Voila, je dois dire que j'ai hesite avant de placer ce post dans la rubrique Culture-Societe contemporaine. Si je m'ecoutais je l'aurais expressement mis dans Japon Pratique, figurant qu'il faut plus aller a cette exposition comme l'on ferait des genuflexions par devoir plutot que par interet.
Donc, extremment decu de la 万国博覧会 (bankokuhakurankai)autrement dit de cette exposition universelle qui s'inscrit plus dans la continuite spirituelle d'un Dysneyland Resort plutot que d'une exposition parisienne du siecle dernier et qui reste encore dans les memoires.
Le fait est que le theme reste fichtrement maladroit etant donne la contradiction flagrante qui choque le visiteur : une orgie de metal de bois et des moyens enormes avec une machinerie de services et de boutiques fleurant bon le parc a theme autour du theme justement de la preservation des ressources naturelles, de l'environnement ainsi que la generation d'une pensee autour d'un biotope reflechi pour l'humanite.
On est bien loin du theme et on se demande qui pense a quoi a part vendre des parfums, des huiles massantes ou des fois, des objets qui n'ont rien a voir (comme des berets pour la France ou des chocolats en forme de montagne pour la Suisse. Pour le coup, bien decu par deux pays qui ont pourtant toute mon affection).
Je dois dire que je ne remarquais meme plus les boutiques a la fin mais je crois ne pas dire de betises en disant qu'au Pavillon Argentin, point n'en ai vu ( bon, le tango ne servait a rien mais il avait l'avantage d'etre sublime).
Je me disais donc : mais pourquoi ce theme ? cela aurait-ete plus facile et plus credible de choisir : productions et techniques de ventes du monde, ou mise en valeur de produits simili-terroire par des multinationales ? Je n'ai pas de reponse, peut-etre la question est-elle male posee mais je reste ouvert au debat.
Toujours a propos du theme, l'installation dans son ensemble me paraissait plus nuire a l'environnement qu'a le valoriser. Les japonais ont certe l'habitude me dit-on de replenter derriere eux ce qu'ils coupent, mais je me demande bien ne serait-ce qu'au point de vue energetique, de la masse journaliere des dechets accumules, de la quantite pharamineuse de materiaux polluants (que les informations officielles cachent mais que l'on voit tout de suite sur le site), comment cela peut-il etre coherent avec la preservation de l'environnement naturel? Je crois que si l'on demandait l'avis de la foret aux alentours, il serait bien different de celui des organisateurs et des mascottes la representant (la foret).
Enfin, je ne critique pas l'exposition universelle sur le principe (quoique mais c'est un autre debat), mais parier sur ce theme etait un suicide, une gageure courrue d'avance : le souci de la preservation des ressources et du milieu est antithetique d'avec les moyens modernes qu'engage une exposition pharaonique, malgres tous les efforts qu'ils ont pu faire (je vous raconte pas le tri a la sortie des restos et snacks, un minimum de 7 ou 8 poubelles pour des elements que vous n'auriez jamais pense separer un jour !).
Tiens a propos des snacks quand meme, lorsque on voit les sommes astronomiques qu'il faut debourser pour manger une glace ou une moitie de sandwich sur lequel on a foutu du chedar, et qu'on nous interdit de ramener des bentos (petites confections japonaises pour les dejeuners et/ou diners) parceque "cela pourrait pourrir, produire des germes et nuire a notre sante", on a vraiment l'impression d'etre pris pour un con. (ca pour le coup c'est typiquement japonais, la societe se permet certains types d'intrusions dans votre vie privee qui peuvent choquer un francais je pense, car cela est pour son bien, et souvent cela est vrai, c'est a dire que tout le monde pense a votre bien ! Bon ne pas faire de generalites...)
Enfin, petit dieze a apporter a ce discours, le pavillon francais. Je n'ai pas eu l'occasion de les visiter tous, en un jour c'est plutot difficile vous me le concederez. Petite fierte donc nationale, car par-dela des bacchanales environantes, une modeste salle projetant un film sur les murs et le plafond a emporte mon adhesion ce jour-la. L'air de rien, ce petit film bien monte et qui pourrait ressembler a n'importe quel documentaire dramatisant les effets pervers du gaspillage, de la surconsommation et de la recherche aveugle d'une croissance dont on ne connait que la dimension sonnante et trebuchante, ce petit film donc parceque engloutit dans cette marre aux dollars, je le salue en tant qu'exception francaise qui ressort tel un radeau de la meduse en pleine tempete. J'en ai vu pourtant des documentaires, slogans ecolos de toutes sortes, tirant toujours sur la sonnette d'alarme jusqu'a rompre la corde, et j'en suis presque blase mais je dois dire que, ne m'attendant pas a ca en entrant dans la salle apres les deceptions precedentes, je suis ressortis avec un noeud a l'estomac. Et les japonais ne sont pas epargnes dans l'observation pas du tout militante, simplement la plus objective possible (nous parlons quand meme d'une production filmee, c'est dur d'etre completement objectif). Nippons donc mitrailles a la deuxieme place des consommateurs macrophages du monde apres les Etats-Unis. Le cote shinto et tout le tralala en prend un coup, c'est sur. Etaye de statistiques (oui les statistiques mentent mais c'est pour ton bien), de pensees d'auteurs et de philosophes reconnus pour leur visions larges et englobantes, de messages subliminaux sur fond de danseurs executant un mix que je n'ai pas reussi a demeler entre danse hip hop, theatre-danse et contemporain. La France dans sa vanite heritee des lumieres, dont je ne peux etre que fier de vouloir donner des lecons a tout le monde et de se preocuper du sort du monde comme si c'etait le sien, nous enjoint a penser en dehors de nos carcasses, choses que plusieurs siecles de developpement de l'individualisme rend bien difficile a concevoir ( Jurgen Habermas a ecrit la dessus, je vous le recommande, comme dans "L'espace Public").
En gros, le message est le suivant : si la terre est une propriete c'est celle de nos enfants.
Ne detournez pas les yeux vers les lumieres de Babylone lorsque la moitiee du monde vie dans la merde la plus noire.
Et si vous pouviez en plus d'arreter d'etre hypnotise par les desirs et amusements couteux pour le monde que vous vous creez, essayer d'eviter de piocher dans les reserves et les biens de ce meme monde comme l'on piocherait ahuris la bouche ouverte dans le pop-corn au cinema en en foutant en plus partout a cote, ce serait deja une belle chose de faite.
Voila en tous cas ce que moi j'en ai deduit, et je remercie presque l'expo d'etre ce qu'elle est car ce petit film m'aurait peut etre moins touche dans un autre contexte.
C'est fini, mais j'espere bien que de personnes pensent differement de moi, sans ca il n'y a pas de sport.
Je termine en remerciant le gouvernement italien de m'avoir inviter a cette exposition mais surtout a partager un banquet (c'etait le jour de l'Italie) lors duquel j'ai pu me goinfrer la larme a l'oeil de toutes les bonnes choses que j'ai l'habitude de manger dans ce beau pays (pour le coup, il n'ya pas eu de gaspillage ce soir la mais le pop corn etait quand meme bien remplit ). Mais surtout, grand merci a Icebreak qui a ete un vrai prince et m'a offert en plus d'un toit une tournee des bars avec Sherina memorable a Nagoya et un repas chez Toto (mon dieu j'aime cet endroit, et la poitrine de porc etait succulente). Pour le coup, l'a assure et on s'est bien fendu la poire (petit message perso : Tu verras pour Maiko, tu verras.... :lol:, mais les infirmieres de 36 ans il faut que j'arrete, surtout au white russian!! ) alors que mes finances etaient au plus bas.
A plus !