La culture.

Une boite americaine accorde de facon generale plus d'importance aux competences qu'au diplome (pas dans l'absolu, mais relativement a d'autres pays, la France notamment...). Une boite japonaise peut aller fouiller plus loin, dans des classements, meme nationaux, de l'ecole duquel un candidat est issu. Ou alors elle essaiera de se renseigner sur le type d'ecole, sur le genre de jobs que les gens qui en sortent exercent, etc. Elle rassemblera beaucoup d'informations. Bien souvent, pour les candidats japonais, la reputation de l'ecole est LE sesame: les entreprises preferent miser sur la formation interne, si elles pensent que le type fera un bon job a long terme. Qu'il ait un diplome en chimie organique alors qu'on lui demande de gerer la logistique d'une usine n'est pas un frein absolu, contrairement a la France ou un tel cas de figure, en depit de ce que peuvent raconter parfois les recruteurs, ne se produira quasiment jamais.
La boite americaine t'interrogera elle precisement sur ce que tu sais concretement faire, sur ce que tu as fait avant. Bien evidemment, n'importe quelle boite fera une distinction entre un Harvard et un "Community college", mais toutes choses egales par ailleurs, chaque pays a sa culture de recrutement et de formation. Un manager americain pourra te demander "describe a work-related situation where you had to take a risk and how did you manage to ensure success". Je vois moins le manager japonais demander ca.

Ensuite, il y a aussi la provenance de ce diplome vis a vis de la nationalite du recruteur: si tu es francais, cherche un boulot au Japon, mais que tu es diplome d'une bonne universite americaine, tu toucheras sans doute mieux un recruteur americain, qui se sentira en terrain connu, compare au meme candidat mais diplome d'une universite canadienne, singapourienne ou meme japonaise de niveau un peu pres equivalent (la comparaison du "niveau" etant souvent difficile).

Par ailleurs le regard sur l'esprit d'equipe ne sera pas le meme: les americains sont plus individualistes et privilegieront les personnalites "qui en veulent", les japonais auront a coeur l'integration dans l'equipe existante du nouvel arrivant.
Si j'en reviens au diplome, la dimension culturelle peut etre directement decisive: je lisais recemment une interview de la doyenne (americaine je crois!) de la business School de l'universite de Hitotsubashi, qui disait que les MBA au Japon etaient encore souvent - meme si cela changeait lentement - associes a la "cupidite", et les grandes entreprises rechignaient a engager un jeune et brillant detenteur de MBA par peur qu'il ne la joue trop perso. A l'oppose de cette vision, les entreprises americaines raffolent de ce type de formation.

Je cite la quelques exemples, je te conseille entre autres la lecture du livre de Olivier Demussat ("Comment les japonais travaillent"), ancien de chez Renault et qui a travaille sur la fusion avec Nissan. Pour la partie americaine, je m'appuie en partie sur mon experience personnelle puisque je travaille aux Etats-Unis.



Je dirais enfin qu'en dehors de l'Ivy League, d'Oxford et Cambridge, plus le top 20 des MBA du FT, le nom du diplome fait beaucoup, beaucoup moins que le grade (licence, master, doctorat, ou en tout cas le nombre d'annees d'etudes), les performances en entretien et les eventuelles recommandations de reseau dans la plupart des pays.
Meme si polytechnique parlera peut etre a un recruteur japonais plus que Telecom Paris, cela lui parlera parce qu'il l'aura vu dans un classement au detour d'un article, mais dans le meilleur des cas cela le rassurera, il se dira que le candidat ne sort pas de "nulle part". Mais admettons qu'il ait eu a bosser avec un type des Mines de Nancy qui etait tres bon, et bien le candidat qui a la chance de sortir des Mines de Nancy sera dans sa tete en avance sur l'X. La "reputation" c'est tout ou rien: soit le type connait vraiment l'ecole, a bosse avec des anciens eleves et/ou le nom est tellement reconnu que cela confere immediatement une avance importante, soit il en a juste deja entendu parler, et cela aura un impact minimal sur la decision finale.
(Bien entendu il y a des secteurs ultra pointus et concurrentiels ou les japonais et les americains connaissent sur le bout des doigts toutes les formations possibles dans tous les grands pays, mais ce sont des cas bien particuliers).


En guise de conclusion, je pense qu'il faut toujours se mettre dans la peau du type qui essaye de savoir a qui il s'adresse. Imaginez vous en recruteur dans une boite francaise, vous voyez arriver des japonais, des canadiens et des chinois sur un poste. Comment allez-vous departager les deux ou trois gus qui ont l'air de plus ou moins avoir le meme genre de formation? L'entretien sera decisif, a defaut de pouvoir etablir un classement clair sur le papier, on l'etablit en fonction de l'impression qu'une personne nous donne.