• Tezuka Osamu, un pionnier dans l’univers du manga



    Les bandes dessinées dont le narratif constitue le fil principal sont devenus la norme dans le monde du manga, et c’est à Tezuka Osamu que revient la paternité de cette tendance....

    ©Mushi Productions

    Les premières bandes déssinées de Tezuka apparurent très tôt après la guerre. Figure de proue toujours incontestée dans son domaine, il maîtrisa un très large éventail de genre dans la BD et le dessin animé et laissa un nombre impressionant de chefs-d’œuvre à sa mort survenue en 1989.

    Son Astro Boy (Tetsuwan Atomu) est un petit robot chou comme tout évoluant dans un monde futur. Sous son avatar de dessin animé, Astro Boy provoqua bien des remoux dans de nombreux pays. Parmi les autres manga de Tezuka qui devinrent des succès mondiaux, citons Janguru Taitei (Kimba, le lion blanc), la saga d’un lion qui devient roi de la jungle africaine (NDG : Disney en fît une adaption connu sous le titre du roi lion), et Ribon no Kishi (le chevalier de la princesse), histoire d’une princesse dans un cadre pseudo-médiéval d’une Europe de carton-pâte.

    Tezuka a choisi un genre qui présentait des contes de fée fantasques pour enfants et les a remaniés en un medium qui accédait à la puissance d’expression atteinte par les romans et les films. Il se permit même de donner une version manga des sacro-saint classiques littéraires, le “Faust” de Goethe et “crime et châtiment” de Dostoïevsky passèrent à la moulinette.

    Ses sagas en BD nous mettent en contact avec une étonnante variété de personnages qui agissent les uns sur les autres par des voies très complexes et détournées, comme dans une fresque historique. Ses œuvres constituent désormais le fond d’acculturation pour de nombreux enfants. Les jeunes raffolent par exemples des héros et héroïnes de science-fiction dans Big X et Magma taishi, et frissonnent aux monstres et vampires dans vampire, Dororo et autres fantaisies charmantes.

    Mais toutes ces œuvres ne sont pas destinées simplement à distraire le monde. il créa également des chefs-d’œuvres, Bouddha sur la vie de Bouddha, Adolf ni tsugu, qui se penche sur l’énigme que fût Hitler, Hi no tori (le Phœnix), sur les mystères de la vie dans un univers fini, c’est à dire avec un commencement et une fin. Tezuka a utilisé les connaissances glanées à l’université (il possèdait un doctorat en médecine) pour ourdir une histoire d’un docteur hors-la-loi appelé Black Jack. Cette histoire, ou plutôt ce drame, qui dissèque à vif la condition humaine demeure un classique.

    Les œuvres de Tezuka sont donc plus que des histoires fantaisistes que l’on s’amuse simplement à lire, car elles traitent de thèmes qui attireraient l’attention de tout adulte cultivé et réfléchi : le caractère sacré de la vie, l’ineptie des guerres, l’avenir de l’espèce humaine. Il a influencé une très large tranche du genre, désormais consacrés sous l’appellation de manga.

    Je suis convaincue qui quiconque désire en connaître davantage sur les manga devrait commencer par étudier Tezuka Osamu.

    Il nous a laissé une moisson abondante d’histoires avec des thèmes d’un intérêt ubiquitaire pour l’homme. L’immense aspiration, la paix de cet auteur est criante tout au long de son œuvre.

    Aujourd’hui, admirateurs et mordus de Tezuka Osamu révèrent sa mémoire comme le père du manga. Le plus important de son œuvre est désormais disponible dans la collection Tezuka Osamu manga zenshu, publié par Kondansha, Ltd. Solide collection qui se monte à 400 volumes.


    Texte de Yonezawa Yoshihiro pour le magazine Nipponia de septembre 1999.