Cela devait arriver un jour, il fallait s'y attendre. Comme le fast food franchisé, le virus de la grippe aviaire et les poussières diluées des accidents nucléaires, Heiho et TB ont fini par atteindre le Japon. C'est avec la complicité d'Air France que les deux spécimens ont été introduits dans le pays, par l'aéroport du Kansai pour être précis. Grâce à la Japan Airlines ils ont été immédiatement déportés vers Hokkaidô, là où le froid inhiberait certainement leur virulence, espérait-on...
Sur les liaisons avec le Japon, Air France propose aux passagers de la classe prolétaire deux menus, l'un typé européen, l'autre japonais. Nous avons eu droit à un teriyaki avec du riz, de qualité bouffe industrielle réchauffée, mais quand même assez correct relativement à mes souvenirs malheureusement impérissables sur des compagnies à bas prix. N'importe quel PNC vous le dira : l'ingestion de boustifaille et le visionnage de quelques gros navets cinématographiques sont les deux meilleurs moyens de faire se tenir tranquille une cargaison de Bidochons dans un avion. Il est donc possible, voire recommandé, de grignoter au fil des heures quelques mini-sandwichs mollassons au quasi-fromage, des glaces insipides avec un bâton pas fameux au milieu, et des nouilles instantanées. Les nouilles sont fournies par la JAL (c'est écrit sur l'emballage), on s'attendrait donc à ce qu'elles manifestent un certain savoir faire japonais en la matière. Las, si le bouillon est raisonnablement satisfaisant dans sa catégorie, les nouilles ont la consistance cartonneuse d'un ticket de métro mal cuit. D'après le couvercle, ce sont les « udon de Sky ». Et bien franchement, Skydiver, les nouilles c'est pas ton truc.
Quelque part dans la nuit sibérienne, on aperçoit des lumières au milieu du rien. Ou peut-être est-ce la Chine, allez savoir ?
Après une brève escale à l'aéroport du Kansai et une petite conversation avec la douane (j'y reviendrai plus tard), nous avons poursuivi jusqu'à la nouvelle Chitose, dans l'île d'Hokkaidô, par un vol intérieur de la JAL. Vu du hublot, le Japon ressemble à une vaste toile imprimée de zébrures géométriques et percée de montagnes noires triangulaires. Pas de repas sur un vol aussi court, juste de malheureux rafraîchissement. Sauf que les petites mémés nippones, plus prévoyantes que nous, s'étaient procurées à l'aéroport d'appétissants bentô. Elles purent donc faire leur déjeuner tranquillement alors que nos estomacs patientaient jusqu'à Sapporo.
À suivre...