Ce n'est pas le laminage des deux à sept parties que peut compter une lame de sabre que je rapproche du "Damas" moderne, c'est du laminage préparatoire de l'acier. Les forgerons japonais n'avaient pas de haut-fourneaux à coke pour faire leur acier. Ils construisaient un fourneau en argile (tatara), y mettaient du minerai de fer et du charbon de bois, faisaient chauffer du mieux qu'ils pouvaient pendant quelques jours, puis récupéraient... pas grand chose d'exploitable (de l'ordre d'un dixième du total). L'acier (tamahagane) que l'on obtient par ce procédé est médiocre : farci de scories et d'une teneur en carbone aléatoire et inconstante. Pour fabriquer les futures parties qui composent la lame, le forgeron commençait par trier l'acier produit en fonction de sa teneur en carbone... comme ça, au jugé. Ensuite il se faisait des briquettes pour chaque partie, en sachant que la moitié du matériau serait perdu au cours de la fabrication. Chaque pièce était chauffée à la forge, martelée, étirée, puis pliée en deux. Et on recommençait, jusqu'à obtenir de 3000 à 30000 couches, selon la pièce et selon la recette de la maison. En fait pour obtenir un peu plus de 30000 couches il suffit de plier en deux 15 fois, ouf ! Au cours de l'opération les scories sont chassées par le martelage, et les laminages successifs de l'acier sur lui-même tendent à en homogénéiser la teneur en carbone, mais pas complètement. C'est pour cela que ces lames ont un "grain" (jihada).
On en voit diverses variantes sur le lien que j'ai donné précédement. C'est seulement après ce travail d'amélioration de l'acier à "l'huile de coude" que l'on peut attaquer la fabrication de la lame proprement dîte, dont le laminage des pièces entre elles.
Pour ce qui est de trouver un forgeron francophone qui fabriquerait des tsuba suivant les méthodes traditionelles japonaises... je me demande si une telle personne existe !