Le scandale Livedoor a contraint la première place d'Asie a écourter sa séance. Du jamais vu. Après une année 2005 exceptionnelle, Tokyo voit s'avancer le spectre d'un Enron nippon. A moins que l'affaire n'ait paradoxalement des conséquences positives...

Ce pourrait être l'amorce du scénario d'un futur cyber-thriller au pays des Mangas, mais pour l'heure, c'est simplement la réalité d'une plate-forme financière dépassée par un vent mauvais, répondant au nom de Livedoor.

Pour la première fois de toute son histoire, la bourse japonaise a en effet été contrainte aujourd'hui mercredi d'écourter sa séance et donc de fermer prématurément ses portes, vingt minutes avant le fixing habituel. Submergée par les millions d'ordres de vente de petits porteurs déstabilisés par le scandale du portail internet Livedoor, la première place d'Asie risquait tout simplement l'implosion de son système informatique. Ses serveurs étant incapables d'absorber une quantité inhabituelle de flux provenant des particuliers depuis leurs propres PC.
Son indice vedette, le Nikkeï, a perdu au passage 2,9%, après en avoir déjà lâché quasiment autant la veille. Ce qui constitue là ses deux plus fortes chutes depuis deux ans. Depuis le 1er janvier, le Nikkeï accuse un recul de près de 5% ! Les grandes valeurs techno du pays ont également sombré, dans le sillage du plongeon du titre Livedoor (-14%) : Softbank dérapait de 11% et Fuji Network de l'ordre de 9%. Demain jeudi, la bourse tokyoïte récidivera à titre préventif, et suspendra ses transactions une demi heure plus tôt. La mesure sera même prorogée jusqu'à nouvel ordre.



Le Premier ministre en personne est monté au créneau pour calmer le jeu et rassurer les investisseurs, estimant que l'état général de l'économie demeure « solide ». C'est que le pays a beau être habitué aux secousses sismiques, celle qui ébranle à présent son marché boursier ne lui est pas du tout familière. Elle traduit surtout la défiance des investisseurs à l'égard du mode de gouvernance d'un grand nombre de firmes, même si en l'espèce les institutionnels n'ont pas cédé à la panique, comme cela avait été le cas à New York il y a près de vingt ans lors du krach d'octobre.

En clair, le Japon n'est-il pas sur le point de déterrer d'autres Livedoor, c'est-à-dire des entreprises qui n'auraient pas hésité à commettre des actes illicites pour doper leur cours boursier ? « On est peut-être à la veille d'un Enron nippon retentissant, analyse Antoine Brunet, chef économiste marché chez HSBC. Mais en attendant, il faut admettre aussi que ces événements ont le mérite de calmer quelque peu l'euphorie qui s'est emparée depuis huit mois environ des marchés actions japonais. Or, on le sait, des progressions fulgurantes en ligne droite ne sont jamais bonnes. Elles peuvent être le signe précurseur d'une surchauffe ». De fait, la bourse de Tokyo ne s'est jamais aussi bien porté sur le fond, puisqu'elle a bouclé l'année 2005 sur un gain inespéré de plus de 40% ! Soit le record mondial du genre.

Il est vrai aussi que l'affaire Livedoor survient après une série de trois bourdes en un mois, dont l'une a causé un préjudice de 280 millions d'euros à son auteur, le courtier Mizuho. Et si aucune explication satisfaisante ne semblait s'imposer, d'aucuns se sont plu à voir dans cette vague de cafouillages de simples insuffisances informatiques, susceptibles d'être rapidement surmontées. « En décembre, on était au zénith de l'engouement pour les marchés actions nippons, constate Antoine Brunet. Or, qui dit afflux, dit également risques d'erreur accrus sur des plate-formes pas forcément configurées pour soutenir de tels mouvements… »


Source: lexpansion.fr


Donc ça y est, le Japon est touché par le scandale, les malversations financières.
Comme quoi, il y a pas que les occidentaux (Enron, Parmalat, Marionnaud...) pour tripoter les chiffres!