Traduire Mishima de l'anglais/ du japonais
Yukumizu, où as-tu eu « la confirmation récemment qu’il s’agissait bien d’une demande » de la part de Mishima d’être traduit de l’anglais ? Ce serait un vrai scoop ! Pour ma part, je partage l’avis de Jamka... « idée tellement extravagante que j’ai toujours du mal à y croire »...
Quant à savoir si « c'est parce que la personne qui a traduit ses romans en anglais était un ami proche de Mishima Yukio », ouais... l’explication biographique ne me semble guère convaincante... Mishima avait bien des amis proches japonais également !... (Si vous voyez ce que je veux dire... :lol: )
Ne serait-ce pas tout simplement une histoire de sous ? Et plus précisément de droits d’auteurs et de rétributions des traducteurs ? La version anglaise existant déjà (et se vendant paraît-il plutôt bien), une nouvelle traduction, qui supposerait un nouveau contrat avec une nouvelle rétribution, n’est pas forcément une bonne affaire pour la maison d’édition concernée... Je signale en tout cas que l’une des meilleures spécialistes de la littérature japonaise, Jacqueline Pigeot, a récemment mis en doute la version de Gallimard selon laquelle il existerait une lettre de la main de Mishima lui-même exigeant que ses livres soient traduits de l’anglais... De fait, depuis des années qu’on en parle, cette lettre n’a jamais à ma connaissance été montrée au public... En voilà bien des mystères... 8O
Enfin, pour ceux que Mishima intéresse, et pour le sortir un peu de cette image d’ « écrivain typiquement japonais » qui lui colle à la peau en France (au Japon, on vous dira plus certainement que Mishima n’est pas un écrivain très traditionnel), je signale un bel article récent et qui apporte du neuf, un texte de Chikako Mori sur « Mishima et les Mille et une Nuits », où l’auteur montre à quel point Mishima a été influencé par le fameux recueil de contes orientaux... (« Les Mille et Une Nuits en partage », sous la direction d'Aboubakr Chraibi, actes d’un colloque organisé du 25 au 29 mai 2004 à Paris, à l’INALCO et à la Bibliothèque de France, aux éditions Actes Sud).
En tout cas, une chose est sûre : à l’heure où on retraduit Joyce avec tant d’éclat, on ne peut que militer pour une retraduction des textes de Mishima à partir du japonais... la situation actuelle est vraiment une aberration.