Dans ce forum nous ne parlons que très rarement du théâtre japonais. Celui-ci est d’une grande richesse, mais parfois un peu difficile d’accès. Pourtant, une représentation de nô, ou kyôgen reste une expérience extraordinaire, qui mériterait d’être tentée au moins une fois. J’ai assisté à une représentation de nô et de kyôgen au théâtre de Nagoya en septembre 2002, et cela reste un souvenir inoubliable. Le but de cet article est de faire une présentation sommaire du théâtre japonais et de donner quelques pistes de lectures (n’hésitez pas à compléter cette liste sommaire)

Les 4 principales forme de théâtre classique du japon sont le nô (drame lyrique créé au 14e siècle), le kyôgen(intermède comique du nô), le bunraku (théâtre de marionnette créé au 17e siècle) et le kabuki (semblable à l’opéra comique, également créé au 17e siècle).

Il est relativement facile de trouver des livres relatifs au nô et au kabuki, mais des livres sur le kyôgen sont plus rares il me semble. Voici 2 références :



- Nô et kyôgen 2tomes (printemps – été et automne – hiver), traduction de rené sieffert aux presses orientalistes de France. Il n’est plus besoin de présenter rené sieffert qui propose dans ces 2 tomes de 600 pages environ une explication assez complète du théâtre japonais et un échantillon assez important de pièces classiques.
- Kyôgen, éditeur « l’arbre de jessé » de kunjiro handa et mieko matsumoto. Ce petit livre propose la traduction de quatre pièces du répertoire classique du kyôgen.

Je ne résiste pas en guise de conclusion de vous citer un extrait du livre de nicolas bouvier « chronique japonaise » (que je conseille fortement), relatif au nô :

… Une châtaigne pétant sur la braise, un grillon furibond chantant dans la farine font –ils de la musique ? En écoutant la première fois celle du nô, je me suis posé la question. Outre le cœur des récitants, une flûte traversière et deux tambours en forme de sablier constituent tout l’orchestre. Lorsque le livret l’exige, on ajoute un tambour plus gros. Il faut voir ces deux tambourinaires, leur instrument posé sur l’épaule ou les genoux : au prix d’un grand effort, la main droite se détache de la peau, les doigts se crispent, la pomme d’Adam monte et descend, toute l’attitude suggère une tension intolérable qui se défait en un faible gémissement. Puis la main retombe, mais ce n’est pas à tous les coups qu’elle frappe, et quand elle frappe, c’est faiblement, avec des doigts de laine. « rien de trop », voilà ce qu’au 15e siècle a écrit Zeami qui est un des fondateurs du nô. Parfois un cri presque animal, une sorte de « yooooup ! » étranglé, précède le son du tambour. Ce mélange incongru ne fait pourtant pas rire. Le plus étonnant est que ces musiciens aux allures de suppliciés, ces récitants immobiles, doigts serrés sur l’éventail, qui vous décochent par rafales un texte que je ne comprend pas, cette musique si lente, si péniblement arrachée possède un tel pouvoir incantatoire, une magie si souveraine que l’auditeur étranger, à peine revenu de sa stupeur, est proprement « emballé », emporté par plus fort que lui dans l’espace nocturne et raréfié du nô.
J’étais mal disposé pourtant : quelques « connaisseurs » et raseurs ésotérisants m’ayant gâché le plaisir à l’avance en m’assurant qu’ignorant comme je l’étais je ne tirerais rien du spectacle (avez vous déjà bu une bouteille avec un connaisseur en vin ? C’est un supplice). Prévenu donc et sur la défensive, mais passé une demi-heure j’étais enlevé à moi même par la qualité que j’attendais le moins de ce théâtre : la puissance