Tout juste débarqués à Shin Chitose d'un aéronef promis à une désinfection aussi imminente que nécessaire, les deux baroudeurs aux pieds plats du japon.org se sont rendus au bureau de la Japan Railways le plus proche (celui de l'aéroport) pour échanger leur preuve d'achat contre un JR Pass en bonne et due forme (c'est à dire avec une reproduction métallisée de la vague de Hokusai sur le dessus, et les tampons de la JR sur le dedans). Le JR Pass est un forfait ferroviaire exclusivement réservé aux étrangers, et encore, seulement s'ils sont de passage. Cela permet au touriste de promener sa mine de ragondin suffisant à travers tout le pays pour une somme fixée selon la durée souhaitée, le plus souvent celle du séjour, tandis que les Japonais doivent acquitter le prix de leur transport à chaque voyage. Dégoûtée par cette scandaleuse discrimination autant que par l'aspect repoussant de la paire d'hurluberlus accoudés à son bureau, l'employée des chemins de fer a salué leur départ d'une bordée d'insultes bien senties, quelque chose comme : « dômo arigatô gozaimashita ».

Premier constat : « Ça caille », dixit Heiho. Bien que Sapporo soit à une lattitude presque méditerranéenne, le climat est aussi froid qu'en Europe du nord. En ce début mars il restait plus d'un mètre de neige, déposée là sans doute par les vents venus de Sibérie si on en croit Wikipedia qui ne dit pas que des conneries. Nous avons trouvé le gîte dans une auberge de jeunesse, Ino's home, confortable et accueillante. Pour le couvert, à cette heure avancée de l'après-midi et loin des grandes rues commerçantes, nous nous sommes rabattus sur le konbini le plus proche — de l'autre côté de la rue. Le konbini est une sorte de croisement entre l'épicerie arabe et la supérette de quartier. Ce n'est pas le lieu idéal pour débuter un périple gourmand au Japon mais, hé, on avait rien becqueté depuis le petit-déjeuner dans l'avion... Nous avons acheté pour moins d'un euro pièce des brioches « chinoises », mais belles et bien japonaises, de consistance légère et mousseuse, chaudes et farcies de choses surprenantes (surtout pour des illettrés pas fichu de comprendre les étiquettes). Par la suite nous sommes souvent allés dans les konbini, en particulier le matin, pour trouver de quoi grignoter dans les transports. Évidemment, pour des touristes le konbini est en soi une petite attraction typique du Japon. Mais sérieusement, la bouffe de konbini est assez bas de gamme. Difficile de trouver dans l'étalage de pains briochés quelque chose qui ressemble à une honnête viennoiserie (même de grande distribution) pour accompagner sa canette de « café au lait » (en français sur l'emballage). Les dits cafés étant tous des variations sur le modèle nord-américain de ce que l'on appelle couramment en France du « jus de chaussette ». Tiens, on devrait proposer ça comme marque à un fabricant nippon. C'est français, c'est chic, ça plairait. Ce que les konbini font de mieux, ce sont les encas typiquement japonais : oden, susdites brioches, onigiri avec la feuille de nori emballée à part pour qu'elle reste craquante. Côté boisson, il y a surtout des ersatz, de la flotte sucrée avec un peu de citron. Même le contenu des bouteilles estampillées Tropicana ressemblent à peine à du jus de fruit. Pas étonnant que les Japonais boivent autant de bière.



En vadrouille dans les rues de Sapporo, nous remarquons que les coiffeurs japonais ont conservé le modèle d'enseigne autrefois utilisé par leurs confrères occidentaux : des cylindres peints d'une double hélice bleue et rouge. Quand vous aurez besoin d'une coupe, faites attention quand même, elles sont utilisées également par les coiffeurs pour chiens.

À suivre...