Le nombre des victimes de la traite en Union européenne aurait doublé en 2000 par rapport à 1999, estime la Commission pour l'égalité des chances à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.
Selon le Comité contre l'esclavage moderne, 500.000 à 600.000 femmes d'origine extérieure à l'Union européenne ont été forcées de se soumettre à la prostitution dans l'UE depuis la chute du mur de Berlin fin 1989.
L'Organisation internationale des migrations (OIM) chiffre à 120.000 le nombre de femmes et d'enfants qui, chaque année, sont l'objet de trafics à destination de l'Union Européenne. La plupart sont originaires des Balkans, et beaucoup de Roumanie et de Moldavie. Timisoara (Roumanie) s'est ainsi transformée en véritable "marché aux femmes". Vendues pour quelques dizaines d'euros, elles prennent ensuite la destination des trottoirs européens, souvent via les centaines de maisons de passe de la péninsule balkanique qui se sont développés depuis 1995, au rythme de l'arrivée des contingents étrangers des forces de paix (!!!) en Bosnie, au Kosovo et en Macédoine.
Le bureau de Bucarest de l'OIM, qui assiste le retour et la réintégration de prostituées roumaine, en a dressé le portrait-robot. «Près de la moitié sont originaires de la Moldavie roumaine [région la plus pauvre du pays]. Elles ont entre 18 et 25 ans ; ont peu fréquenté les bancs de l'école ; vivent dans un cadre familial décomposé, ont subi des violences familiales ou dans les institutions spécialisées dont elles proviennent ; plutôt que la
religion, l'
argent est leur principale valeur. En quelques mots, elles ne voient aucune perspective d'avenir», résume Cristian Ionescu, de l'OIM. «Le trafic est un phénomène social complexe dont on ne pourra échapper qu'avec le développement économique du pays et l'éducation de la population.» [source : Le Monde 30/08/2002]
La plupart des victimes des réseaux de prostitution viennent donc de Moldavie, Ukraine, Russie, Biélorussie, Roumanie, Albanie, mais aussi du Nigeria ou de Sierra-Leone.
En France, selon l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH), il y aurait environ 15.000 personnes prostituées, dont 6.000 à 7.000 à Paris, et 3.000 dans les bars et salons de massages. La prostitution, toujours selon l'OCRTEH, générerait de 2,3 à 3 milliards d'euros de chiffre d'affaire, dont 70 % profiteraient aux proxénètes.