Syndrome du retour Japon vers France
Bonjour tout le monde!
Voilà, après ces mois passés au Japon, je m'apprête à retourner en France en début février.
Perso je sens déjà la déprime me guetter mais voilà, j'aimerais savoir si certains d'entre vous ont des "retours" à raconter, comment ils l'ont vécu et tout ça.
Bien sûr, je ne m'adresse pas à ceux qui sont partis en vacances mais ceux qui y ont vécu, en tant qu'étudiant, WH ou autre...
J'attends vos récits avec impatience
ah la vache, tu commence à me faire déprimer...
Oui, le retour est parfois difficile. Voici le témoignage édifiant d'un membre du site, blogger assidu de ses périples nippons, dont je respecte cependant le droit à l'anonymat dans ses moments de dépression post-Japon :
lundi, novembre 22, 2004
"L"
Eh oui, c'est le lundi L. Mon premier lundi à Paris après un mois et demi au Japon. Mon organisme est encore à l'heure Japonaise puisque je me suis réveillé à minuit. Il faut dire que j'ai plutôt mal dormi, sur le tapis de la salle de bain. Au cours de mon absence deux familles sans logement se sont installées dans mon appartement, le croyant vide. Les uns sont congolais, les autres sont albano-estoniens. Ou peut-être letoniens. Le décalage horaire m'avait collé une migraine terrible, je n'ai pas réussi à leur faire comprendre l'erreur. Ils ont été très gentils, très hospitaliers. Le dongo-dongo se marie bien avec le faszle, et après ma cure de cuisine japonaise, cela change agréablement. Je me suis régalé !
Je ne sais pas comment je vais pouvoir décaper le sol sous la marmite.
mardi, novembre 23, 2004
Un beau jour, ou peut-être une nuit...
Je me suis encore réveillé à minuit. J'ai essayé d'aborder le sujet de mon logement avec le chef de famille albano-lituanien, mais j'ai failli réveiller ses enfants, sa femme, sa mère et son neveu. Vaine tentative également avec le chef ivoirien. Même le grand tremblement de terre que les Tokyoïtes redoutent ne pourrait le faire sortir des limbes.
Bon, je suis allé me promener, redécouvrir un peu ma ville endormie. Au détour d'une rue j'ai rencontré un clochard penché sur le trottoir. Nous avons noué la conversation. Il m'a affirmé être américain, mais c'est douteux car son accent est on ne peut plus parisien et son vocabulaire anglais se limite à "oh yeah". A la fin nous avons sympathisé, ce qui m'arrive rarement avec un américain. Il a alors soulevé la plaque de fonte EDF/GDF sur laquelle je l'avais trouvé, me révélant un trésor de bouteilles, de conserves et de vieux bouquins. Il m'a expliqué que lui et ses copains ont de telles cachettes dans tous les quartiers de Paris. De l'alcool et des livres rangés sous les trottoirs... Je ne verrai jamais plus les rues pareilles.
Nous avons trinqué en lisant un peu au hasard Appolinaire, Rabelais, Bataille... Arrivé à Péguy j'ai compris que j'avais dépassé le raisonnable, et je suis reparti vers ma "colocation" en titubant.
J'ai assez bien dormi dans le lavabo, la baignoire étant déjà occupée par une douzaine de poules.
mercredi, novembre 24, 2004
Je passe à la télé
Il faut vraiment que je me remette à l'heure française. Si seulement je pouvais retrouver le radio-réveil.
Au levé du jour j'ai réuni tout mon petit monde pour faire le point sur la situation. On venait à peine de commencer la palabre que les gens de France 3 ont sonné à la porte. Comme je suis celui qui s'exprime le mieux en français, je me suis fait le porte-parole de mes hôtes, normal. Je me suis surpris à adopter un ton très militant que je ne me connaissais pas. A la fin j'ai voulu corriger le journaliste : non, je ne suis pas le président de Droit Au Logement. Il a éclaté de rire et m'a indiqué le jour de passage de l'émission. J'espère que d'ici là nous aurons récupéré une télé. Sassou m'a promis de s'en occuper.
jeudi, novembre 25, 2004
Magie, astronomie, etc.
Cela ne peut plus durer. Mergim, le père de la famille croate (car ils ne sont pas ukrainiens finalement), trouve que je ferai un beau parti pour sa fille cadette Rinesa. Certes, j'ai passé du temps avec Rinesa, qui m'a appris la vannerie. C'est incroyable ce qu'une activité manuelle peut vous détendre. Je leur en suis très reconnaissant mais, dans ma symbolique de Français, tresser des paniers ensemble n'engage à rien que je sache. Heureusement Mama Fatou va utiliser sa magie pour les faire changer d'avis, à l'aide des poils de ma brosse à dent et d'une vieille photo de collége. Si elle a autant de talent qu'en cuisine, l'affaire est réglée.
Je dors merveilleusement bien sur le toit de mon immeuble. Là, aux heures nocturnes où je suis éveillé, j'assiste à la séance d'observation du comité "Bienvenue aux Vénusiens". Ils m'ont montré le point lumineux de la soucoupe vénusienne qui se dirige vers la Terre. En effet quand on le regarde assez longtemps, on se rend bien compte qu'il grossit à vu d'œil. Dire qu'ils se réunissent au dessus de chez moi toutes les nuits depuis plus de trente ans, et je n'en savais rien. En apprenant que j'ai des notions de japonais, ils m'ont immédiatement nommé interprête officiel, pour le jour où la soucoupe atterrira. Je leur ai proposé de nous habiller tous en maneki-neko désormais, et ils ont été enthousiamés par le concept.
vendredi, novembre 26, 2004
Quelle soirée !!!!!!!!!!!!!
Cette nuit personne n'a dormi car nous avons fêté l'initiation de Sassou, mon petit préféré, le môme le plus déluré de la bande toutes nationalités confondues. C'était l'occasion pour moi de voir de près les rites de scarification qui ne rendent pas grand chose dans les reportages. C'est plutôt amusant et convivial. Même si j'attrape un rhume je n'aurai pas de problème pour me moucher : c'est très facile à retirer et à remettre.
Mes tchétchénes ont sorti une bouteille d'eau de vie maison pour arroser ça, et mes sénégalais ont bourré de jolies pipes sculptés avec des herbes de chez-eux. A ce stade de la soirée j'ai commencé à me sentir bien, à apprécier l'ambiance pas du tout "parisienne" justement. On a dansé comme des fous au rythme du djembé et du kazachok. Je tenais une forme incroyable. J'ai chanté à tue-tête tous les tubes de Mini-moni, très surpris de m'en souvenir mot-pour-mot. Comme on avait sonné à la porte et que j'avais un peu la tête qui tournait, j'ai bétement ouvert la porte du placard. Là, j'ai mis une longue minute à réaliser. Figurez-vous que la porte de mon placard donne directement dans Shinjuku. Si j'avais su je n'aurais pas pris JAL, je serais parti à pied. Tant pis, ce sera pour la prochaine fois. Pendant ce temps des kitsune en uniforme et képi sont entrés. Ils voulaient m'emmener à une autre fête. J'ai du leur expliquer en japonais que ça ne se fait pas de laisser ses invités, mais ils n'ont pas eu l'air de comprendre. Ça m'a rendu vraiment triste, de rencontrer des kitsune sourds. Tellement triste que je me suis mis à pleurer toutes les larmes de mon corps en me disant que je ne trouverai jamais des cours de langue des signes japonais abordables à Paris.
Je ne sais pas pourquoi, depuis que je suis rentré j'éprouve une réelle difficulté à reprendre contact avec mon quotidien.
Alors là, bravo pour ce texte !
Clap-clap-clap ! :lol:
Serait-ce le début d'une nouvelle ou d'un roman ?
Si c'est le cas et que le recit est de la même veine, que l'auteur court immédiatement chez un grand éditeur parisien. Je vous fiche mon billet qu'il fera un malheur ...
Autre chose : pourrais-je le citer et l'exporter dans un forum littéraire ?
Tout en précisant qu'il est de Blogger ...Merci !
Je trouve ça un peu bizarre que tu dises ça, tu n'avais pas l'air de te plaire beaucoup au Japon - comme quoi les impressions sont trompeuses-.Perso je sens déjà la déprime me guetter mais voilà, j'aimerais savoir si certains d'entre vous ont des "retours" à raconter, comment ils l'ont vécu et tout ça.
J'en connais pas mal qui ont déprimé en revenant d'un pays étranger - mais c'est souvent lié à une histoire de coeur-. De mon côté ça ne m'a jamais posé problème de revenir en France. Déjà parce que quand on revient d'un long séjour, la famille est au petit soin pendant une semaine. Je crois que quelques petits trucs peuvent éviter de déprimer.
En général je dors peu la veille de mon départ, je ne dors pas dans l'avion comme ça à l'arrivée je suis suffisamment cassée pour dormir et récupérer le rythme français. Dans l'avion j'en profite pour lister toutes les choses que j'ai envie de faire à mon retour - pas la liste des courses mais je pense à des choses qui me font plaisir qui m'ont manquées les gens à voir, les lieux à retrouver, et toutes les activités que j'ai envie de commencer. Je refais le film de mon séjour aussi. Toutes les poisses qui après coup te font rigoler.
Ensuite une fois rentrée j'essaye d'être bien active les premières semaines pour ne pas trop regarder en arrière... et en général ça passe tout seul...
Le mot départ ça veut dire partir mais aussi commencer une nouvelle page
Ouais, mais après la première semaine, franchement c'est dur, le manque se fait sentir, et tu commence à réfléchir par quel moyen il te sera possible d'y retourner...Envoyé par KoYuBi
J'avoue que comme Koyubi l'a souligné, je me réjouis à l'idée de retrouver mes amis, mon Paris, ma famille aux petits soins, pouvoir trouver des vêtements à ma taille...
Mais au bout d'une semaine ça va être le bad!
Retour en France implique: râleur, insécurité (j'habite près de Sarcelles...), paperasse qui traîne, désorganisation totale...Bref, tout ce qu'il n'y a pas au Japon et qui fait que je me sens bien ici.
Si tout va bien, je requitte la France dans les 2 mois qui suivent néanmoins...
Au lire de tes post j'avais vraiment l'impression que tu ne te plaisait pas au Japon.... donc je sais pas trop quoi te dire.... .
Perso a chaque fois que je rentre en France, je me sens très mal, pas chez moi et constament "énervé".
Rentrer 1 fois par an 10 jours maxi, ça me suffit largement.
Ce n'est pas que je me plais pas au Japon, très loin de là, c'est que je déteste BEPPU!!!
Pour ceux qui ne comprennent pas, je propose une escale, pas deux jours parce que là tu fais les onsen et tu kiffes mais VIVRE là bas. Là vous comprendrez je crois
Salut Clubbeuse et vous autres, c'est Fujijana de retour, vous vous en fichez?je comprends, no problem!
Bref, je l'ai vecu 2 fois ce fichu retour!
Conseil 1: ne te fait pas de film comme ca où tu t'imagines deja mal vivant ton retour! Avec une quasi certitude que ca va l'etre, c'est sur que tu t'assures un billet pour la deprime!
Conseil 2: enchaine avec quelque chose des que tu reviens, occupe toi le ciboulon, cherche appart ,boulot, passe des exams, sais pas mais ne reste pas chez toi!
Conseil 3: si tu as un projet precis tu n'auras pas la deprime, on deprime quand on ne sait pas ou l'on va! Alors on bouge son derriere et on positive! OK????
Gros Bisous
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