Schématiquement, j'ai le sentiment que l'attitude qui prédominerait chez un occidental lorsqu'on évoque des problèmes réels de son pays serait plutôt, s'il estime que la critique est fondée "oui, le gouvernement est assez mauvais de ce point de vue là" sans que cela n'entache sa fierté patriotique éventuelle; alors qu'un asiatique, en tout cas un japonais selon mon expérience, se sentirait plus directement visé, tendance "ouh là je ne veux pas parler de ça, c'est un sujet délicat", même s'il n'est pas forcément en désaccord avec vous sur le fond.
Je vois là une différence avec le classique "un asiatique ne dit jamais non".
Il y a un ou deux ans je discutais avec une bonne amie japonaise, et je lance un pavé dans la mare en évoquant la discrimination au Japon, non pas relative aux étrangers mais "intra-muros": les burakumin par exemple. Connaissant sa tendance plutôt progressiste, je n'avais pas l'impression de faire du rentre-dedans du genre "ben didons vous autres c'est pas joli joli avec les minorités" mais plutôt de lui demander son avis sur la question. Elle m'a marmonné quelque chose comme "hmm moui, c'est dommage, c'est pas bien" mais je ne la sentais pas prête du tout à critiquer ouvertement la chose ou à s'engager dans un long
débat sur la question. Pendant quelques minutes j'ai senti un léger froid, et cela s'est arrêté là. Vous arrive-t-il souvent d'éprouver une pointe de frustration si vous sentez que vous ne pouvez aborder certains sujets épineux?