Seconde Guerre mondiale: le Japon déplore le mal infligé mais se garde de parler d"agression"
TOKYO (AFP) - Les députés nippons ont adopté mardi une résolution déplorant une nouvelle fois les "souffrances" infligées par le Japon aux pays asiatiques, mais sans faire mention d'"agression" comme auparavant, à la veille du 60ème anniversaire de la fin du la Seconde Guerre mondiale en Asie.
"Nous regrettons profondément les énormes souffrances causées par les actions de notre pays durant une certaine période du passé aux peuples d'Asie et aux autres pays, et nous offrons à nouveau nos sincères condoléances à toutes les victimes", affirme la résolution.
En revanche, le texte ne fait aucune référence à "la férule coloniale" du Japon ni aux "actes d'agression" qui figuraient dans une résolution similaire adoptée il y a 10 ans, pour le cinquantenaire du 15 août 1945.
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"Il faut regretter le fait que nous devions toujours regretter le passé", a estimé l'ancien ministre du Commerce Takeo Hiranuma, cité par l'agence de presse Jiji.
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Lors d'un sommet Asie-Afrique en Indonésie en avril dernier, en pleine crise sino-japonaise, le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi avait explicitement mentionné les mots de "colonialisme" et d'"agression" pour désigner l'expansion japonaise en Asie dans les années 1930-40.
En août 1995, à l'occasion d'un discours historique, le Premier ministre socialiste Tomiichi Murayama avait regretté "la domination et l'agression coloniale" du Japon ayant "causé des dégâts et des souffrances incommensurables aux habitants de nombreux pays, en particulier les pays d'Asie".
Le Japon a présenté à maintes reprises des excuses publiques, mais ses voisins --la Chine et les deux Corées en particulier-- estiment qu'elles manquent de sincérité.
Peu après le vote de la résolution, M. Koizumi s'est dit "résolu à contribuer à la paix et à la prospérité du monde" en réitérant la volonté du Japon de rejoindre les cinq membres permanents actuels du Conseil de
sécurité (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine et France).
Cette grande ambition diplomatique se heurte à la vive hostilité de Pékin.
La Chine, grande rivale régionale, argue que le Japon ne s'est pas suffisamment repenti des atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale pour prétendre à des responsabilités accrues sur la scène internationale.
Séoul s'oppose également à la candidature du Japon pour les mêmes raisons.