- je sais que j'ai dit que je comptais ne plus repasser sur ce forum, mais c'est un message important -

Je cherche des témoignages sur ce sujet. Il s'agit de forcer Louis Vuitton à observer la loi.


Une anecdote racontée dans les diners parisiens...

Combien de touristes japonais sauraient invoquer la loi française sur le refus de vente? Combien en auraient le tempérament? C'est finalement ce calcul qui a fait adopter à la direction de Louis Vuitton une politique incroyable concernant leurs ventes à des touristes en balade sur les Champs Elysées.

Peut-être avez-vous déjà été abordé de manière curieuse par un touriste japonais sur les Champs-Elysées. Dans un anglais approximatif celui-ci vous a demandé d'aller acheter pour lui un article Vuitton en quatre exemplaires. Amusé, vous vous êtes plié à sa demande sans trop comprendre. Ils sont fous ces japonais! Le japonais vous tend alors une liasse de billet pour payer en liquide. Dopé par cette confiance que l'on vous a fait, vous vous sentez comme investi de votre mission: vous serez le bon samaritain pour cette homme trop confiant. Eût-il eu la malchance de tomber sur quelqu'un d'autre que vous, il se serait vu dépossédé d'une somme importante. Et puis vous vous êtes toujours senti une âme d'agent secret. Vous voilà déjà dans la boutique. L'histoire en est restée là.




Le refus de vente de Louis Vuitton...

Si ce japonais vous a demandé de faire ses courses à sa place c'est parce que Louis Vuitton pratique couramment le refus de vente à sa clientèle, en particulier asiatique. Dans la plupart des cas, le client retord qui a pris la peine d'interroger le passant est un contrebandier. Il souhaite acheter des produits Louis Vuitton pour les revendre ensuite au Japon avec une marge alléchante.

Cependant, le refus de vente pratiqué par Louis Vuitton frappe aussi les japonais qui seraient de bonne foi. A ceux là, on interdira par exemple le paiement en liquide et on gardera le numéro de leur carte bleue afin de les empêcher d'acheter plus d'un produit par an.




Le point de vue de Louis Vuitton...

Nous avons décidé de nous renseigner sur cette affaire, après qu'un ami (de physionomie chinoise, accompagné alors d'une japonaise) a subi le discours suivant de la part d'une vendeuse:
"Nous ne pouvons vous vendre plus d'un article". Puis gênée: "Vous savez... Cette règle s'applique à tous nos clients. Par uniquement à vous."

Nous sommes allés demander au manager du magasin de nous expliqué la motivation et la justification juridique invoquée par Louis Vuitton pour pratiquer ce refus de vente.

Notez que le manager nous a reçu avec une très grande déférence malgré notre allure de trouble-faits. Il a accepté de s'entretenir avec nous une vingtaine de minute et de nous laisser discuter avec son adjoint alors qu'il était occupé.

Nous retraçons donc ici son propos.

Louis Vuitton vend ses produits en Asie beaucoup plus cher qu'en France. Ce constat attire beaucoup de contrebandiers qui achètent les produits Louis Vuitton et les vendent en magasin une fois rentrés au Japon. Il est du ressort de Louis Vuitton Paris de protéger ses distributeurs partout dans le monde. Des gardes attendent donc en civil devant le magasins pour repérer les individus suspects qui effectuerait des achats par le biais d'un passant par exemple, et transmettent l'information en magasin. Il arrive parfois que l'on se trompe et pour ces bévues, le manager du magasin s'excuse. Son adjoint, quant à elle, nous explique qu'elle ne peut pas se trouver derrière tous ses vendeurs. Il s'agit bien sûr du discours qu'elle est tenue de donner: il est improbable qu'un vendeur invente spontanément ce type de règle pour se débarrasser d'un client.

A deux reprises, lorsque nos questions se sont précisées, on nous a expliqué qu'il n'était pas possible de nous répondre, et que le service juridique saurait répondre à toutes nos attentes.

La première fois, j'ai demandé s'il était vrai que les asiatiques devaient emprunter une file d'attente spécialisée il y a quatre ans encore.
La deuxième fois, nous avons demandé si un fichier contenant numéros de carte bleues des clients étaient conservé.



Les lois que Louis Vuitton enfreint.

La CNIL demande à ce que toute personne soit informée de l'existence d'une entrée le concernant dans une base nominative. Celui-ci doit pouvoir sur simple demande en être supprimé ou voir son entrée supprimée. Par nominative, la CNIL entend "les informations qui permettent, sous quelque forme que ce soit, directement ou non, l'identification des personnes physiques auxquelles elles s'appliquent". Une base de donnée comportant des numéros de carte bleues répond bien à ce critère.

Cette loi est violée très fréquemment et les contrevenants feignent juste ne pas la connaitre.

De manière bien plus grave, l'article L.122-1 du Code de la consommation (célèbre pour sa clause sur les ventes groupés) interdit formellement la pratique du refus de vente, celle-ci étant puni de 1500 euros par infractions relevées. Il inclut cependant les termes "sauf motif légitime". La jurisprudence et les apendices précisent qu'un motif est considéré comme légitime lorsque la demande du consommateur est anormale ou lorsqu'est prouvé son intention de nuire à la société incriminée. Dans le cas de Louis Vuitton, il serait autorisé de refuser une vente à un client qui effectuerait effectivement de la contrebande.

Notez que la pratique du refus de vente tel que pratiquée par Louis Vuitton s'assortit du combo "pour critères raciaux" du même article et peut donc en théorie se solder par 2 an d'emprisonnement et 200.000 F d'amende.


De la position de Louis Vuitton.

Imposer un tel différentiel de prix entre les différents pays dans lequel on est implanté est monnaie courant pour une entreprise du marché du luxe tel que Louis Vuitton. On vend en effet alors une image et un marketing qui est propre à un pays. Le Japon est par ailleurs un pays où la distribution est très coûteuse.

La revente en magasin sans accord du fabricant est une pratique légale au Japon semble-t-il. Cependant les "contrebandiers" joignent souvent à leur produit une fausse factures aux dires de Louis Vuitton. Ceux-ci sont donc dans l'illégalité. Par ailleurs, sans qu'ils soient dans l'illégalité ni en France ni au Japon, la loi pourrait autoriser Louis Vuitton d'interdire la vente à ces "honnêtes contrebandiers" puisque ceux-ci nuisent à son commerce.

Pour une entreprise du luxe, il est particulièrement difficile de maintenir son image de marque de luxe tout en étant distribué dans des magasins qui ne transmettent pas cette image.




Vuitton pêche par excès.

Mais Vuitton frappe aveuglément la plupart de ses clients asiatiques sur des critères tout à fait arbitraire sous ce prétexte. Si la présence de telles différences de prix est un handicap pour une société, ce n'est en aucun cas au client de le payer.

Vuitton règle aujourd'hui le problème des rares clients mécontents à l'amiable, sachant pertinemment que l'esclandre n'est pas le sport national japonais.