TOKYO (AFP) - Le gouvernement conservateur japonais a annoncé vendredi le maintien de ses troupes en Irak au delà du transfert de souveraineté le 30 juin à Bagdad, dans le cadre de la future force multinationale dirigée par les Etats-Unis.
Cette décision, attendue, confirme que l'intervention nippone en Irak, la première sur un théâtre de guerre depuis 1945, tourne la page d'un demi-siècle de pacifisme inflexible et marque une étape historique de la "normalisation" du Japon sur la scène internationale. "Les Forces d'autodéfense (FAD: l'armée japonaise) vont continuer leurs activités dans le cadre de la force multinationale" au delà du 30 juin, a souligné le secrétaire général du gouvernement, Hiroyuki Hosoda.
C'est la première fois que le Japon, qui a déjà participé à des activités de maintien de la paix sous l'égide de l'ONU, est impliqué dans une opération de sécurité collective. Toutefois, "les FAD agiront sous commandement japonais et ne participeront pas à des opérations militaires", a insisté M. Hosoda, à trois semaines d'importantes élections sénatoriales.
La Constitution pacifiste de 1947 empêche en effet le Japon de recourir à la force armée autrement que pour sa propre défense. "Contrairement aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne, nous n'allons pas recourir à la force" en Irak, a répété le Premier ministre Junichiro Koizumi. M. Koizumi a d'ailleurs soigneusement évité d'employer le mot "participation", préférant parler de "coopération" avec la force multinationale pour définir la mission japonaise, une nuance sémantique qui traduit sa volonté de ne pas sortir du cadre constitutionnel.
Ce qui n'empêche pas l'opposition centriste et de gauche de contester vivement la constitutionnalité du déploiement militaire japonais en Irak. "On a utilisé la réthorique pour nous tromper sur les activités des FAD. Ce genre de chose atroce n'est même pas arrivé avant-guerre", a protesté Hirohisa Fujii, le secrétaire général du Parti démocrate du Japon (PDJ). Le principe de la Force multinationale a été approuvé à l'unanimité début juin par le Conseil de sécurité de l'ONU. Cette force, présente en Irak "à la demande du nouveau Gouvernement intérimaire irakien", sera habilitée à prendre toutes les mesures nécessaires pour contribuer au maintien de la sécurité et de la stabilité en Irak.
Si la presse de droite approuve la participation des FAD à la force multinationale, le quotidien de gauche Asahi Shimbun regrette que le Premier ministre n'ait pas consulté la Diète, esquivant tout débat comme si l'engagement du Japon allait de soi. L'Asahi, opposé au déploiement en Irak, accuse le chef du gouvernement de "complaire aux Etats-Unis". De fait, l'américanophile Koizumi, ami du président George W. Bush, s'est rangé sans état d'âme aux côtés de Washington en Irak.
Mais au delà, le déploiement japonais en Irak a valeur de test, comme le souligne le ministre de la Défense Shigeru Ishiba, un des jeunes faucons de la classe politique qui veulent voir le Japon et son armée jouer un rôle plus actif dans les crises internationales. Selon Matake Kamiya, professeur de relations internationales de l'Académie nationale de Défense, depuis la Guerre du Golfe de 1991, le Japon est en train de passer "d'un pacifisme défensif, passif, à un nouveau pacifisme actif".
Quelque 500 soldats de l'armée de terre japonaise sont actuellement déployés à Samawa, cité chiite du sud-est irakien relativement paisible, pour participer à une mission "non combattante" d'assistance humanitaire et de reconstruction. Longtemps hostiles à l'envoi de l'armée japonaise, les Japonais soutiendraient en majorité la "mission humanitaire" de leurs soldats, selon les sondages.
"Pacifisme Actif" voila une notion trés interessante qui sera trés certainement l'objet de débat dans les sphéres des Relations Internationales. Ce pacifisme actif a déjà permis à de nombreuses firmes Japonaises d'engranger des contrats dans le golfe persique...