Le ton ne s'apaise toujours pas entre la Chine et le Japon. Après les actes de malveillance commis contre les intérêts nippons à Pékin sur fond de contentieux historique, les autorités chinoises ont sèchement "pris note" hier de la demande d'excuses formulée par l'archipel. Elles ont également cherché à retouner la situation en se plaignant auprès des autorités nippones d'un acte de vendalisme qui a visé une banque chinoise à Yokohama.
Mais c'est surtout l'appel au boycot des produits nippons qui inquiète le gouvernement japonais. Le Japon profite amplement de la vigueur de la croissance chinoise pour stimuler la sienne qui a connu une brève récession technique en 2004. Alors qu'en 1990, les investissements directs des entrepreneurs nippons en Chine ne représentaient que 1% du total des flux sortant de l'archipel, ils en représentaient 5% en 2002. Les deux pays sont devenus au cours de ces dernières années économiquement interdépendants : leurs échanges commerciaux ont atteint 165 milliards d'euros en 2004, hissant la Chine au rang de premier partenaire commercial du Japon (20,1% de son commerce global).
Un boycot pourrait affecter de nombreux secteurs clés pour les industriels nippons : les machines, les semi conducteurs, et tout particulièrement les composants électriques, s'avèrent être les exportations les plus appréciées de la Chine. Mais les industries traditionnelles telles que la sidérurgie, l'aluminium, les engins de chantier profitent également largement du boom de la construction de l'Empire du Milieu. Certes, les bouffées d'exaspération chinoises ne sont pas une nouveauté.Mais dans un passé encore proche, elles n'avaient guère d'autres répercussions que politiques, à Tokyo. Surtout Pékin et Toyo peinent à régler un autre litige qui concerne, lui, l'exploitation des ressources naturelles en mer de Chine.
(La Tribune 13 avril 2005)