Carl Sagan, un très grand disparu bien trop tôt. Je recommande - sur Youtube ou autres supports - les émissions qu'il présentait sur une chaîne américaine ainsi que le roman "First contact".
Carl Sagan, un très grand disparu bien trop tôt. Je recommande - sur Youtube ou autres supports - les émissions qu'il présentait sur une chaîne américaine ainsi que le roman "First contact".
Tu dois parler de la série "Cosmos" qui est en effet visible sur YouTube. J'y retourne toujours quand j'ai besoin de remettre les choses à leur place. Un reboot de cette série a d'ailleurs été effectué cette année, dans un format plus moderne et à jour scientifiquement mais qui n'égale malheureusement pas l'originale sur le plan philosophique.
Sur YouTube également il existait une superbe série amateur montant ses citations mais elle a malheureusement été supprimée suite à la demande de ses ayant droits (qui n'ont visiblement rien compris au personnage).
Carl Sagan c'est également de nombreux livres dont certains sont disponibles en audiobook, un autre moyen de se laisser transporter par sa voix unique.
Il s'agit effectivement de "Cosmos". J'ai pris grand plaisir à regarder ces émissions à l'époque où j'étudiais aux Etats Unis. Carl Sagan avait le ton de voix qu'il fallait pour rendre poétiques ses explications et entraîner les téléspectateurs dans un univers merveilleux et infini. Un grand scientifique doublé d'un conteur d'exception qui savait faire partager ses passions.
J'ai lu tous ses ouvrages sans jamais me lasser.
Pardon de redeterrer un post vieux de quelques mois ! mais je trouve ce sujet interessant. Pour moi la reponse a la question de Sleida est claire. Chacun y va de son idee. Pour ma part je souscris parfaitement a l'idee selon laquelle on peut modifier le "monde". En modifiant ou en travaillant ses representations. Ce faisant, on peut arriver a modifier dans une certaines mesure, non pas les comportements des gens ni leurs idees directement.... mais les structures et institutions qui determinent les structures mentales et leurs schemes de pensee. Les structures sont douees dans tous les cas d'une formidables inertie... et les changements ne se font qu'au prix de longues annees de travail. C'est une vision optimiste je trouve ! que celle de P.Bourdieu [sources : "Reponses" + sa theorie du changement social]
"Life is just a simple game, between up and down"
J'arrive aussi bien après la bataille.
Toutes mes condoléances Sleidia.
Et vu que ce sujet vient d'être remonté j'y ajoute ma pierre. (warning gros pavé forward)
Il me semble que l'on traverse tous une telle période de questionnement, que ce soit suite à un événement difficile, une période d'introspection, une réflexion. On peut ne pas forcément être révolté par le monde, et avoir seulement envie d'y contribuer. Bref les raisons sont variées pour en arriver à se dire "que puis-je faire pour changer le monde?".
Vous allez dire "whaou le cliché", mais j'ai cette question en tête depuis que j'ai vu Mononoke Hime en 1999, alors que je finissais mon lycée.
Je me suis lancée dans des études de biochimie à l'université, et je me suis donnée les moyens d'aller le plus loin possible, jusqu'au doctorat que j'ai terminé en 2010. Depuis j'ai travaillé majoritairement pour le CNRS en tant que chercheur en santé humaine fondamentale. J'ai travaillé aussi bien en virologie (sur le papillomavirus et le virus de l'hépatite C), qu'en recherche contre le cancer (cancer des poumons et de la thyroïde), et sur l'action des perturbateurs endocriniens (dont vous connaissez tous le bisphénol A comme représentant) sur le déclenchement des dits cancers.
Bref, de quoi se rendre "utile" au monde si on voit ça de façon pragmatique.
Et bien jamais je ne me suis sentie aussi inutile qu'en faisant ce métier. Bien sûr on argumentera que ce genre de recherche est vitale pour assurer l'amélioration de la santé future des hommes etc. Mais c'est vraiment se voiler la face, selon mon opinion.
Concernant le virus de l'hépatite C, il faut savoir qu'il existe beaucoup de souches différentes, et que chacune a un génome et une façon de "se répliquer" différente, et n’entraîne pas forcément exactement les mêmes symptômes. Le point intéressant est que ces différentes souches sont réparties surtout de façon géographique. Exemple en Europe on trouvera surtout la souche "1", alors qu'en Afrique c'est la souche "2" et par endroits la souche "4" uniquement.
Pendant ma thèse, ma tâche était d'étudier la façon de se répliquer du virus de la souche 1. Pendant cette étude je me suis rendue compte des différences extrêmement importantes qu'il pouvait y avoir entre les différentes souches, surtout quand j'ai découvert un représentant de la souche 2, nommé JFH pour Japanese Fulminant Hepatitis, qui avait emporté un japonais en quelques semaines, alors que normalement ce virus met entre 10 et 50 ans pour devenir mortel. Qu'est-ce qui avait rendu ce virus "JFH" si virulent au point qu'il devienne mortel si vite par rapport aux autres virus des autres souches? Et y avait-il d'autres virus chez les souches 3, 4, 5 ou 6 qui pouvaient présenter des caractéristiques si différentes?
Je me suis lancée dans une intense phase de bibliographie pour essayer d'apprendre et de comprendre à partir de l'étude de ces différences. C'est comme cela que j'ai découvert que les souches prévalentes en Afrique n'étaient quasiment pas étudiées. J'ai été d'abord intriguée, puis effarée. Pourquoi personne n'étudie donc ces souches? J'ai posé la question à mon chef de thèse. La réponse est très simple: même si on découvrait une façon de soigner ou vacciner les gens contre ces souches "africaines", personne là bas n'aurait de quoi acheter les vaccins/médicaments.
Et il ne s'agissait pas de dire que l'on travaillait dans un laboratoire pharmaceutique privé qui cherche à avoir rapidement des retours sur investissements. On était au CNRS. Mais la réalité c'est que même dans un labo publique, pour obtenir des financements il faut proposer des projets de plus en plus "rentables", même à long terme.
Et tout d'un coup la tâche que je trouvais si "utile" au départ m'a semblé plus injuste que noble.
Ça ne s'est pas arrangé quand des années après, et ayant quitté la virologie, j'ai commencé à travailler sur les perturbateur endocriniens, ces petites molécules issues de l'industrie chimique, auxquelles nous sommes exposés tous les jours, et qui altèrent notre fonctionnement hormonal naturel. Le bisphénol a été le plus médiatisé, mais il y en a quantité d'autres, et le fait d'afficher "papier sans bisphénol A" sur les tickets de caisse relève pour moi d'une hypocrisie, car c'est ne pas mentionner tous les autres (parmi lesquels par exemple des pesticides, pas encore interdits mais ça ne saurait tarder).
Peut-on vraiment aider le monde, tel qu'il est maintenant, aussi loin que nous sommes allés aussi bien au niveau environnemental (dégradation, pollution, réchauffement...) que humain (injustices, inégalités, méfiance ou haine de son voisin...)? Et le mérite-t-il?
Je ne sais pas si "le monde" le mérite. Ce que je sais, c'est que certaines personnes méritent d'être aidées. C'est ce que j'ai découvert en appliquant ma "solution" personnelle pour ne pas craquer devant ce monde injuste dans lequel je ne me sens pas à ma place. Ma solution c'est de m'instruire, le plus possible, puis de restituer ces connaissances par l'enseignement, à des personnes formidables, qui seront là après moi dans ce monde.
Quand j'ai réussi à obtenir des heures d'enseignement à l'IUT puis à la fac, ça a été une véritable rencontre avec de nombreux élèves, plein d'énergie et de curiosité, qui eux aussi se posent de telles questions "existentielles". Eux aussi ils ont cette motivation à devenir des acteurs du monde.
Pour eux je me surpasserai pour leur expliquer de la meilleure façon toute la science que j'ai étudiée et que je continue d'étudier. Je leur transmettrai ma passion pour la biochimie. Je réveillerai une vocation, ou j'orienterai vers d'autres disciplines ceux qui ne se sentent pas à leur place. Je serai à leur écoute et je les aiderai sur tous les plans possibles. Et cette aide, ils me la rendent à leur façon, en me soulageant en partie de mes angoisses existentielles (pourquoi sommes-nous là, que faisons-nous, où allons-nous... tout ça quoi ^^; )
Ceci rejoint beaucoup d'avis précédemment donnés: se rendre utile aux autres (bénévolement ou non). Mais pour moi c'est vraiment spécifique à l'enseignement.
L'enseignement n'était pas un rêve depuis toujours, j'ai découvert par hasard que c'était mon activité "curative".
C'est sûrement différent pour chacun d'entre nous.
A toi de te centrer sur toi-même, puis d'aller vers les autres, pour trouver quelle sera l'activité qui te redonnera l'envie d'aider... le monde... ou à défaut une petite partie de ce monde, à commencer par toi-même.
/mavie-monavis
Désolée pour le pavé. Et les deux ans d'absence sur le forum.
Peut-être ce résultat fut-il dû à l'esprit de contradiction inhérent à toutes choses en ce monde.
christian (24/01/2015)
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