Une définition du bushidō selon le "Koku shi dai jiten"
Bonjour à tous,
inaugurant un nouveau blog centré autour des guerriers japonais, essentiellement du l'époque d'Edo, je me permets de copier ci-dessous la majeure partie du premier article, dont le sujet est le bushidō. Je précise que, pour des raisons aussi bien pratiques que de protection de mon travail, je ne proposerai sans doute pas les articles à venir sur ce forum ; dans le même ordre d'idée, précisons aussi que je vous demande de ne pas copier l'article ci-dessous, partiellement ou intégralement (il est soumis aux droits d'auteur). Merci, et bonne lecture ! N'hésitez pas à me faire part de vos réflexions et commentaires sur ce forum, c'est surtout pour ça que je crée ce sujet (et un peu pour faire ma pub, avouons-le) :)
Commençons par un sujet un peu tarte à la crème, le bushidō武士道, traduit habituellement par "la Voie du guerrier". Il s'agit d'un sujet aussi délicat à traiter qu'il est populaire. Plutôt que de me risquer à une composition personnelle, présentons, en guise d'introduction, une traduction du terme tel qu'il figure dans le Koku shi dai jiten, "Grand dictionnaire de l'histoire du Japon", une des plus importantes références dans le domaine de l'histoire japonaise.
"L'emploi généralisé du terme "bushidō", pour désigner les valeurs morales des guerriers, s'observe à partir de l'époque Meiji [1868-1912]. Durant le Moyen-Âge [1190-1600], était entre autres employé l'expression "usages de ceux maniant l'arc et les flèches" ; le terme "bushidō" apparut à l'époque pré-moderne [1600-1868]. Dans de nombreux cas, il était employé pour désigner les valeurs morales des guerriers, bushi 武士, en opposition avec le terme "shidō" 士道, littéralement "Voie du gentilhomme" [la différence entre les notions de shi et de bushi feront éventuellement l'objet d'un article ultérieur - de manière générale, dans le contexte japonais, ils renvoient tous deux au guerrier]. Ogyū Sorai, parlant du bushidō en tant que savoir archaïque de l'époque des provinces en guerre [1394-1573], a dit : "le monde connaissait uniquement le savoir nommé bushidō" (Sorai sensei tōmon sho). Le confucianiste de l'époque du bakumatsu [1854-1868] Saitō Setsudō a affirmé que les "maisonnées de guerriers à l'époque pré-moderne" connaissaient l'existence d'un "concept nommé bushidō" n'étant pas rattaché à la Voie des Saints, seijin no michi 聖人の道. La relation, à l'époque pré-moderne, entre shidō et bushidō est visible dans ces deux affirmations. Le Japon pré-moderne, marqué par la diffusion d'une éducation de nature confucianiste, vit la nette apparition d'un mouvement reprenant les codes moraux des guerriers formés durant l'époque des provinces en guerre, tout en les basant sur un fond confucianiste. Le résultat était présenté sous le terme de "shidō". Pour les défenseurs de ce shidō, le bushidō désignait le discours moral des guerriers de l'époque des provinces en guerre, c'est-à-dire un savoir archaïque et inutile. Bien que les notions de shidō et de bushidō apparaissent clairement opposées lorsqu'elles étaient discourues de manière précise, leur différenciation, lorsque employées au sein de la société japonaise pré-moderne, n'était pas toujours évidente. Avec la baisse d'autorité du confucianisme et, entre autres, l'aspiration vers des éléments guerriers de nature traditionnelle, la tendance consistant à nommer volontairement "bushidō" un discours tenant fondamentalement du shidō connut un essor graduel ; bien que ces deux termes soient des notions nées d'un même terrain rhétorique et comportant une importante base commune. La généralisation du terme "bushidō" à partir de l'époque Meiji hérita de cette tendance. L'œuvre représentative du discours sur le shidō est le Yamaga gorui 『山鹿語類』de Yamaga Sokō, guerrier à la fois confucianiste et spécialiste en Art militaire. Cet ouvrage comprend une importante partie consacrée à ce sujet, le Shidō hen 「士道篇」. L'illustration la plus aiguisée du discours sur le bushidō est le Hagakure, la partie principale des analectes de Yamamoto Tsunetomo, guerrier attaché aux Nabeshima. Dans cet ouvrage, Tsunetomo affirme que "la Voie du guerrier consiste en la mort". De manière générale, Sokō et le Hagakure sont tous deux cités lorsqu'il s'agit de considérer les caractéristiques des deux courants que sont le shidō et le bushidō, ainsi que les éléments constituant leur base commune.
Les seigneur de l'époque des provinces en guerre, marquée par une importante instabilité politique [cf. ge koku jō 下剋上], se devaient de posséder une tempérament solide basée sur une grande force d'esprit ; en comparaison, une fois les troubles civils apaisés et la paix revenue, nombreux furent les guerriers marqué par un tempérament d'administrateur civil plutôt que de combattant, et, tout en héritant de l'état d'esprit des dirigeant d'antan, à montrer davantage d'intérêt pour un confucianisme riche en considérations morales propres aux politiciens. Durant l'époque pré-moderne, l'enseignement du confucianisme n'était pas limité aux seuls guerriers, mais ce sont eux en particulier qui l'adoptèrent en tant que code moral, et qui considéraient "la Voie confucéenne comme étant égale à la Voie du guerrier [shidō]" (Nakae Tōju, Okina mondō, volume inférieur). C'est ainsi que prit forme le discours sur le shidō. Tous les guerriers, sans distinction de rang, étaient considérés comme des guides moraux du chemin pour réaliser la Voie dans le monde. De même, dans son Shidō hen, Sokō affirme que le guerrier doit tout d'abord "connaître son rôle imparti [shoku bun 職分]" ; selon Sokō, alors que le rôle imparti pour chacun des trois ordres [san min 三民, autrement dit les paysans, les artisans et les marchands] consiste à pourvoir aux besoins essentiels de la vie quotidienne, celui des guerriers correspond à prendre conscience de la Voie de l'Homme, en son application et à y guider les trois ordres, concrétisant ainsi la Voie humaine dans le monde. L'idéal guerrier pour Sokō correspond à une personne "d'une qualité d'un Homme de la Voie [daijōbu 大丈夫]" caractérisé par "une indépendance et une individualité de premier ordre". Il s'agit d'un homme n'étant pas influencé par ses émotions ou ses désirs, ayant une solide assurance de ce qu'est une vie guidée par la Voie, veillant à ce que ses moindres gestes respectent les manières justes (l'étiquette) ; un homme qui, au sein de la société guerrière, se démarque de tous et ne connait aucun égal sur le plan moral. Et parce que "de son apparence à ses gestes et paroles, rien n'est négligé mais extrêmement majestueux, il s'agit de l'état supérieur de l'homme" ; dans la vision idéaliste de Sokō, "tous se calquent sur le modèle [représenté par le guerrier parfait]". Le guerrier ne se contente pas de sublimer sa contenance par le biais de ses gestes et de ses paroles, il doit aussi illustrer en permanence, au sein de l'espace de vie quotidienne qu'est l'habitat, l'ordre de la Voie. Il en va de même pour les vertus internes, qui étaient considérées être développées par le maintien de cette juste contenance. L'importance accordée à l'étiquette au sein de la société du Japon pré-moderne contribuait certes à maintenir l'ordre social des classes en place, mais, dans la conscience des guerriers, à l'étiquette juste correspondait un guerrier caractérisé par une indépendance et une individualité hors pairs. Le confucianiste Saitō Setsudō affirmait : "les armures comprennent des couleurs évitant l'humiliation ; de la même manière, la personne se vêtant, telle une armure, de l'étiquette juste et de modestie, échappera à toute humiliation de la part d'autrui".
Bushido,romantisme,réalité du lendeain incertain
Bonjour
J'aime bien ce post ,les liens aussi
On voit que pendant le pouvoir Tokugawa et puis de la restauration Meiji ,il y a du romantisme
autour des hommes de guerre ou d'armes (le personnage de Otokodate dans les Kabuki par ex)
Pour les Tokugawa une centralisation du pouvoir à Edo permettait d'avoir tour les monde à l'oeil
avec "otages" à demeure au cas où, et puis,dû à des duels fréquents(Sayaaté pour un oui où pour un non )nombre de gens valeur avaient disparus ce qui était inacceptable
Les époques Heian,Kamakura,Muromachi Momoyama surtout , sont environnées de "démons" en tout genres
et l'existence incertaine on est sur le fil(du Sabre) La vision du monde à ces époques est différente de celle du 17,18,19 ème siècle
voici mes réflexions sur ce très bon post