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Sujet : Arts dits martiaux

  1. #1
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    Par défaut Arts dits martiaux

    Bonjour,
    Le judo est arrivé en France et en europe il y a environ cent ans
    Le karaté lui est arivé il y a 50 ans.
    ont suivi l'aikido et tout le reste.
    A quoi pensez-vous que cette mode est dûe.
    - Exotisme
    - Culte du corps
    - besoin d'un certain ésotérisme etc...?
    Attention je parle de la motivation et l'engoûement du monde pour les sports ou disciplines de combat, pas du ki ou autre techniques spirituelles inhérentes à la pratique de ces disciplines


  2. #2
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    Par défaut Toujours la mode

    Je considère que l'exotisme a joué un rôle indéniable dans le succès des budo en occident.
    Concernant le karate, après en avoir longuement parlé avec des grands anciens, c'est la recherche d'efficacité (supposée ou réelle, chacun jugera) qui a assuré la diffusion de l'Art Martial d'Okinawa. Le judo était déjà largement implanté mais le karate a apporté des nouveautés qui ont séduit les pratiquants de la première heure.
    Concernant la recherche d'ésotérisme, je crois que le kung fu a bénéficié de cet engouement dans les années 1970. Ce fut le cas de façon très claire aux Etats Unis et, dans une moindre mesure, en France.

    Quoiqu'il en soit les effets de mode perdurent dans le petit monde des budo et sports de combat de toutes origines. Je me réfère ici au ninjutsu dans les années 80 (vague internationale) puis aux Arts Martiaux philippins au début des années 90 (plus aux Etats Unis qu'en Europe eu égard à des liens historiques privilégiés). Enfin le tout début de la décennie a vu l'explosion sur le marché (sic) du taekwondo et du jujitsu dit brésilien.
    J'aurais pu citer d'autres effets de mode moins médiatisés mais néanmoins réels observés depuis un quart de siècle.

    Ces modes sont dues à plusieurs facteurs dont, selon mon idée, la recherche effrénée de la nouveauté. Certains se sont montrés d'excellents commerçants pour vendre leur produit.
    Le cinéma est un auxiliaire de poids dans ce phénomène (Cf: "ninja craze" des années 80 outre Atlantique puis en Europe).

    En tant que vieux pratiquant de karate je reste satisfait de constater que mon Art Martial favori réussi bon an mal an à conserver sa stature. Au delà des modes, il faut essayer de préserver la richesse et la diversité des budo modernes.

    J'espère, ANGAKOK, avoir répondu à ta question. Désolé si je me suis éloigné de ton idée de départ.

  3. #3
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    C'est en effet une des directions,
    mais il y a surtout chez nous de race blanche un culte du corps omniprésent et une tyrannie d'un lobby mediatico-cosmétologue que nous supportons et à laquelle nous obéissons, je me souviens d'un article de Florence Braunstein que je vais vous soumettre.
    D’autres conséquences découlent des précédents constats. La première est d’avoir abouti, grâce à des données nouvelles et mieux maîtrisées, à une meilleure gestion de l’entraînement, à une meilleure compréhension des techniques elles-mêmes. En fait, ce souci de perfectionnement rend compte du besoin occidental d’avoir recours, pour tout ce qui est entrepris, à la notion d’efficacité.

    La seconde découle de la précédente, d’avoir pour cette raison peu à peu perverti les Arts Martiaux en sport, en y introduisant la notion de compétitivité. Nous savons que lorsque les techniques sont privilégiées, c’est souvent au détriment du développement du sujet.

    D’autres tiennent au sens même des Arts Martiaux devenus complexes, puisqu’ils s’avèrent être à la fois l’héritage de traditions millénaires en Asie et un pur produit en voie d’institutionnalisation du monde occidental. Alors, comment rendre compte de cette paradoxale combinaison de deux univers, celui de la tradition et du progrès, d’une rencontre entre une éthique guerrière préoccupée d’efficacité martiale etune spiritualité philosophique, le Zen, transposée dans nos sociétés occidentales au XXe siècle ?

    Si les Arts Martiaux ont bénéficié d’un développement aussi important, c’est aussi parce que la place accordée au corps à notre époque s’est considérablement accrue et parce qu’ils répondent aux mêmes attentes que celles du sport.

    Si les Arts Martiaux se sont imposés si rapidement, c’est en tant que formidable outil pédagogique à l’image du sport, formateur du corps et de l’esprit, selon les « diktats » politiques et sociaux propres à notre époque. Mais c’est aussi parce que lesrelations au corps se sont tellement diversifiées, multipliées, que nous avons fini par basculer dans l’apologie de la corporéité et que nous avons fait souvent des Arts Martiaux des moyens de le mettre en valeur. Le corps en est ainsi parvenu à constituer une valeur de référence supérieure à l’homme lui-même, pour ne plus être aujourd’hui que la seule.

    Nous avons deux corps parce que notre origine culturelle est double. Des Romains, nous avons reçu un corps matérialiste « que l’on a » et que l’on habite, des Grecs, un corps « que l’on est »(1). La modernité par le biais de la désymbolisation a fait du corps le fossoyeur de l’âme. Nous le traitons maintenant comme une machine à rentabiliser les efforts. Le pratiquant d’Arts Martiaux a suivi en cela l’évolution du sportif. Il n’habite même plus son corps, il l’exploite. Ce dernier est devenu un instrument subordonné pour s’auto-valoriser, éblouir les autres, bref, une monture à fouetter.

    Le corps dans les années soixante-dix devait être avant tout naturel. C’est toute une période de retour à la nature qui caractérise les dix années qui les précèdent. Puis, le corps est réintégré dans des contraintes, des normes culturelles. Il est objet de soins attentifs, de fausses libertés : la discipline, l’aspect éducatif y sont moins véritablement recherchés que le ludique. Un véritable jeu de rôle social autant qu’individuel y est mis en place peu à peu. Les sociologues parlent alors du « vécu corporel ».

    Un corps à soi pour les autres

    Aujourd’hui, le paraître devient souvent ce qu’il faut être, la seule idéologie est celle de l’esthétique. Le monde des entreprises ouvre et exploite largement l’idéologie du samourai, sa performance, son efficacité, qu’elle souhaite voir adopter par tous ses cadres. Les Arts Martiaux dans les années quatre-vingt-dix sortiront du Dôjô pour être utilisés comme fer de lance dans le monde du travail.

    L’adepte d’Arts Martiaux teste son corps comme une machine dont on veut cerner à tout prix les véritables limites, surtout lorsqu’il vise les compétitions, et il entre en ce sens complètement dans le monde du sport. Le monde des entreprises a vu dans cette façon de procéder le moyen radical de mettre à l’épreuve à la fois l’endurance, la résistance physique etpsychologique de ses cadres, mais aussi de les préparer à une guerre économique où les combattants sont aussi les assaillants.

    Les résultats sont rarement positifs, car, au lieu de faire des individus pleinement épanouis, aptes à prendre des décisions, les meilleures décisions, en quelques mois, les personnalités les plus solides se trouvent brisées. Ainsi, n’est-il pas faux de dire que, dans cette optique, le corps dans les Arts Martiaux est vécu bien souvent comme une machine bien entretenue qui doit le montrer. Ainsi l’habileté, l’endurance du corps peuvent-elles être perçues dans ce cadre comme un élément de sociabilisation.

    De même, les sociologues se sont aperçus que les blessures, les coups, les hématomes reçus renforcent l’adhésion du groupe et prennent presque la signification de marques initiatiques. Cela permet de dire que les pratiquants utilisent davantage « le corps qu’ils ont » que « le corps qu’ils sont ».

    Seulement, il devient plus difficile d’appliquer réellement la leçon que nous laisse l’Extrême-Orient à ce sujet. Le corps n’y est pas envisagé pour l’entraînement comme une mécanique nerveuse, pas plus que la conscience n’est une pure fonction de représentation. Il constitue surtout le « moyen général d’avoir un monde » et, pour ce faire, l’homme doit être à la fois conscience et corps.

    Un corps à initier ?

    Pourtant, les Arts Martiaux ont maintenu aussi leur statut de pratiques initiatiques, puisant dans le profane et le sacré les éléments nécessaires à une conduite, un mode d’être. Ils ont prouvé également « que l’ésotérisme est efficace, vous devez le gagner (le combat) en retournant la force de l’adversaire : preuve que l’ésotérisme est réversion, preuve que l’Aïkido ne repose pas sur la force brutale, mais sur une puissance spirituelle »(2).

    Malheureusement, en devenant l’objet d’affrontements agonaux, ils se sont défaits peu à peu de leur vrai sens originel pour devenir de simples techniques d’attaque et de contre-attaque. Leur adaptation au mode de vie occidental s’est faite, petit à petit, en prenant une tournure sportive vouée à la compétition. Il y a eu déformation de l’héritage initial, une réinterprétation de ce qui a été transmis.

    De toute façon, même si les conditions de leur retransmission ont été faussées - les cultures font des sélections quasi-darwiniennes de ce qui les intéresse - nous n’avons pas davantage pu reproduire le contexte nécessaire à leur enseignement. Nous avons imposé consciemment et inconsciemment nos rites, nos rythmes, notre imaginaire, nous éloignant chaque fois davantage des véritables réalités du bujutsu.

    Nous avons de plus en plus institutionnalisé tout un rituel hybride,complexifiant et esthétisant de plus en plus les techniques de combat, les situant à mi-chemin de notre société en mal de nouvelles valeurs et d’une Asie désireuse d’effacer toute trace de martialité. La mise en place de tous ces symboles a contribué aussi à créer une dichotomie dans notre esprit entre bujutsu et budô, qui a refusé d’y voir une filiation directe.

    D’où le malaise grandissant pour certains pratiquants qui voient l’entrée des Arts Martiaux dans le monde du sport comme le résultat d’une nouvelle rupture(3). Que l’on se souvienne de l’histoire du sumo tour à tour envisagé comme jeu, comme spectacle, comme art de guerre. Il y a eu là une évolution, une continuité.

    La déstabilisation réside surtout dans les exigences différentes demandées entre pratique traditionnelle et compétition. De là découlent aussi les questions sur le problème de l’efficacité des techniques, des disciplines elles-mêmes. L’efficacité s’avère liée à la qualité et à la quantité d’entraînement que s’impose le pratiquant et à sa faculté d’anticiper n’importe quel type de situation dans lequel il peut se retrouver.

    Nous avons donc posé le problème de ce qu’était l’efficacité occidentale par rapport à celle de l’Asie qui s’impose continuellement comme un allant de soi.

    Florence Burstein pratique les Arts Martiaux depuis plus de quinze ans (Karaté et Iaïdo), presque autant que l’enseignement en Classes Préparatoires, HEC et Math sup /spé en tant que professeur de culture générale et de lettres. Elle fait partie d’un grand nombre de jurys d’entrée aux Grandes Ecoles. Elle est l’auteur d’environ 25 livres, essais, romans, etc. Elle dirige une collection à l’Harmattan intitulée « Le corps en question ».

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