Vu aujourd'hui le long métrage tiré du manga de Terasawa Buichi, sorti peu avant la série télé qui fit le bonheur des petits Français dans les années 80. Le manga est paru en français et à ce que j'en ai vu est entièrement en couleur.
Comme d'habitude la vie de Cobra (un croisement entre Belmondo et Superman) est remplie de méchants très méchants et de filles nymphomanes roulées commac. N'importe laquelle de ces demoiselles en tenue moulante ferait passer Barbie pour un rikishi et Paris Hilton pour Heidegger. Les méchants font preuve avec constance de l'inefficacité atterrante qui leur sied (sauf le « boss de fin de niveau » évidemment). C'est quand même ahurissant de tirer des camions de cartouches sans jamais en mettre UNE SEULE dans le mille. La direction des ressources humaines des méchants ne doit pas connaître les tests ophtalmologiques, et l'entrainement au tir doit être confié à un ancien Stormtrooper de Star Wars, je ne vois pas d'autre explication. Globalement la psychologie des personnages est d'une épaisseur moindre qu'un préservatif japonais ultra-fin, mais c'est typique du genre. Quand à Cobra il est parfaitement indestructible, même congelé, écrasé, sabré, tout ce qu'on veut : un vrai héros durable et écologique, dans un monde ou apparemment, l'énergie ne manque pas. D'ailleurs tout semble fait en kérosène, prêt à exploser en ravissantes gerbes rouges et oranges. Lady (Armanoïd dans la version française de la série) a une voix japonaise étonnamment douce, contrairement au doublage français qui était finalement bien foutu par comparaison. Elle pratique la musicothérapie sur un orgue électronique à faire baver Jean-Michel Jarre, peut-être en pensant à l'instrument du capitaine Nemo. Une mention spéciale pour le Bouddha spatial, j'en veux un pareil mais pas en vert.
Le générique du début est ravissant et, avec la musique, dégage un délicieux parfum post-seventies. Le scénario est vaguement incompatible avec celui de la série télé, tout comme la conception graphique de certains personnages et du vaisseau de Cobra. Pour le reste c'est très proche et je ne vois pas bien ce que le format film apporte de plus. Je n'ai pas pu m'empêcher de noter le sous-texte : la toute puissance infantile du héros (et son arme ultra-phallique), la présence totalement maternelle de sa compagne androïde (la seule à qui il reste fidèle d'ailleurs), la figure paternelle du méchant empalant les belles sacrifiées, etc. Cobra est représentatif des histoires de super-héros : on ne fait pas plus puéril. Heureusement il y a un peu d'humour qui sauve, mais cela fonctionnait mieux dans la série télé. En tout cas dans mes souvenirs.