement japonais...
- Y'a que du Japonais... Le menu est marqué à la main et en japonais mais on a trouvé, hein ?
- On a pris, heu... un peu au pif : katsudon et puis tempura.
- Faut pas dire ça TB, on a bien réfléchit, on a bien lu ce qu'on savait lire.
- Oui... Enfin on a pris ce qu'on savait lire.
- À peu prêt.
- À peu prêt. Là, en entrée on a des petites choses... Du thon apparemment et des légumes. Ça a l'air sympa.
(La patronne apporte un plat)
- C'est pour toi ! C'est pour toi ! Enfin je crois que c'est pour toi...
- Ça ressemble à des tempura quand même.
- Oui, mais heu... elle a dit katsu. On va voir ce qu'elle nous apporte après mais...
- Dans le pire des cas, tout ce que tu risques c'est ce que j'aurais bouffé, hein, c'est tout. Au pire tant pis pour toi. Ça ressemble à la tempura, mais c'est peut-être des brochettes, heu...
- T'as demandé des brochettes toi ?
- Ouais.
- Alors c'est des brochettes.
- Itadakimasu, hein. (bruits de mastication) Il est raide.
- Il y a de la sauce aussi.
- Hein ?
- T'as de la sauce. Ça doit être de la sauce un peu sucrée pour aller avec...
- Je m'en b****e. Préfère sans sauce. Hé ? Pas de remarque, hein ?
- Un petit peu...
- Pas de remarque, hein ?
- Entre les gens qui noient dans la sauce et ceux qui n'en mettent pas... il y a un juste milieu, quoi. »
Si cela vous fait sourire, vous auriez certainement éclaté de rire en entendant la suite. À mi-repas, nos voisins de la table d'à côté, deux salaryman dans la quarantaine mûre et élégante nous abordent. Ils ont reconnu la sonorité de la langue d'Alain Delon et de Mireille Mathieu et, à cette heure de relaxation tardive sentant bon la camaraderie et la bière, désirent nouer la conversation. Deux furansujin dans leur rade habituel, c'est un événement pour le moins inattendu. La conversation tente de s'ébaucher, nous dans un japonais lamentable et constipé, eux dans un mélange de leur langue et de bribes d'anglais cafardeux : « Nihongo very good ». C'est gentil, mais c'est tellement gros que cela confinerait presque au foutage de gueule, trouvez pas ? « Where learning japanese ? In Japan ? » On regarde beaucoup de dorama. Donc, notre japonais est très bon, insistent nos hôtes (c'est à dire : pour des gens qui ont appris quelques mots en regardant le ramassis de conneries que diffusent nos chaînes de merdes, il est époustouflant que vous parveniez parfois à aligner une demi-phrase correcte et pertinente). Cela fait consensus : notre japonais est umai. D'après Heiho je regarde des dorama tous les jours... Pfff, tout ça pour placer mainichi. Et alors, quels dorama regardons-nous ? Great Teacher Onizuka, mmh... Good Luck... Trick, mmh... Ôoku (il s'agit de plusieurs dorama consacrés au gynécée des shôgun)... « Eeee ? Ôoku ? Eeeeeeeeeeeee ? » Ouais monsieur, parfaitement. Et puis Shinsengumi... « Ooo ? Shinsengumi ? Aaaa ? » Si, j'aime les dorama historiques ? Ouais, enfin, ce ne sont pas les plus répandus sur l'internet. Il y a surtout des tire-larmes. Non, pas coréens, japonais (demandez à votre femme ce qu'elle regarde). Par exemple Beautiful Life avec Kimura Takuya. Ah, vous voyez, vous connaissez Takuyette...
Oui, nous aimons les tempura, le katsudon, vous pensiez que nous avions commandé au hasard ? Et nous venons de Paris. Surtout moi, parce que le bled de banlieue où crèche mon compagnon de voyage n'a peut-être même pas droit à un pixel par kilomètre dans Google Earth, alors on va dire Paris aussi. Oui, le français c'est compliqué. (Je suis rudement content d'être né Français pour ne pas avoir eu à l'apprendre en langue étrangère. De même, si j'avais eu un parent japonais, j'aurais fait l'économie de bafouiller tardivement du japonais de vache espagnole. Quand on y songe, les Amérloquains sont les plus mal lotis qui parlent une langue que le monde entier machouille aussi et se trouvent acculés à apprendre à l'école des langues forcément plus compliquées que la leur, à commencer par l'anglais.) Le japonais est totemo muzukashi déclare Heiho avec son air de commercial roublard. « Desu ka ? » Ben ouais, puisqu'on te l'dit. C'est peut-être pour cela que les Japonais sont globalement pas doués quand ils abordent enfin l'anglais : l'épuisement. Allez, puisqu'on nous la réclame, voici la leçon de français : « Je ». « Jyu ? » Nan, pas « joue », « je ». « Aaaa muzukashi ! ». Oui, mais faut gambare un bon coup mon pote, parce que ce n'est que le premier mot de la phrase, en général. Bon, ça ira pour ce soir, c'est déjà un bel effort (tout d'un coup, je ressens un maximum de respect pour les professeurs de français au Japon). Ah, la France, c'est élégant, c'est beau (comme une boutanche de Moët et Chandon, j'imagine). Ce que j'en pense, moi ? Il faut que je vous fasse une dissertation sur les rapports complexes, nuancés et contradictoires d'un Français avec sa terre natale, avec mon indigence lexicale et grammaticale ? Bon, je vais vous le condenser en quatre mots : uchi kara, uchi miemasen. Oui, uchi c'est house, mais il ne faut pas le prendre au premier degrés... (Comment dit-on métaphore ?) Non, ce n'est pas la maison en tant que lieu... (À ce moment Heiho part dans une explication interminable -- quoiqu'elle eut été courte si chaque mot n'avait été suivi de quelques secondes d'hésitation -- dont je découvre finalement qu'elle n'a rien à voir avec mon intention initiale et achève de brouiller le sens de ma réponse. Les Japonais font « unnnn... », l'air très concentrés. Je crois qu'ils n'ont jamais autant souffert pour essayer de comprendre leur propre langue. Moi, en tout cas, il a fallu que je me la fasse répéter en français.)
De quoi parle des êtres humains quand ils ne savent pas quoi dire ? Au Japon comme ailleurs, du temps qu'il fait. À Hokkaido, il caille plus qu'à Paris. Ça c'est de l'échange culturel ! Ah, ils se rappellent tout d'un coup d'un mot français : « Bière », et ils le prononcent même assez correctement (pour s'en commander une le cas échéant). Et puis un autre : « Bordeaux ». Voilà un beau sujet de conversation : comment on picole ici et chez nous. Boit-on l'après-midi en France ? Oui, mais Heiho a dit « sometimes », et non, ça ne se traduit pas par itsumo. Au Japon on picole le soir, mais parfois, nous dit l'un de nos interlocuteurs dans cette conférence improvisée sur les espoirs de paix internationale par la généralisation de la soulographie, on picole aussi l'après-midi. Sans blague ? Tu m'aurais dit que tu avais commencé à l'aurore, je t'aurais cru sans discuter.
On nous demande quand nous repartons (doyôbi, facile), et combien il nous en a coûté du transport (environ 157 000 yens, aller et retour, à épeler 1-5-7-0-0-0-en, c'est plus à notre niveau). Une somme rondelette, mais il faut ce qu'il faut pour maintenir le train de vie de JM et de Skydiver. On nous dit que c'est un peu takai comparé aux compagnies à bas prix. Oui, mais bon... on a pris un billet JAL et on était dans un avion d'Air France, c'est autre chose que Air Babouchistan quand même. Boulette : il va falloir tenter d'expliquer que Air France et JAL ont une alliance commerciale... Je me rend compte que les dorama préparent mal à certaines situations linguistiques, en fait à n'importe quelle situation autre que la demande en mariage et la menace de divorce.
Le plus beau, c'est que l'un de nos sympathiques compagnons d'un soir s'est levé est s'en est allé discrètement régler notre addition. Si l'on m'avait dit que regarder Ôoku et Shinsengumi me permettrait un jour de bouffer à l'œil au Japon...
À suivre...
Dernière modification de TB, 07/04/2008 à 23h00
Ahhh p'tain je me suis bien marré en relisant le texte et en repensant à cette soirée mémorable !!!
J'insiste tout est vrai, si si
Super technique! Je vais essayer ça aussi,le gros accent franchouillard, vendredi :d
Dernière modification de Heiho, 10/04/2008 à 18h20
Bonjour
les ボラス toujours dans cette verve dynamique !!!
波 鳥 空
Je me suis retenue de pouffer plusieurs fois au taff en essayant d'imaginer la tête des types pendant la conversation ( surtout quand vous balancez que vous regardez GTO ). Je vais finir par m'étrangler.
Héhé, j'ai lu quelques billets récents après une absence de quelques mois de ce sujet, huhu...Vous savez qu'on édite pire que ça ?
Merci. On pilonne aussi bien meilleur que cela, l'une et l'autre chose allant de paire dans l'industrie du livre. Sauvez un arbre, bouffez un écrivain.
Excusez le retard de mon compère pour les photos. Il a du mal à s'y retrouver, plus d'un an après, en raison de son système de classement : « Voyons, heu... DSCN7688.JPG, c'était où déjà ? »
(À ce propos, Heiho, j'aimerais bien qu'on voit d'autres photos de Miyajima que nos gamelles. Il est IMPOSSIBLE que tu n'aies pas mitraillé le torii, le sanctuaire et un tas d'autres trucs.)
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