Au Japon, elle est l'un des secrets de
séduction de la
geisha, qui offre aux regards son port de tête altier et sa nuque courbée en offrande. Il n'est pas un haïku érotique qui ne l'encense. Dans Manuels de l'oreiller. Erotiques du Japon (Philippe Picquier), Jacques Cotin décrypte les
estampes coquines d'Utamaro ou de Hokusai, datant de la fin du XVIIIe, où, commente-t-il, «l'érotisme des courtisanes se livre dans l'élégance d'une nuque ployée. C'est un procédé esthétique pour, métaphoriquement, mettre la femme à nu». Agnès Giard, spécialiste du Japon et auteur de L'Imaginaire érotique au Japon (Albin Michel), explique que, à l'ère d'Edo (1616-1868, «le visage est sacralisé au point qu'il devient tabou. La geisha cache son visage donc dévoile sa nuque, et la libido s'en trouve déplacée vers ce petit espace vallonné. La nuque, là où perle la sueur, devient synonyme des émotions, voire des émois et même de l'orgasme, lorsqu'elle est saisie de soubresauts». Considéré comme très érogène, l'arrière-cou «doit être une étendue poudrée de blanc sur laquelle se détache le rouge de la doublure du kimono, signe que l'initiée a atteint un certain niveau de maturité», décode encore Agnès Giard. Souvent, on y devine même un motif énigmatique dans le creux du sillon poudré.