Souvent oublié par les historiens de l’art mérovingien et seulement considéré comme une technique, le «damas soudé» mérite le titre d’art. Il s’agit des motifs géométriques symétriquement organisés (lignes parallèles séparées par des bandes de chevrons, de volutes, etc.) qui, après restauration, sont visibles sur les lames d’épée et sur quelques flammes de lances de l’époque mérovingienne. Des travaux de laboratoire et des expérimentations ont permis d’étudier et de reconstituer cet art de la forge qui ne fut parfaitement maîtrisé qu’à l’époque mérovingienne, la mode des damas s’estompant à l’époque carolingienne.
Le damas soudé peut être considéré comme une variante sophistiquée du «corroyage», technique consistant à forger des barres de fer soudées pour constituer l’âme à la fois résistante et souple d’épées, de scramasaxes, de lances ou de haches, dont les tranchants étaient rapportés par soudure. Des barres de fer doux et carburé, disposées alternativement, étaient soudées, martelées, puis torsadées, selon le damas que l’on voulait obtenir. Trois ou quatre des barres ainsi obtenues étaient à leur tour juxtaposées, soudées et forgées jusqu’à l’obtention d’une lame dont les tranchants étaient rapportés par soudure. L’ensemble était soigneusement meulé, puis poli. On procédait ensuite au «mordançage» de la lame en la trempant dans un bain d’acide, ce qui révélait alors seulement le décor damassé, mis en évidence par les nuances du métal: blanc pour le fer et noir pour l’acier.