Les agences matrimoniales au secours de la natalité japonaise ?

Alarmé par le déclin de la natalité et le vieillissement de la population, le gouvernement japonais réfléchit à une autorisation de la publicité à la télévision pour les agences matrimoniales.
En favorisant les rencontres, espèrent certains responsables politiques de l'archipel, les pouvoirs publics relanceraient le nombre de naissances.
Des statistiques publiées en octobre dernier ont démontré que la population japonaise avait baissé sur les douze mois précédents pour la première fois depuis 1945.
Avec l'allongement de l'espérance de vie, cela signifie, comme dans les pays au niveau de développement comparable, une proportion réduite d'actifs pour financer les systèmes de solidarité entre les générations.
D'où l'idée, confirmée au ministère du Commerce, d'ouvrir la publicité télévisée aux agences matrimoniales.
"Comparé aux journaux de presse écrite, où de telles annonces sont déjà autorisées, l'impact de la télévision est beaucoup plus important", souligne un haut fonctionnaire.
"Une des raisons de la chute de la natalité tient aux mariages tardifs, ou à l'absence de mariages. Nous estimons donc que promouvoir le mariage est une bonne manière d'aborder ce problème", ajoute-t-il.
D'après les données fournies par le ministère de la Santé, le premier mariage intervient de plus en plus tard dans la vie des femmes: l'âge moyen était de 25,8 ans en 1988, il est passé fin 2004 à 27,8 ans.
Les pouvoirs publics japonais considèrent que les cinq années à venir seront décisives pour l'avenir démographique du pays.
Mais l'angle d'attaque choisi fait sourire les démographes. Le déclin de la natalité, disent-ils, n'est pas lié au manque de visibilité des agences matrimoniales, plutôt à des inquiétudes sur l'avenir et notamment sur la difficulté d'élever des enfants au Japon.
La semaine dernière, un sondage indiquait que 48% seulement des personnes interrogées pensent qu'il est aisé d'élever un enfant au Japon, contre 98% en Suède et 78% aux Etats-Unis.
L'impact financier, l'absence de structures consacrées à l'accueil de la petite enfance et la difficulté pour les femmes à conjuguer vie professionnelle et maternité sont les facteurs les plus communément avancés pour expliquer ce faible désir d'enfants.
"Je ne pense pas que l'ouverture de la publicité télévisée au secteur des agences de rencontres ait la moindre influence sur la natalité. Il nous faut des changements bien plus fondamentaux dans les structures sociales du pays pour modifier réellement la situation", souligne le sociologue Tomoko Inukai.



(Sources reuters)