• Le Kôdô ou cérémonie de l'encens japonais



    Connaissez vous le Kôdô ou la cérémonie de l’encens japonais ?
    L'encens japonais joue une rôle très important dans la société nippone. Au même titre que la cérémonie du thé, le rituel de l'encens fait parti d'un certain art de vivre.

    Porteur d'une dimension spirituelle en tant que support de méditation et de prière, l'encens est aussi utilisé pour parfumer la maison.

    Composition des encens japonais :

    On retrouve dans la composition des encens japonais deux bois précieux : le bois d'Agar et le bois de Santal :
    - Le bois d'Agar (dit bois de Jinkoh) est l'ingrédient le plus noble et le plus précieux utilisé pour la confection de l'encens japonais. Il pousse en Inde, au Bouthan, au Myanmar, au Laos, au Vietnam et en Thaïlande. Il est recherché dans tout l'extrême orient et jusque dans le monde musulman et partout considéré comme la matière aromatique la plus précieuse.



    - Le bois de Santal, originaire d'Indonésie, d'Australie ou d'Inde est également très utilisé dans la composition des encens japonais.
    Outre les composés courants, souvent originaires d'Inde, les encens japonais utilisent des substances qui leur sont spécifiques comme le Haisokoh (racine d'une plante originaire du sud de la Chine), le Kara Mokkoh (racine d'une plante d'Asie occidentale), le Kansho (rhizome d'une plante aromatique de l'est de l'Inde), le Rei Ryokoh (sorte de menthe d'Asie centrale) ou encore le Daioh (racine d'un arbuste du Tibet).

    Le kôdô, cérémonie au cours de laquelle les participants apprécient les fragrances exhalées par les bois parfumés que l'on brûle selon les règles traditionnelles, est un art qui demande une haute spiritualité et une grande culture.


    Il y a deux écoles de cérémonie de l'encens japonais.
    Celle des lettrés, des esthètes qui pratique la cérémonie de l'encens dans la continuité historique de la cour impériale (école Oie Ryu qui descend de Sanjônishi Sanetaka), et celle plus dépouillée des samouraïs et des guerriers (l'école Shino ryu issue de Shino Sôshin) qui attache une importance particulière aux règles de la bienséance.
    A l’origine Vers la seconde moitié du VII° siècle, on se met à utiliser l’encens couramment pour embaumer les pièces d'habitation (soradaki) et pour parfumer les vêtements (ikô), l'âge d'or se situe au X° siècle.

    On se sert, pour ce faire, d'un encens (nerikô) préparé en malaxant une poudre de bois parfumé, des produits aromatiques d'origine animale et du miel, selon un procédé d'origine chinoise. On met au point sa propre formule de composition dont on garde jalousement le secret. De là, se développe une sorte de compétition appelée takimono-awase, dont le vainqueur est celui qui présente le mélange de plus haute qualité.

    Aux XIV° et XV° siècles On commence alors à utiliser directement les bois eux-mêmes, avec lesquels on pratique un autre jeu, le meikô-awase. Il s'agit non seulement de juger des qualités et des défauts des encens présentés, mais également de l'adéquation des appellations qu'on leur attribue en fonction de leur couleur, de leur forme, de leur provenance, ainsi que des références poétiques et littéraires auxquelles ils renvoient.

    Un général du nom de Sasaki Dôyo a pu collectionner de grandes quantités de bois aromatiques et donne ainsi des réceptions où l'on pratique cet art de l'encens, ainsi que celui du thé.
    Il organise pour cela de véritables banquets, accompagnés de compétitions au cours desquelles sont offerts de nombreux prix. La cérémonie des parfums se transforme en réception mondaine et en jeu d'argent.

    Mais bientôt, des amateurs de parfums, des lettrés et gens de culture tels que le shôgun Ashikaga Yoshimasa (1436-1490), le poète Sanjônishi Sanetaka (1455-1537) ou Shino Sôshin (mort en 1522) vont s'employer à relever le niveau de cette cérémonie en sélectionnant les meilleurs bois aromatiques, puis en les reliant à la culture littéraire. De plus en plus raffinés, ces jeux finissent par donner naissance à la "voie de l'encens", le kôdô, un art japonais "total".


    illustration de perles d'encens

    Lorsque l'on utilise qu'une seule essence de bois, la cérémonie est appelée itchûgiki ou kanshôkô, mais l'on pratique le plus souvent celle dite kumikô (fragances combinées), au cours de laquelle on brûle les unes après les autres plusieurs essences, en prenant plaisir aux rythmes et aux harmonies que dégagent leurs fragances. La forme la plus ancienne de cette cérémonie est le jutchûkô (qu'on pourrait rendre par "les dix écoutes", car dans la voie de l'encens, sentir se dit écouter), dont les bases sont jetées vers la fin du XIV° siècle.
    Pour les "dix écoutes", on prépare dis petits morceaux de bois dont les neufs premiers proviennent de trois essences différentes, le dernier d'une quatrième ; une série, donc, de trois, trois, trois et un. On fait d'abord "écouter" un morceau des trois premières fragances, donc trois écoutes, que les participants essaient de mémoriser. On mélange ensuite les fragments restants, soit deux, deux et deux, plus celui de la fragrance que les participants n'ont pas encore sentie, que l'on appelle kyaku (l'invité). On brûle alors ces sept morceaux dans un ordre aléatoire et il faut établir l'ordre dans lequel ils ont été brûlés. Au XVII° siècle, on conçoit divers style de combinaisons et plus de 1000 formes nous ont ainsi été transmises.


    boite d'encens japonaise

    Dans le kôdô, les essences aromatiques sont classées en 5 saveurs et six pays d'origine, mais ce classement, établi par commodité, n'est pas fondé sur des données scientifiques, car les saveurs sont subjectives et la provenance des essences difficile à déterminer exactement. Avec le temps, ce jeu de combinaisons (kumikô) se complexifie tout en devenant de plus en plus formel ; on en tire également un jeu appelé banmono, pour lequel on utilise des statuettes et des figurines représentant par exemple des chevaux.

    Les ustensiles utilisés pour les cérémonies de l'encens sont d'abord des objets très simples : la boîte où l'on met les matières odorantes (kôgô), le brûle-parfum (hitori), les baguettes (kôbashi). Mais peu à peu, ils se font de plus en plus nombreux, se diversifient, et, au XVIII° siècle, on en vient à fabriquer des coffrets contenant une panoplie complète de cérémonie, qui trouvent leur place dans le trousseau de mariage des filles de grands seigneurs féodaux ou de riches marchands.

    Lien pour en savoir d’avantage :
    Encens du Monde

    En guise de conclusion je voudrai remercier notre chère Marcia dont la passion pour l’histoire de l’encens m’a rendu curieux au point de faire des recherches et vous faire partager ce modeste résumé.