Quelles que soient leurs origines ou opinions, le massacre de Nankin constitue pour les Chinois une tragédie dont l’ampleur est comparable à Hiroshima, si ce n’est à Auschwitz[1] . Côté japonais, ceux qui cherchent à minimiser et justifier leurs crimes, voire à les nier complètement, sont encore nombreux. Pour celui qui prend la peine de remonter aux (nombreux)
témoignages dont nous disposons, il n’est pourtant pas si difficile de cerner avec un degré raisonnable de précision les modalités, responsabilités et dimensions de cet événement (notamment le nombre de victimes, point sur lequel les débats sont particulièrement violents).
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Le rôle central du massacre de Nankin dans la guerre sino-japonaise de 1937-45 a malheureusement provoqué,
en Chine comme au Japon, une surenchère idéologique préjudiciable à la vérité historique.
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Par conséquent, une évaluation approximative mais assez raisonnable peut être établie comme suit :
* 25 000 soldats tués au combat, dans la panique, ou morts faute de soins.
* 10 000 soldats ayant réussi à fuir.
* 5 000 soldats ayant réussi à se cacher à Nankin ou dans les environs.
Une fois ces chiffres soustraits des effectifs de départ (un maximum de 100 000 hommes le 12 décembre – 90 000 d’après Chang), il reste 60 000 soldats – ils furent sans doute moins nombreux, disons
au strict minimum 30 000 soldats – qui furent capturés et tués par les Japonais. La plupart d’entre eux furent tués entre le 12 et le 18 décembre : cela représente un Srebrenica (où 7 000 musulmans bosniaques furent tués par les Serbes en 1995) par jour pendant une semaine.
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Nous pouvons donc conclure sans trop de risque qu’un nombre de
12 000 à 20 000 civils furent tués à l’intérieur de la ville de Nankin. Si nous prenons en compte les civils tués aux alentours immédiats de la ville, nous arrivons à 30 000