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Sujet : Les voraces traversent le Japon

  1. #201
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    Dois-je comprendre qu'il n'y a pas de photos de nos plats ? Oooooh...
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    Ce matin le ciel d'Ôsaka à mis son kimono bleu d'azur. Le soleil brille d'un éclat particulier. C'est en effet le dernier jour des voraces au Japon qui vient de se lever. (Je me demande si nous allons en faire une, deux, ou une dizaine de pages supplémentaires dans ce fil...) Le pays entier retient son souffle en attendant l'évacuation des deux rustres qui souillaient par leur seule présence l'harmonie exclusivement nippone des cérémonies du thé, des représentations de , des méditations zen dans les jardins secs, et des beuveries de bureaux préalables aux gracieux concours de vomi sur les quais de gare nocturnes.



    Pour terminer notre bref séjour en beauté, nous avons décidé de profiter du tournoi de sumô qui se déroulait justement à Ôsaka ces jours-là. Nous avions dégoté un guide en la personne de la demoiselle descendue à la même auberge de jeunesse que nous, qui je vous le rappelle s'appelle justement sumô. Non, pas la demoiselle, l'auberge (révisez les épisodes précédents). Or donc, ladite camarade de quasi chambrée se trouvait à Ôsaka précisément dans le but de suivre l'ensemble du tournoi. C'est à dire que les jours précédents, alors que nous traînions nos guêtres par Kobe, Kyôto et Miyajima, elle avait déjà passé la même journée que nous nous apprêtions à présent à passer de concert. Une authentique fan de ce noble art. Personnellement, je pense que pour commencer une fois c'est bien.

    Je n'aurais pas l'outrecuidance d'expliquer aux membres seniors du japon.org en quoi consiste le sûmo. Cependant, comme le disait José Arthur : « Il y a des gens qui ont quinze ans tous les jours. ». Je vais donc donner un aperçu succinct de ce dont il s'agit à l'intention de nos visiteurs les plus jeunes. Le sumô est un jeu de lutte à main nue, pied nu, torse nu et cul nu pratiqué par deux types généralement en légère surcharge pondérale, vêtus seulement du mawashi, un string ultra-solide nettement plus sexy que les immondes caleçons de nos boxeurs. Le but du jeu est de pousser ou de projeter son adversaire hors des limites du terrain, de préférence sur les spectateurs du premier rang qui paient très cher pour ce privilège. Tout cela sous le regard impartial et marmoréen d'un juge arbitre en robe de chambre multicolore -- la classe, il ne lui manque que le cigare. Le match de sumô est le plus souvent bref, voire très bref, ce n'est pas le moindre de ses avantages (vivement le tennis en un seul set). On s'observe, on se jauge, on se tape sur les cuisses, et puis on s'élance... heu non, on ne s'élance pas, on se ré-observe, on se re-jauge, on se re-tapote un peu partout, et cette fois on bondit sur son adversaire, dans une étreinte dont la sauvagerie et les clapotis carnés ne sont pas sans rappeler le moment de bestialité frénétique pendant lequel vous fûtes conçus, mes chers petits.

    Ce point pédagogique fait, revenons-en à notre journée. Nous sommes arrivés tôt, c'est à dire à l'heure où se battent les rikishi mineurs, le déroulement de l'action allant crescendo pour culminer avec les matchs des grosses pointures, puis la danse du grand champion et les cérémonies en tablier (mais sans hache, ce n'est pas la légion). À cette heure matinale, la salle est encore peu remplie, seulement de fans obstinés et de touristes. Nous avons opté tous trois pour les rangs les moins takai possible, c'est à dire dans les coins, au plus loin du petit terrain de terre où se déroule l'action. On voit cependant très bien (c'est tout l'intérêt d'avoir des lutteurs bien en chair), et on peut aller se balader ponctuellement un peu plus près sur les balcons. Il règne sur le tournoi une atmosphère de quiétude et de simplicité à l'opposé exact des rencontres sportives de chez nous. En arrivant, on croise des rikishi en kimono dans la rue, revenant du kombini où ils ont acheté un ou deux petits casse-croûtes, histoire de ne pas faire d'hypoglicémie en plein match, ce serait ballot. Dans le sillage aérodynamique de l'un de ces beaux gosses en peignoir, notre guidesse nous fait remarquer leur odeur sucrée. Et oui, les lutteurs de sumô ont une odeur particulière, le saviez-vous ? C'est parait-il l'huile dont ils enduisent coquettement leur chevelure qui les parfume ainsi. Dans les couloirs de la salle, on en croise en tenue de travail, allant des vestiaires au terrain en toute simplicité. J'aime assez cette proximité avec le public (bien que les champions de fin de journée soient vraisemblablement moins approchables).

    À l'entrée, en payant ses billets, on reçoit un petit dépliant (existe en anglais) racontant tout ce que vous avez besoin de savoir sur le sumô, son histoire, ses règles, son classement, son cérémonial, etc. si vous n'y connaissez encore rien. Vous aurez tout le temps nécessaire pour l'étudier car, bien que les matchs soient courts et enchaînés sur un rythme régulier, la journée va être longue et modérément palpitante. En fait, les moments d'actions sont séparés par un petit rituel chanté et un travail de réfection superficielle du terrain qui doivent bien consommer les trois quarts du temps. Comme dans les genres théâtraux aux représentations interminables, il est parfaitement convenable de manger, roupiller ou aller se promener quand bon vous chante. Il fut un temps, il me semble, où assister aux spectacles occidentaux laissait autant de liberté au public. En revanche, le public du sumô n'est bruyant qu'avec la plus grande parcimonie. N'apportez pas votre corne de brume, votre sifflet et vos pétards, ce n'est pas ce genre de sport. Évidemment, les lieux de tournoi offrent toutes sortes de facilités au spectateur en entracte telles que des boutiques de souvenirs du championnat (pour repartir avec la figurine de votre lutteur préféré, ou pour lui faire autographier ce livret avec photographies qui entend démontrer que les rikishi sont le top du kawaii). En ce qui concerne le bentô cependant, nous avons suivi les conseils de notre initiatrice un brin coincée du yen et l'avons acheté à l'extérieur, avant de prendre les tickets. Les prix sont, comme toujours, plus élevés sur place. En plus du fascicule instructif, nous avons eu droit à une sorte de pochette plastique ornée d'une photo de rikishi, avec de la pub dedans. Notre nippone ébahie n'en croyait pas sa chance, elle l'a même exhibée à la tenancière de l'auberge le soir même. Cela explique un peu que les méthodes de ventes au Japon nous paraissent à ce point dépassées. Chez nous, n'importe quel adolescent pas trop malformé du bulbe se doute que les trucs soit-disant gratuits que l'on nous fourgue en pareille occasion ne sont pas le fruit de la générosité sincère des organisateurs. Apparemment, une jeune japonaise adulte ne comprends pas que le machin moche et inutile que l'on dépose gracieusement dans ses petites mains dodues et tremblantes de reconnaissance ajoute entièrement son coût au produit qu'elle paye.

    Quoi qu'il en soit, le sumô, c'est avant tout une ambiance.

    À suivre...
    Dernière modification de TB, 06/05/2008 à 09h19

  2. #202
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    Talking Les photos (Déjà en ligne...)

    Quelques photos dans le désordre:



    Le petit groupes de jeunes filles (en vert) nous ont visiblement reconnus

    Quant à la miss (fan de Sumo) c'est après le repas qu'elle s'est un tantinet assoupi, attendant l'arrivé des champions.

    Les photos de combat, bin va falloir attendre le prochain texte de TB hè hè hè
    Dernière modification de Heiho, 12/05/2008 à 15h47
    Les gros cu..
    Aie ça pique !
    Et vous, vous vivez sans ?

    Cigares
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    私は他の興味を見つけるために酒を飲む !

  3. #203
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    Thumbs up UP

    UP photo.................................................. ....................

  4. #204
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    J'hésite entre " elle est belle en photo" ou "elle est belle ta photo" donc je vais juste dire que j'aime beaucoup ton dernier cliché (entre autre).
    You Will Learn Respect!

  5. #205
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    Bonjour

    quand à moi j'aime bien les midorichantachi
    波 鳥 空 

  6. #206
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    __________

    Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sumô sans jamais oser le demander

    (En tout cas, pas à deux ignares)

    Cet intermède culturel vous est offert par votre tandem favori de reporters globe-trotters, en attendant qu'ils retrouvent les photos.


    D'après une très vieille légende rurale, la suprématie des Nippons sur la longue décharge sauvage de débris volcaniques qui leur fait office de pays aurait été acquise lors d'un match de sumô opposant deux divinités, Takemikazuchi du côté des vainqueurs et du côté des perdants... on ne sait plus très bien. De toute façon, pour réclamer le même archipel bloblotant, la tribu concurrente ne devait pas avoir d'autre choix côté logement. Elle a dû finir noyée après la proclamation des résultats.

    Ce qui est sûr, c'est que les Japonais pratiquent le sumô depuis très longtemps, en fait depuis plus longtemps que toutes les autres nations, lesquelles souhaitent apparemment faire jouer encore un peu le principe de précaution. Cela explique peut-être que le comité olympique ne soit pas pressé d'introduire le sumô dans les jeux, et surtout pas à l'occasion de ceux de Pékin. Au cours de l'histoire trépidante du Japon, le sumô a été tour à tour ou simultanément un rituel, un spectacle et un entraînement militaire. À certains égards, le sumô est un ancêtre des arts martiaux modernes, les innovations les plus significatives de ces derniers portant surtout sur la modération à table.

    Le match de sumô a lieu sur une petite étendue circulaire de terre appelée le dôjô, au dessus de laquelle est suspendue un toit et quatre pompons symbolisant les quatre saisons. C'est comme cela en général, quand quatre trucs symbolisent quelque chose, c'est les saisons. Ou alors c'est les points cardinaux.

    Le rikishi qui met ne serait-ce qu'un orteil hors du cercle délimité par des bottes de paille à demi-enterrées a perdu. Si n'importe quelle partie de son corps entre en contact avec le sol dans le cercle il a aussi perdu. On fait une exception pour le dessous des pieds, mais certains puristes trouvent que cela dénature l'esprit du sumô authentique. La plupart des trucs rigolos au catch sont interdits au sumô, même la cagoule et la cape de super-héros. Cela donne un air plus sérieux aux rencontres, et d'ailleurs, de toute la journée que nous avons passée au championnat d'Ôsaka, nous n'avons entendu personne crier « Chiqué ! ».

    Il y a six grand tournois de sumô chaque année. Cinq se tiennent dans des villes importantes et un à Nagoya. Le grand vainqueur reçoit, comme dans tous les sports, une abominable coupe même pas propre à servir de vase. C'est la coupe de l'empereur, qui n'en veut plus chez lui et on le comprend. Il y a des prix secondaires : meilleure technique dans la défaite, ambition affichée de bouler les champions installés, et gnaque interstellaire du plus teigneux sous tabasco.

    Le sumô professionnel est un petit milieu de huit cent pratiquants environ, et peut-être le seul sport au monde où les amateurs sérieux pourraient bien être moins nombreux que les pros. Amis bourgeois, si vous souffrez de la démocratisation du tennis et du golf, et bientôt du polo, mettez vous donc au sumô, vous resterez entre-vous encore un bout de temps. L'équivalent du classement ATP s'appelle le banzuke. Calligraphié, c'est très joli à rapporter en poster, mais c'est complètement illisible. On aura plus vite fait d'apprendre à distinguer les coiffures codifiées pour savoir si l'on à affaire à un vrai champion balése ou à une lopette débutante. C'est une distinction très importante si l'on veut racketter des rikishi.

    Allez, Cognac-Jay, envoyez les photos.

    À suivre...
    Dernière modification de TB, 18/05/2008 à 21h33

  7. #207
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    Par défaut It's a small world

    Si je ne m'abuse, le numerus clausus pour le monde du sumô professionnel (NSK) est limité à 900 personnes, toutes fonctions confondues.
    Pour plus d'informations: http://www.info-sumo.net
    (la référence francophone du sumô)

  8. #208
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    Merci de la précision. Le chiffre de 800 est tiré du fascicule distribué lors du tournoi d'Ôsaka. Il n'est pas précisé s'il s'agit d'un numerus clausus ou du nombre de pratiquants effectif à ce moment précis.

  9. #209
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    Ci dessous quelques clichés faite à Osaka.





    En dernier si je ne me plante ce doit être le Yokusuna (le champions des champions)

  10. #210
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    Par défaut Précisions

    Tu te plante un peu, en effet. Il s'agit de "yokozuna" et deux rikishi possèdent actuellement ce rang. Celui de la photo est Asashôryu Yokozuna.
    Il vient de terminer le basho (tournoi) hier avec un modeste 11-4, comme Hakuho Yokozuna. Le vainqueur (14-1) est au rang inférieur, il s'agit du Bulgare Kotooshu Ozeki.

    Pour toutes autres informations, un seul site (le meilleur): http://www.info-sumo.net

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