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un lien (en japonais) Mr Shiotsu Akio ( Tresor national)
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Entretiens
Être acteur de Nô aujourd'hui

Entretien avec Akio Shiotsu

Propos recueillis par Gilles Campagnolo


Présentation


Né en 1945, figurant aujourd'hui à l'inventaire des « Biens culturels nationaux vivants » au Japon et ayant effectué plusieurs tournées internationales, Akio Shiotsu est un représentant majeur de la scène théâtrale Nô. Cette forme de théâtre tient selon lui autant de la danse que de l'opéra, et l'acteur se considère certainement comme un danseur, en ce qu'il obéit à une chorégraphie, toute de lenteur et de majesté (ce que nous traduisons par « jouer une pièce » se dit ici « ma.u », c'est-à-dire plus proprement « danser »), plutôt que comme un joueur de théâtre acteur d'un texte sur lequel il produit, et parfois improvise, un « jeu », au sens classique du terme en Occident - et encore moins au sens du drame moderne. Tout le Nô se joue en un sens dans la présence de l'acteur-danseur - la photo en couverture de ce numéro le montre, mais il faut assister au spectacle.


Outre cette proximité avec une danse cérémonielle, Akio Shiotsu souligne l'importance du répertoire le plus classique de son art, en opposition aux versions modernisées du Nô, celles avec lesquelles le public francophone a pu faire connaissance à partir, notamment, des Cinq Nô modernes de Yukio Mishima À la différence d'autres formes de théâtre dont la plus spectaculaire est sans conteste le kabuki, dont les pièces « historiques » regorgent de décors et de « machines » (dans le même sens que le terme avait dans le théâtre occidental classique) tandis que les pièces modernes (de l'époque d'Edo - du XVII ème au XIX ème siècle) constituent un théâtre que nous appellerions « bourgeois » ou bien romantique, le répertoire classique du Nô n'a pas changé depuis ses fondateurs Kan'ami (1333-1384) et Zeami (1363-1443 ?), et c'est cette base originelle qui donne sa stabilité à l'art qui a traversé les siècles.



Cette stabilité a eu, par ailleurs, un aspect sociétal, voire politique, dans l'histoire du Japon, qu'il est utile d'interroger, notamment au regard de la question de la relation parfois établie par les spécialistes du Japon entre Nô et culture politique impériale, voire impérialiste, du Japon. La question du Nô est celle de la position de l'art traditionnel dans le Japon d'aujourd'hui, et au-delà, elle permet de mettre en perspective l'aura contemporaine de la culture japonaise dans le monde dans ce qu'elle a précisément de plus profondément historiquement autochtone et, en apparence, par conséquent de moins « exportable ». À cet égard, se pose en retour la question des choix devant lesquels se trouve le Japon (devenu le deuxième exportateur mondial de biens culturels - manga, cinéma d'animation, etc.), après les États-Unis, de savoir à quel point la culture qu'il propose est aussi pour autrui.



Nb : la totalité de cet entretien est disponible dans la version papier de Cités.
disponible a Paris ,librairie Vrin place de la Sorbonne 75006 Paris