Le Japon se dote d'un véritable ministère de la Défense
TOKYO - Les députés japonais ont approuvé un projet de loi visant à doter le pays d'un véritable ministère de la Défense, pour la première fois depuis 1945. Ce service doit remplacer l'actuelle Agence de Défense.
Cette initiative, largement symbolique, traduit la volonté de Tokyo de se "normaliser" sur la scène internationale, défendue par le Premier ministre Shinzo Abe, après plus de soixante ans de pacifisme officiel.
La principale force d'opposition, le Parti démocrate du Japon (PDJ), a rejoint les députés du Parti libéral-démocrate (PLD, droite) au pouvoir pour voter en faveur du projet de loi. Le texte doit encore être approuvé par le Sénat d'ici la fin de la session parlementaire, le 15 décembre.
Créée en 1954, l'Agence de Défense est placée sous le contrôle direct du Premier ministre. Elle est actuellement dirigée par Fumio Kyuma, qui a rang de simple secrétaire d'Etat. La nouvelle loi lui accordera le rang de ministre à part entière.
L'approbation quasi unanime du texte par les députés "est une bonne chose, car le Japon doit tenir son rang sur la scène internationale avec un véritable ministère", s'est félicité le secrétaire général du PLD, Hidenao Nakagawa, qui a rendu hommage à l'opposition pour avoir avoir adhéré au projet.
L'article 9 de cette Constitution, imposée par l'occupant américain en 1947, spécifie que le Japon "renonce pour toujours à faire la guerre", et n'a donc pas besoin d'entretenir une armée combattante.
Cet article empêche les "Forces d'autodéfense", qui disposent pourtant d'un des budgets militaires les plus élevés du monde (environ 32 milliards d'euros), de participer à des opérations de défense collective, comme les activités de maintien de la paix à l'étranger.
M. Abe, un nationaliste, s'est engagé à terme à réviser la Constitution afin d'accroître les prérogatives des soldats japonais, qui pour le moment n'ont pas le droit de tirer le moindre coup de feu sauf dans des cas très strictement définis de légitime défense.
Toutefois, la volonté de réforme constitutionnelle de M. Abe et de la droite nippone pourrait inquiéter les voisins du Japon, Chinois et Coréens, qui disent craindre la résurrection du militarisme nippon dont ils ont eu à souffrir au siècle dernier.