Page 1 sur 3 123 DernièreDernière
Affiche les résultats de 1 à 10 sur 21

Sujet : L'éloge de l'ombre

  1. #1
    Senior Member
    Inscrit
    mars 2005
    Lieu
    déménagé de paris
    Messages
    758
    Merci
    0
    Remercié 0 Fois dans 0 Messages

    Par défaut L'éloge de l'ombre

    Bonjour,

    On en a légèrement parlé dans le poste sur l'auteur, mais j'aimerais que l'on se focaliser sur le livre "L'éloge de l'ombre". La raison pour laquelle je procède ainsi, c'est que j'ai récemment rencontré plusieurs Français pour qui c'est la littérature japonaise par excellence. Quant à moi, je l'ai lu en japonais il y a longtemps et en français il y a 1 ans.

    De fait, je propose une discussion libre, coordiale, constructive, enrichissante.

    Qu'en dites-vous? Pourquoi un tel intérêt pour ce livre de la part de certains Français? Ou plutôt un desintérêt, puisque certains ne parlent que de Murakami Haruki ou d'autres auteurs contemporains? Pour ceux l'ont lu, quelle est l'interprétation personnelle de cette œuvre? Comment le considérer à l'ère post-industrielle ou l'ère d'informatios? Quel est le rapport avec d'autres domaines culturels, tels que la poésie, la peinture, la philosophie, le cinéma, l'architecture? Quelque influence sur d'autres auteurs, comme Borges?



    keya, qui est sous l'ombre sans éloge

    PS: J'espère avoir bien formulé la relance de débats…
    En m'avançant dans le sentier de montagne, je me dis ainsi…

  2. #2
    Senior Member
    Inscrit
    mars 2005
    Lieu
    déménagé de paris
    Messages
    758
    Merci
    0
    Remercié 0 Fois dans 0 Messages

    Par défaut

    hum, pas de réaction… soit personne s'intéresse à l'ombre, soit j'ai dû mal formuler la relance de débats…

    keya, qui est élogé seulement par l'ombre

  3. #3
    Modérateur Avatar de TB
    Inscrit
    août 2002
    Lieu
    Paris
    Messages
    1 138
    Merci
    1
    Remercié 4 Fois dans 3 Messages

    Par défaut

    Peut-être que personne ne l'a lu ? (Je ne l'ai pas lu.)

    Ou peut-être qu'il faut lancer le sujet « à la française » :

    « Tanizaki, est à l'évidence le meilleur écrivain japonais de tout les temps. Vous pouvez remballer vos Murakami et vos Kawabata »

    Ou bien :

    « Tanizaki c'est nul, d'ailleurs je n'ai lu que Mishima »

    Un exemple pratique ici.

  4. #4
    Senior Member
    Inscrit
    mars 2005
    Lieu
    déménagé de paris
    Messages
    758
    Merci
    0
    Remercié 0 Fois dans 0 Messages

    Par défaut

    …et pourtant ceci :

    http://www.lejapon.org/forum/threads...chiro-Tanizaki

    Quant à moi, je tends plus en plus à raisonner que la notion d'ombre est le mot-clé pour appréhender la contemporanéité. En d'autres termes, lire l'éloge de l'ombre est lire le présent. Cela n'est pas une fascination aveugle, ni la japonitude gratuite, mais une attitude objective et scientifique envers les observables phénoménologiques.

    Je vois paradoxalement le dénominateur commun de l'Europe et de l'Asie, la passerelle entre différents arts, le meilleur traducteur entre une modernité et une ancienneté. Pour le moment, je ne peux formuler ces constats de façon tangible, car je viens de commencer d'approfondir cette problématique. Puisque j'ai vu deux Françaises qui ont élogé ce livre et le probléme traité là-dedans, je pensais qu'il y en a d'autres ici. Mais peut-être, je me trompe …

    keya, en train de noyé dans l'ombre d'éloge
    Dernière modification de JM, 10/08/2013 à 08h44

  5. #5
    Senior Member Avatar de grazou
    Inscrit
    mars 2006
    Lieu
    94
    Messages
    141
    Merci
    0
    Remercié 0 Fois dans 0 Messages

    Par défaut

    bonjour,

    je n'ai pas lu ce livre, mais dès ce week end je pense le prendre, le sujet etant, à mon humble avis interessant c'est avec un certain plaisir que je veux en debattre.

    donc Keya, pour ma part il faudra attendre quelque jours pour que je puisse répondre à ton sujet.

    Par contre tu auras une nouvelle fois un avis de francaise.

  6. #6
    Senior Member Avatar de nishi
    Inscrit
    septembre 2003
    Lieu
    Au coeur de la Mediterranee, a apprecier le soleil en toute saison...
    Messages
    517
    Merci
    0
    Remercié 1 Fois dans 1 Message

    Par défaut

    Pour moi un traite d art est intemporel (et donc legitime a toute epoque). Etant donne qu il s agit bien de cela ici l interet demontre par certains est parfaitement comprehensible, comme d ailleurs l indifference que d autres ont, et cela du a la nature de l oeuvre.
    Tout le monde (ou presque) a lut une fois dans sa vie les fleurs du mal de Baudelaire. Qu en est il de ses ecrits sur les salons artistiques du 19 siecle?
    Pour ce qui est des influences qu il a pu exercer, j avoue attendre le post de quelqu un de plus competent en la matiere, personne ne me venant a l esprit... D ailleurs a ce propos, moi qui suis un grand fan de Borges, j aimerai bien que tu m explique ce que tu retrouve chez lui qui te fasse penser a Tanizaki.

  7. #7
    Senior Member
    Inscrit
    mars 2005
    Lieu
    déménagé de paris
    Messages
    758
    Merci
    0
    Remercié 0 Fois dans 0 Messages

    Par défaut

    Borges fut un écrivain aveugle, qui devait travailler à l'aide d'une lectrice pour ses productions littéraires. De ce fait, il avait une appréhension particulière sur ce qu'est l'absence de lumière, telle que l'ombre, l'oscurité, la nuit, etc. Comme preuve, cette problématique donna lieu à quelques titres : Historia de la noche (1977), Siete noches (1980), Elogio de la sombra (1969) pour ne citer que ceux-ci. Le dernier titre est d'autant plus frappant que la même expression que le livre de Tanizaki est attribué. A l'instar de Jacqueline de Romilly qui, après avoir pervu la vue, décrit des couleurs et lumières à merveille, le témoignage de Borges semble, ma foi, porteur d'intérêt particulier.

    Maintenant, n'étant point littérataire, je ne suis à même d'établir une passerelle entre Borges et Tanizaki. Borges se réfère-t-il directement à Tanizaki? l'A-t-il lu ou apprécié? Quelle est la différence entre ces auteurs quant au rapport à l'ombre? etc. des questions banales qui s'enchaînent…

    Mais ce qui m'intéresse personnellement, ce n'est pas la question de Molyneux, mais pluôt ceci : d'une part la place de la culture dans l'apprénhension de l'ombre, et de, l'autre, la question classique de l'art, à savoir la perception — plus particulièrement, la perception spatiale — et son rapport à la culture.

    Le traité peut être intemporel, mais son influence sur la société est variable. Je me place à ce niveau.

    keya, ombragé de façon élogieuse

  8. #8
    Senior Member
    Inscrit
    mars 2005
    Lieu
    déménagé de paris
    Messages
    758
    Merci
    0
    Remercié 0 Fois dans 0 Messages

    Par défaut

    Développons la thèse de Europe-Japon dans l'art contemporain. La notion d'ombre n'est pas étrangère aux artistes européens — je pense à La Tour mais aussi Goya, Chardin — ; la photographie depuis l'expérience de L.J.M.Daguerre, plus tard le cinéma, inventa un procédé de représentation qui s'appuie sur lumière et ombre.

    Plus récemment, elle est explorée par les artistes italiens Alberto Burri, Joseph Beuys, Arte Povera dans un sens assez japonisant. Celui-ci est lié quelque part à la temporalité et à l'exitence (ou Dasein, avec allusion à Heidegger). Claudio Parmiggiani est sans doute un des exemples les plus illustres. On voit cette déclaration-ci sur une des installations.

    Parmiggiani a écrit :
    « C'est une œuvre qui désire le secret, le silence, et de voiler de mystère. "Mystère", je le sais, est un mot difficile à prononcer, presque hérétique, mais il s'agit d'une force d'une présence enracinée dans l'essence même de l'être. Secrète, car c'est dans l'obscurité qu'il faut conduire le regard de celui qui observe. Silencieuse, car le silence est aujourd'hui une parole subversive puisqu'il est un espace méditatif. »
    Musée Fabre, Montepellier, 23 mars 2002.

    N'y a-t-il que moi qui y lise un espace japonais à la Tanizaki?

    On dirait que l'ombre a pour le rôle de modifier la signification du sujet dans la représentation, de part la mise en scène spatiale, sujet rendu atemporel, médiatif, singulier, tout comme dans l'ikebana ou la cérémonie du thé.

    keya, qui aime aussi le fromage italiano

  9. #9
    Senior Member
    Inscrit
    mars 2005
    Lieu
    déménagé de paris
    Messages
    758
    Merci
    0
    Remercié 0 Fois dans 0 Messages

    Par défaut

    Un tel écho se trouve également dans le monde germanique. Peut-être inutile de le rappeler, une partie du Japon se montre fort germanophile. Cette "Freundlichkeit" est quelque part reciproque. Entre autres, celui a découvert l'esthétique de l'architecture japonaise fut un Allemand, Bruno Taut. Mais l'éloge de celui-ci, semble-t-il, concerna la proportion du Palais de Katsura, et il n'a pas abordé la spatialité proprement dite.

    Le climat de cette Europe centrale se caractérise par la parcimonie de la lumière, le culte de la forêt, la résilliance face la pluie, la longue ombre de chaque être.

    Je trouve une telle ambiance dans un récit d'Arthur Schnizler, écrivain viennois. Par exemple :

    « Je repose à l'ombre des grands hêtres, dont les branches s'abaissent comme accablées par l'air lourd de cette journée ; de temps à autre j'entends non loin d'ici les pas des personnes qui traversent le sentier de la forêt. Je ne vois personne, car, immobile, je plonge mes regards dans l'éther. Un clair rire d'enfant sonne à mes oreilles, mais le silence qui m'environne absorbe tout bruit, et au bout d'une seconde ce rire éteint semble déjà infiniment loin. Je ferme les yeux et j'ai quelques instants plus tard, en les rouvrant, la sensation d'avoir dormi une nuit entière. Dans cette ambiance de silence et de paix je perds pour ainsi dire la notion du moi, et je cesse d'être réellement pour m'incorporer entièrement à la nature. »
    "Die Frau des Weisen" ("La femme d'un sage", tr. fr. par D. Auclères, in "La pénombre des âmes", pp. 240-241, 1984)

    Partant de l'ombre, ce passage décrit le devenir des états d'âme du narateur, jusqu'à l'assimilation de son existance au néant, qu'est la nature. Ici, le sujet s'efface devant la nature.

    Comment concilier l'hypothèse avancée à propos de Parmiggiani, hypothèse selon laquelle le sujet se met en scène, et l'absence du sujet schnizlerien ? Une possible thèse serait la vision anti-anthropocentrique, dans la mesure où Parmiggiani attribue une âme à des êtres non humains alors que chez Schnizler, c'est l'être humain qui abandonne sa légitimité existentielle. C'est peut-être l'effet même de l'obscurité par rapport à tout être.

    keya, ein Weise ohne eine schönes Frau

  10. #10
    Senior Member Avatar de nishi
    Inscrit
    septembre 2003
    Lieu
    Au coeur de la Mediterranee, a apprecier le soleil en toute saison...
    Messages
    517
    Merci
    0
    Remercié 1 Fois dans 1 Message

    Par défaut

    Putain keya tu tripes!

sujet d'information

Utilisateur(s) parcourant ce sujet

il y a actuellement 1 utilisateur(s) parcourant ce sujet. (0 membres et 1 visiteurs)

Règles des messages

  • Vous ne pouvez pas créer de sujets
  • Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
  • Vous ne pouvez pas importer de fichiers joints
  • Vous ne pouvez pas modifier vos messages
  •  
  • Les BB codes sont Activés
  • Les Smileys sont Activés
  • Le BB code [IMG] est Activé
  • Le code [VIDEO] est Activé
  • Le code HTML est Désactivé