Une semaine en février au Japon.
Avec beaucoup de retard, je compte vous faire partager une bonne semaine passée au Japon en Février 2007. J'ai écrit ce texte en supposant que le lecteur ne connait pas le Japon, aussi pardonnez-moi si parfois vous trouvez des évidences.
Comme ce post concerne le Japon, il me semble logique de respecter la manière Japonaise de se présenter.
Bonjour.
Je m’appelle Alexandre, j’ai 49 ans,je suis marié, je vis à Bédarieux (dans la région de Béziers), mon travail consiste à dépanner des ordinateurs, mes loisirs sont l’Aikido, la voile et le Iaido.
Heureux de vous rencontrer. Je souhaite que vous soyez indulgent envers moi.
Le paragraphe ci-dessus est une traduction de la manière usuelle de se présenter au Japon (dans la limite de mes modestes capacités dans cette langue).
Vous aurez certainement noté que dans mes loisirs figurent deux arts martiaux d’origine Japonaise*: L’aikido et le Iaido. Je renvoie les personnes intéressées à Wikipédia pour plus d’info sur ces disciplines.
En 2001, j’ai eu l’occasion de partir avec un groupe de pratiquants à Tokyo dans le cadre d’un voyage sportif et culturel, et suis tombé amoureux de ce pays et son mode de vie. Pas obsédé comme un Otaku (terme péjoratif désignant une personne tellement prise par sa passion pour le Japon qu’elle interfère avec la vie sociale), mais curieux d’approfondir plus avant les nombreuses zones d’ombres laissées par ce bref séjour.
Même si je parle l’anglais correctement, j’ai vite compris lors de ce premier séjour que des notions de langue japonaises étaient plus que souhaitables pour pouvoir se débrouiller seul au pays du soleil levant.
J’ai donc commencé fin 2003 à apprendre le japonais avec un professeur retraité de Béziers (15-20 €/H)
Je suis retourné deux fois au Japon, en août 2004 pour un mois, dans une école de langue de Tokyo (ELT), et 15 jours en mai 2006, pour un autre voyage avec un groupe d’Aikidoka.
Cette semaine est donc mon quatrième séjour. J’avais envie de découvrir les montagnes du Japon, et également de voir la manière dont les Japonais organisent les sports d’hiver. J’ai donc cherché sur Internet une ‘resort’, et suis tombé par hasard sur un circuit de huit jours avec un guide appelé ‘snow country of Japan’ dont les dates tombaient pile-poil dans un créneau possible pour moi. Quelques Emails pour réserver une place auprès de l’organisateur, et en avant….
La préparation
Point crucial pour moi*: les communications. Je peux m’absenter quelques jours en laissant le travail courant à mes collaborateurs (surtout en Février, assez creux habituellement), mais il faut quand même que je puisse être joint pour donner des consignes en cas de problème particulier. Lorsque je séjourne à Tokyo, j’utilise mon Laptop avec SkyPE pour garder le contact et régler les cas épineux en télémaintenance (merci UltraVNC…), mais dans ce voyage, j’allais être loin d’internet. Donc j’ai changé mon téléphone pour un modèle 3G, et fait renouveler ma puce (une vieille puce du temps ou Orange s’appelait Itinéris*; c’est dire l’antiquité de la chose*!). L’idée de base étant de voir si je pouvais me passer de louer ou acheter un téléphone pré-payé sur place (environ 6000 Yens/40 € chez DoComo).
L’autre solution possible est de louer sur place à mon arrivée à Narita une PC-Card permettant de se connecter à internet via le réseau 3G japonais, mais le prix (12000 Yens/80 € pour 160 heures) n’est pas vraiment intéressant vu le faible débit de ce mode de connexion.
Passeport à jour, réserve financière suffisante (le Yen est bas par rapport à l’euro en ce moment*: 1€=150 Yens), emballer mes affaires (et surtout ne pas oublier de mettre mon couteau suisse dans la valise, pas dans ma poche*!), peser le sac au pèse-personne (19.6 Kg*: Ouf*!), et en route.
Nota*: Les transporteurs aériens pèsent soigneusement les bagages, et n’oublient pas de surtaxer lourdement tous les dépassements des 20 Kg habituels. Je pense que le jour où un énarque décidera de peser les passagers et surtaxer les ‘lourds’ (qui a dit GROS*!!!), mes 110 Kg bien remplis m’interdiront à jamais l’avion comme moyen de transport. Je sais que l’idée est idiote, mais avec un énarque, on ne sait jamais….
Maigre (*!) consolation dans ce cas, beaucoup d’américains seront mes compagnons d’infortune….
Jeudi 1 février.
9H*: Je passe à ma société pour vérifier une dernière fois que tout est en ordre. Comme la poste locale est encore une nouvelle fois en grève, je prends le courrier pour le déposer à la boîte de Roissy.
Note*: L’une des raisons pour laquelle j’aime le Japon est que jamais un Japonais ne se mettra en grève par risque de mettre dans l’embarras les usagers/clients. Ils ont d’autres moyen de régler les conflits sociaux, à commencer par une forme de coopération entre dirigeants et syndicats (logique de recherche de compromis au lieu d’une logique d’affrontement).
Alors que depuis 15 ans, j’en suis réduit dupliquer TOUS les dossiers devant passer par la Poste car ils en égarent régulièrement, et les délais d’acheminement tiennent plus de la loterie que du service public.
Fin de la parenthèse.
9H30*: Mon voyage commence….. en vélo*! Je reviens de ma société en vélo à la maison, me prépare deux sandwichs, change de vêtements et prend la voiture pour le parking longue durée de l’aéroport de Montpellier. Un petit arrêt à la boutique Orange de Béziers pour faire renouveler la puce de mon portable (trop vieille pour la 3G), un petit arrêt à la boulangerie pour acheter deux sandwichs (cherchez l’erreur*!), et j’arrive largement à temps pour attraper mon avion Montpellier-Roissy.
L’avion prévu à 13H40 ne décolle qu’avec 10 minutes de retard, et arrive à peu près à l’heure à Roissy.
15H20*: Je sors de l’avion
15H40*(*!): Je récupère ma valise. Le temps de changer de terminal, et j’arrive au comptoir d’ANA peu avant 16H. Il y a une grande file d’attente, à 98% des Japonais. File calme, donc.
80 mn d’attente, et j’ai ma carte d’embarquement. Je passe au libraire prendre un journal, et tombe sur un livre britannique finement intitulé ‘A Year in Merde’ (dernier mot en tricolore). Un petit coup d’œil sur la 4ème de couverture m’informe que pour l’auteur, la grève est notre 2ème sport national après le foot. Je n’ai pas de goût pour l’auto flagellation, mais c’est bien vu.
Je me dirige vers le contrôle des passeports.
Il y a une grande file d’attente pour présenter les passeports (20 mn).
Il y a une grande file d’attente pour le contrôle de sécurité (1H). Un seul poste de contrôle pour embarquer quelques centaines de passager, c’est quand même un peu se foutre du monde. A la fin, alors que l’heure de décollage n’est qu’un lointain souvenir, et que la queue devant la zone de contrôle atteint l’escalator, les autorités ouvrent un 2ème point de contrôle, ce qui accélère un peu le mouvement.
Note de lecture*: Si vous le trouvez chez un bouquiniste, lisez donc «*Guêpe*» de Eric Frank RUSSEL. L’analogie avec la situation actuelle devrait vous sauter (oups*!) aux yeux.
Bref, l’avion décolle finalement avec beaucoup de retard.
Le vol
Morne et long. J’avais choisi la compagnie ANA car c’est la moins chère sur les vols directs, les repas sont corrects, le siège un peu juste en confort (peu incliné) mais leur choix de vidéo est nul. Un seul film en Français (Mon ami Flicka), le reste étant des vieux navets américains ou des films TV japonais du niveau habituel de la TV japonaise (tellement nulle que l’on murmure dans les milieux autorisés des forums consacrés au Japon qu’elle pourrait prochainement être classée arme de destruction massive de l’intelligence. Comparé aux programmes japonais, «*le maillon faible*» passe pour un programme d’Arte. C’est dire…)
Heureusement, le vol se déroule entre 20H et 6H (heure française), donc je somnole un peu.
Vendredi 2 Février.
Arrivée à 14H (locale) à Narita. Un peu d’attente à l’immigration, guère plus aux bagages, et me voici à pied d’œuvre. Je mets en route mon portable 3G avec ma puce Orange, et miracle de la technique et des normes internationales, j’accroche immédiatement un réseau opérationnel japonais avec mon Sagem bien français. Une bonne chose, car acheter ou louer un téléphone au Japon prend du temps. Un petit détour à la boutique pour acheter (360 Yens/2€) un embout pour mes prises de chargeur compatible avec les prises japonaises, et j’attends Matt,le guide.
16H*: A l’heure prévue arrive Matt, britannique parlant parfaitement le Japonais et bien le Français, organisateur de circuits pour petits groupes dans divers pays (Japon, pays de l’est, France). Nous attendons les deux autres participants, un couple d’Américain de Los Angeles ayant une soixantaine d’année. Présentations mutuelles, formalités diverses (retrait des JR Rail Pass), puis transfert via le train (Narita Express) à Tokyo.
19H*: Nous arrivons à l’hôtel (Hotel Villa Fontaine de Shiodome). Un bel exemple d’architecture moderne cossue (ascenseurs en marbre*!). Petite connexion Internet dans ma chambre pour embrasser ma femme via SkyPE, élimination des 200 spams quotidiens dans ma boîte aux lettres, dîner au restaurant local (5200 Yens, ce qui est cher pour un dîner, même au Japon, mais vu ma fatigue, je n’avais pas envie de chercher une cuisine plus basique)
Dodo bien mérité, car à mon horloge interne, il est 12H après une nuit «*Mickaël Jackson*»*: pas vraiment blanche, pas vraiment noire*!
Samedi 3 Février :
8H*: Départ de l’hôtel (12000 Yens/80€ la nuit + petit déjeuner moyen).
Métro, puis Shinkansen (le TVG japonais) vers Nagano, au Nord de Tokyo, puis train local vers TogariNosawa Onsen. Transfert en Taxi vers la station (‘resort’) de ski NOSAWAONSEN.
12H*: Arrivée à Nosawa. Check-in au Takei Minshuku . C’est une auberge typiquement japonaise avec des chambres à tatamis, WC/Lavabos sur le palier et Onsen (bain chaud japonais) privé au sous-sol. Dirigée par une ‘Mamie’ japonaise voûtée et souriante, aidée pour la cuisine (délicieuse) d’un personnel probablement de son entourage familial. Problème récurrent pour moi, les pantoufles fournies en remplacement des chaussures (à retirer absolument AVANT de rentrer dans la partie surélevée de l’auberge) sont beaucoup trop petites pour mon pied taille 45.
14H*: On accède au pied des pistes depuis la station par un très long tapis roulant (au moins 1 Km au total) enfermé dans un tube, incliné à 30°. Alternative séduisante au funiculaire existant dans certaines stations d’Europe.
Location des skis*: Aucun problème. Le personnel des magasins parle anglais (pas français, faut pas rêver*!) et dispose de contrats de location avec traduction en anglais. Ils ont toutes les tailles de ski et chaussures disponibles pour les étrangers, et bien sûr l’efficacité du service. J’ai l’impression nette que la faiblesse actuelle du Yen pousse les Japonais à booster un peu le tourisme. Ils font manifestement des efforts pour la clientèle étrangère. Il existe une opération ‘YOOKOSO’ (=’Bienvenue’) ciblée sur Janvier/Février.
14H30*: Petit repas rapide au restaurant local (riz avec cari*:720 yens/5€. Le cari est une sauce épicée), et en route pour une petite après –midi de ski. Pas d’attente aux œufs (gondola en Japonais), même système de passe magnétique, même installations POMA que beaucoup des stations que j’ai fréquentées en Europe.
Nozawaonsen est une ‘petite’ station comparée aux vastes domaines français type ‘3 vallées’, mais dispose du minimum*: Une jolie verte serpentant dans la forêt, une autre très longue et à peine inclinée, quelques rouges bien exposées, quelques noires bien bosselées (dont une que je classe ‘kamikaze’*: 75°, que des bosses*!!! Je ne suis pas mauvais au ski, mais là, j’ai renoncé*!), un slalom olympique (réservé école de ski), et enfin, cerise sur le gâteau, une jolie rouge tracée sur une crête (la ‘skyliner’), mais néanmoins assez large pour ne pas être obligé de la faire en dérapage. La neige est abondante (moins toutefois qu’en Janvier, d’après Matt) et le climat montagnard*: vent pouvant souffler ici ou là, nuages ou ciel bleu.
Egalement un snowpark avec tout ce qu’il faut comme rails et tubes pour prendre de jolies gamelles, et une école de ski bilingue (Japonais/Anglais).
Evidemment, on est au Japon*: Fermeture des remontées à 15H50, fermeture des pistes à 16H30, repas servi à l’auberge à 18H, et une vie nocturne idéale pour les contemplatifs: pas de boîtes de nuit, pas de cinéma, pas de bar à musique, à peine un café minuscule équipé de 2 ordinateurs reliés à Internet.
Par contre, omniprésence des onsens (bain chauds) payants ou gratuits partout en ville. Certaines sources sont tellement chaudes que des habitants viennent y cuire leurs œufs et légumes.
Autre caractéristique de la station, l’eau est abondante et omniprésente. Elle sert en particulier à nettoyer les rues.
A suivre....
Répondre en citant