Tokyo me fait penser a une megapole que l'on aurait mis sous emballage une premiere fois.Puis une seconde.Et ainsi de suite.Votre imitation de vienoiserie que vous achetez dans ces Kombinis de survie,est emballee,sur-emballee,jusqu'a l'infini si possible.Plus loin les tenues vestimentaires (entre autres) des jeunes filles,idem:de l'emballage,joli,certes (quoique),mais rien de plus,si tant est si bien que vous ne verrez que tres raremenent les japonais (ses) habille(e)s en gothique, super hero, Italien Sicilien, Jamaiquain prendre l'entiere et totale personnalite d'un veritable gothique, super hero, Italien Sicilien, et Jamaiquain.De l'emballage (et du reste gaspillage).Les japonais (attention j'affirme ce qui suit sur un ton strictement libertaire),au fond,sont un peu a l'image de toutes ces figurines issues de leur monde eternellement virtuel qu'ils creent.On en achete une,puis on l'habille comme on l'entend.
Donc difficile de se faire une idee precice de tout ce a quoi cet emballage fait reference.S'agit-il de cacher,masquer ses sentiments,les rendre plus materiels (les fameux "prezento"),devenir un robot (ah ce fameux culte du robot,soit le passage difficile pour l'enfant japonais a l'adolescence puis a l'age adulte,ou encore autre theorie possible,ce super heros que l'on cree sous fond de capitulation de quoi on sait,soit l'americain l'envahisseur,le virtuel,du fantasme).
J'ai surtout le sentiment que plus une societe - et ce quel que puisse etre son modele,feodal ou non- vit dans un confort quotidien radicalement futile,plus ce modele craint l'avenir de ses propres institutions (France / Insecurite-hop montee de FN bravo,applaudissements),plus la peur s'installe,car ici,bien plus qu'ailleurs (mefiez vous de ces emballages de la pensee humaine),l'imprevu doit etre combattu,radicalise,controle,car gare a l'imprevisible,ou plutot sauve qui peut.
Ah ce bon vieux Adam Smith et son economie libidinale,soit la vision la plus negativiste de l'Homme en general,cet avenir prometteur fait d'alegresse.Le Japon n'y echappe pas non plus.
Je suis venu vivre a Tokyo pour decouvrir cette formidable vivacite d'esprit vouee a la creation artistique nipponne en general.Point d'emballage,o non,point d'industriel ici.La resistance aux normes,l'insoumission,le non-assujetissement (un concept et une action qui,au Japon,explosent de toute leur beaute tant ici le modele etouffe nos plus sinceres vertus libertaires),l'accomplissement de soi au travers d'oeuvres en tous genres mais toujours etonnantes suscitant l'emerveillement quotidien (souvenez vous c'etait il y a longtemps),la celebration de l'homme dans toute sa plenitude et non dans son existence alienee futile et eternellement materialiste que nous sommes ou connaissons a peu pres tous deja.Les japonais ne s'interessent pas a la politique,ils ne veulent pas d'une democratie (encore que pour affrimer telle apodicticite il faudrait que des sources officielles mediatiques nous en apprennent un peu plus sur le sujet),bref ils sont libres,naturellement.En revanche,aussi libre a eux d'entrevoir dans la Politique un formidable desir,puissant et ensuite accompli d'instaurer,enfin,une bonne fois pour toutes,ce que naturellement Nietzsche appelait "une Grande Politique",debarassee de tous ses prejuges et surtout,oui surtout,soumettant une bonne fois pour toutes,l'economie,cette facheuse et honteuse science des esclaves a sa propre loi.
Pour gacher la vie,rien n'est plus pratique qu'une mise en pratique des corps,du mepris de la chair et de l'anatheme jete sur les desirs,les plaisirs,les pulsions et les passions.Toutes les civilisations soumises a Thanatos (Le Dieu du capital est partout) ont vecu et sont nourries de cet holocauste perpetuel.Le sacrifice des desirs individuels au profit de l'elaboration des machines collectives,l'oubli de l'individu auquel on prefere toutes les cristallisations de l'instinct gregaire,le renoncement a ses plaisirs afin d'entrevoir pour seul objectif la place a tenir dans le jeu social,ici au milieu des autres,le sacrifice de la liberte individuelle,et en guise de retour,une societe securitaire,autoritaire,castatrice et devitallisante.Dillution du moi dans le grand tout social,confusion des interets individuels avec les interets collectifs,sacrifice du principe de plaisir au nom du principe de realite,besoin de consolidation impossible a rassassier,renoncement aux plaisirs maintenant au profit d'un hypothetique lendemain plus radieux.Pour lutter contre une ideologie,il faut mobiliser des forces considerables susceptibles de deplacer des continents ou de permettre la decouverte des terres inhabitees,de geographies blanches.L'economie liberale (vertigineuse au Japon) entendue comme genealogie sombre de la misere cartographiee en amont oblige a une revolution copernicienne.
Desole,ce message prend l'apparence d'une tribune,mais ici difficile de parler de tout cela au coin de la rue dans un Cafe Sushi Philo.