J’aime beaucoup Nosaka Akiyuki, et particulièrement « La vigne des morts sur le col des dieux décharnés ». C’est un texte incroyable, une grosse nouvelle, qui se lit très vite jusqu’à ce qu’on se demande ce qu’on vient de lire tellement c’est incroyable, petit retour en arrière, oui, c’est bien ça, il a osé. C’est jubilatoire, mais à ne pas mettre entre toutes les mains. Pour ceux qui ne connaîtraient que La Tome des lucioles (excellent aussi) du même Nosaka, il y a de quoi être surpris. Entre les deux on peut lire « Les pornographes », mais on reste dans le sulfureux. Ce n’est pas vraiment un autour consensuel. Il n’est plus lu au Japon aujourd’hui.
Dans ses débuts il a été soutenu par Mishima (qui a signé la préface pour « Les Pornographes »), mais Mishima je n’aime pas. Pourtant j’ai essayé, j’ai commence Le Temple d’or mais j’ai arrêté au bout de 100 pages tellement c’était lourd. Sur sa demande, ses romans ne sont pas traduits du japonais mais de l’anglais, je ne sais pas si cette double traduction, qui ne peut qu’être préjudiciable au respect de l’intégrité de l’œuvre originale, entre en cause dans le côté artificiel de son style.
J’ai retrouvé cette même lourdeur dans l’adaptation cinématographique de Ichikawa.
J’ai refait une tentative avec Neige de printemps, le titre me plaisait, c’est tiré de sa tétralogie « La Mer de la fertilité », c’est en principe que j’aime bien, les séries. J’ai réussi à en terminer la lecture, mais avec peine. Pour moi ça sonne faux, les personnages, les histoires, on est très loin de la finesse de l’analyse psychologique d’un Sôseki par exemple. C’est un roman « historique », qui se passe avant la guerre, à l’époque des premiers romans de Tanizaki, et ça sonne faux, un peu comme si ç’avait été écrit par un étranger, un étranger qui aurait eu la même distance entre lui et le Japon, que Mishima entre le Japon réel et le Japon qu’il imagine, qu’il sublime, une vision d’un Japon qui n’a jamais existé et qui n’a pu le mener qu’à une impasse. Chez Mishima on est dans le faux-semblant, le paraître (son culte du corps), la recherche de chimères, le culte de la souffrance. Toutes choses qui ne m’intéressent pas. J’ai fait une dernière tentative avec une nouvelle, mais je n’ai pas eu de chance, on sombrait dans le ridicule total avec une histoire d’anges avec des ailes.
Mais je ne désespère pas, quand j’aurais le niveau suffisant, je referais une tentative pour voir de quoi il retourne en version originale. Juste pour voir, et pour essayer de comprendre pourquoi il plaît tant en occident, et si peu au Japon