Salut les ami(e)s,
Alors, après « Aïkido et E.M.C. », voici « Ninjutsu et hypnose », en deux points.
Premier point, sur la mention de l’hypnose dans le ninjutsu traditionnel.
Si l’on en croit certains livres modernes (Habersetzer, Guintard), les ninja sont réputés pour avoir pratiqué l’hypnotisme (saiminjutsu).
Pour ma part, je n’ai trouvé qu’une seule mention à l’hypnose dans un texte traditionnel : dans le « yôkan kuden », où il est expliqué comment interroger un samouraï.
En effet, pas la peine de songer à torturer ou menacer un samouraï : il préférera souffrir ou se faire tuer plutôt que de parler.
Alors, comment faire ?
Simple : la privation de sommeil. On se relaie pour provoquer le samouraï sans lui laisser un instant de répit, jour et nuit, pendant plusieurs jours.
Résultat : il va sombrer dans un étrange état de conscience, « situé quelque part dans l’intervalle entre veille et sommeil », que l’on surnomme kidatsu. Une fois plongé dans cet état, vous pourrez constater que votre prisonnier sera devenu complétement obéissant et répondra docilement à toutes les questions que vous lui poserez.
Le terme kidatsu est difficile à traduire en français. En japonais, c’est 気脱.
Le Ki ou le Chi 気, c’est l’énergie, l’âme, l’esprit. 脱, c’est quelque chose qui s’enfuit, qui disparaît, qui se volatilise (à tous les sens du terme, comme de l’eau qui se transforme en vapeur).
(Et si ça ne marche pas, il vous restera toujours la tisane aux feuilles de cannabis du « Bansenshûkai »… Hahaha...)
Deuxième point, je vais maintenant faire un parallèle entre le fondement du ninjutsu et le fondement de l’hypnose dite « instantanée ».
En ninjutsu, tout a un rythme : que ce soit un combat au sabre à un contre un ou la vie collective d’une armée dans une forteresse. Tout l’art du ninjutsu consiste à savoir briser ce rythme pour créer une « faille », quitte à créer soi-même ledit rythme chez l’ennemi pour mieux en prendre le contrepieds le moment venu. Une fois la « faille » obtenue, le ninja saisit cette opportunité pour s’infiltrer.
Alors, pour ceux et celles qui pratiquent l’hypnose de spectacle, vous reconnaîtrez là le principe exact de l’« hypnose par rupture d’automatisme ».
On crée un rythme bien défini que l’on fait adopter au cerveau, puis on l’interrompt brusquement, laissant le cerveau « bête » et sans défense pendant un (très) bref instant, et l’on saisit cette opportunité pour lancer la suggestion « Dors ! » de sorte qu’elle pénètre l’esprit et agisse.
Si vous comparez le cerveau à une forteresse bien défendue, et la suggestion « Dors ! » à un ninja qui aurait pour mission de l’infiltrer grâce à une faille dans son rythme, vous pouvez voir à quelle point la comparaison est justifiée.
Qu’en dites-vous, les ami(e)s ?