• La tenue vestimentaire chez les japonais



    Si vous jetez un coup d'oeil autour de vous dans le métro ou le train au Japon, vous vous apercevrez que 95 % des voyageurs sont uniformément habillés d'un costume bleu marine foncé ou gris anthracite, d'une chemise blanche, et chaussés de souliers noirs. Vous aurez alors la très nette impression que la recherche dans l'habillement ne fait pas partie des soucis prioritaires de l'homme japonais. Les femmes, en revanche, sont plutôt bien habillées, portent des vêtements de marque et des accessoires coûteux. Elles font de leur mieux pour mettre leurs charmes en valeur.

    La terne tenue vestimentaire du Japonais trouve son origine dans la culture de l'époque des Tokugawa
    où, génération après génération, de jeunes samouraïs ont décrétés qu'il était indigne d'un garçon d'attacher de l'importance à des futilités telles que l'habillement, qui en toutes circonstances se doit donc d'être sobre. A un certain moment de l'époque des Tokugawa, un édit avait même été promulgué pour interdire aux riches marchands de porter des vêtements en soie trop luxueux et leur recommander de s'en tenir aux kimonos en coton. La réaction des marchands avait été immédiate : ils s'étaient empressés de faire doubler leurs vêtements de riches tissus en soierie...
    Cette sobriété dans l'habillement s'est perpétuée bien après la réforme de Meiji. Tout Japonais d'un certain âge a été élevé dans le strict respect de cette règle qui nous vient de loin. Il y a à peine quelques décennies, il était impensable pour une mère d'habiller son fils en rouge, couleur destinée aux filles. En tout état de cause, l'uniforme noir d'étudiant, y compris la casquette, était porté par tous les garçons depuis l'école primaire jusqu'à la fin des études universitaires. Aujourd'hui, seules certaines écoles privées ont conservé l'uniforme
    ( j'ai pourtant vu énormément d'étudiants en uniforme, que les écoles soient publiques ou privées...).

    Toutefois, si nos jeunes gens ont maintenant toute latitude pour se distinguer par les tenues les plus fantaisistes, tout doit rentrer dans l'ordre dès qu'ils obtiennent leur premier emploi. Ils achètent alors ce que l'on appelle la "tenue de recrutement". Au bureau, il est nettement préférable d'être vétu comme tout le monde, c'est-à-dire en costume bleu marine, cravate sobre, chemise blanche, chaussures noires. Bien sûr, aucun règlement ne proscrit la tenue à porter. Mais la pression sociale est telle que tout nouveau venu sait intuitivement qu'il vaut mieux ne pas se faire remarquer par des vêtements hors norme.
    Les femmes, quant à elles, se sont toujours habillées avec autant de recherche que le leur permettaient leurs moyens, aucun interdit social ne pesant sur leur manière de s'habiller.Au-delà de toute considération vestimentaire, dans beaucoup d'entreprises japonaises, surtout dans l'industrie, on porte une sorte d'uniforme constitué d'un blouson que l'on enfile par-dessus la veste ou directement sur la chemise. Du coup, tout le monde, depuis le PDG jusqu'au planton, est habillé de même, ce qui renforce, dit-on, la cohésion du groupe.

    Texte tiré du livre L'Abécédaire du Japon de Takashi MORIYAMA, aux éditions Picquier Poche.