• Sumô: Aki basho 2003



    Le tournoi d’automne est le cinquième tournoi majeur de sumo de l’année. En première division, les lutteurs livrent au total quinze combats en autant de jours. Celui qui en gagne le plus, remporte le titre.
    Certains ont brillé, d’autres sont passés à côté de ce grand rendez-vous. Petit aperçu des performances des grandes figures du sumo actuel.


    Asashoryû (yokozuna)

    Après ses esclandres du dernier Nagoya basho, le yokozuna se devait de réaliser un grand tournoi. Il a été très impressionnant durant les entraînements (keiko) de préparation au tournoi d’automne. Lors des dix premières journées de cet « Aki basho » (tournoi d’automne), Asashoryû a produit un sumo magnifique. Technique, vitesse, puissance, bref du très, très grand spectacle! Lors de la dixième journée, son vieux rival Kotomitsuki se dressait sur sa route. Combat âpre qui se termine sur un somptueux tsuri-dashi d’Asashoryû (soulèvement de l’adversaire). Mais l’emploi de cette technique lui déclenche une douleur dans le bas du dos. Le lendemain, il se débarrasse laborieusement du sekiwake Miyabiyama et semble moins dominateur. La tendance se confirme les deux jours suivants avec ses deux premiers revers face au sekiwake Wakanosato, et surtout face à l’ôzeki Tochiazuma. Asashoryû n’avait plus perdu en combat officiel contre l’ôzeki depuis mai 2002. Le tournoi alors totalement relancé, il se reprend et terrasse l’ôzeki Chiyotaikai de manière peu élégante. Le yushô (le titre), est alors assuré. Enfin, lors du senshuraku (dernier jour), il défait l’ôzeki Kaiô, et termine avec une belle fiche de 13 gains pour 2 pertes.

    Musashimaru (yokozuna)

    Le yokozuna réalise une saison presque blanche. Il a, une nouvelle fois, déclaré forfait à quelques jours du début du tournoi. Il devrait être de retour à Fukuoka, en novembre, sinon il pourrait bien mettre un terme à sa carrière.

    Chiyotaikai (ôzeki)

    L’ôzeki de la Kokonoe-beya n’avait aucune pression particulière sur les épaules, et a réalisé un bon tournoi. Toujours aussi vif et puissant au tachi-ai (élan de départ), son style expéditif et risqué reste toujours spectaculaire mais montre aussi ses limites. Invaincu après quatre journées, il s’est fait surprendre par Tosanoumi lors de la cinquième journée. Comme souvent, son adversaire s’est dérobé au tachi-ai, et Chiyotaikai emporté par son élan est allé à terre. Le lendemain, Hokutoriki réalise un meilleur départ, et avec quelques puissants « nodowa » (prise à la gorge sans serrer), il a expulsé l’ôzeki.
    Ces deux défaites sont symptomatiques des limites du sumô de Chiyotaikai. S’il ne développe pas sa palette technique, il lui sera très difficile de devenir un jour yokozuna. Après cette deuxième défaite Kokonoe Oyakata, son maître, a su trouver les mots pour remettre son poulain dans le tournoi. Il enchaîne victoire sur victoire, et semble être le seul à pouvoir empêcher Asashoryû de remporter le yushô. Même son revers face à Kaiô lors de la treizième journée ne ruine aucunement ses espoirs puisque quelques minutes après, Asashoryû est défait par Tochiazuma.
    Le choc Asashoryû-Chiyotaikai survient le lendemain. Les données sont simples : si Asashoryû gagne, il remporte le titre, s’il s’agit de Chiyotaikai, tout se jouera le lendemain. Beaucoup de tension avant le combat, qui part toutefois assez rapidement. Asashoryû se dérobe au tachi-ai, mais Chiyotaikai ne tombe pas et charge sur le yokozuna. L’ôzeki tente un sotogake (fauchage par l’extérieur avec la jambe) mais Asashoryû est plus rapide et l’emporte par shitatenage (projection au sol). Dès lors, les dés sont jetés ! Néanmoins, Chiyotaikai met un point d’honneur à vaincre Tochiazuma lors de la dernière journée. Il termine finalement avec une fiche de 11 gains pour 4 pertes.

    Kaiô (ôzeki)

    Cet Aki bashô était un tournoi très important pour l’ôzeki ! S’il venait à l’emporter, il pouvait devenir yokozuna. Diminué par des blessures à une cheville et à son fantastique bras droit, Kaiô commence pourtant à enchaîner les succès même si la manière n’est pas là. Lors de la cinquième journée, il est défait par Takamisakari. Chose alors incroyable, Kaiô, le gentleman, critique son vainqueur en conférence de presse. Il faut savoir que Takamisakari, si populaire soit-il, n’arrive pas à trouver le « fighting spirit » dont il fait preuve en tournoi lors des entraînements. Et c’est lors d’un combat d’entraînement avec Takamisakari que Kaiô s’est blessé au bras droit. Il redresse la barre les deux jours suivants, il en est alors à 6-1, et tout est encore possible. Il affronte lors de la huitième journée sa bête noire, Tochinonada. Kaiô passe totalement à côté de son combat. Ce deuxième revers est synonyme de non-promotion. Il n’arrive plus alors à se concentrer, et enregistre quatre revers d’affilée. Lors de la treizième journée, il domine Chiyotaikai. Puis c’est l’ôzeki Tochiazuma qui se dresse sur sa route. Kaiô doit s’incliner sur le fil alors qu’il avait placé un superbe uwatenage (projection au sol avec le bras passé au-dessus de celui de l’adversaire). Lors de la dernière journée, il ne peut rien faire face à Asashoryû, et il termine make-koshi (score global négatif) avec 7 gains pour 8 pertes. Ce grandissime ôzeki rate encore une belle occasion de devenir yokozuna. Cependant, son avenir à ce grade passe impérativement par le kachi-koshi (score global positif) en novembre. Il ne paraît pas menacé tant son talent est grand. Espérons surtout qu’aucune blessure ne vienne l’empêcher de réaliser un grand tournoi, chez lui, à Fukuoka.

    Musôyama (ôzeki)

    L’ôzeki est passé à côté de son tournoi. Diminué par une dislocation de l’épaule gauche, il a abandonné en fin de première semaine. Comme Kaiô, il devra remporter au moins 8 gains en novembre pour conserver son grade d’ôzeki. Cette tâche semble être, pour lui, plus délicate.

    Tochiazuma (ôzeki)

    L’ôzeki a réalisé son meilleur tournoi depuis un an et demi. En situation critique, il lui fallait absolument le kachi-koshi ; il a parfaitement géré son tournoi. Ses victoires sur Kaiô et surtout sur Asashoryû sont les preuves de son retour au premier plan. Il n’avait plus battu le Mongol depuis mai 2002. Il termine finalement avec une belle fiche de 10 gains pour 5 pertes. Mais le plus encourageant est l’amélioration de son sumo au fil du tournoi. Sa victoire sur Asashoryû est un de ses combats-référence. C’est une bonne nouvelle pour le sumo et l’intérêt des tournois qu’il soit de retour au premier plan. Il doit confirmer à Fukuoka !

    Wakanosato (sekiwake)

    Le sekiwake (troisième plus haut grade) signe un deuxième bon tournoi consécutif. Il termine avec une belle fiche de 11 gains pour 4 pertes, et est le premier rikishi à avoir vaincu Asashoryû sur ce tournoi. Grâce à ces performances, s’il venait à remporter 12 combats en novembre, il pourrait enfin être promu ôzeki. Avec son talent, nul doute qu’il ferait honneur à ce grade.

    Kotomitsuki (maegashira 6)

    Il est de retour ! L’ex-grand espoir du sumo, après de multiples pépins physiques, est revenu au tout premier plan lors de ce tournoi. Il aura donné du fil à retordre à Asashoryû, et a été impressionnant sur quelques combats, notamment face à Kaiô.

    Takamisakari (maegashira 1)

    Le populaire lutteur avait bien mal préparé cet Aki bashô 2003 ! Manquant cruellement de combativité lors des entraînements, il s’est, une fois de plus, transcendé lors du tournoi. Il termine avec 9 gains pour 6 pertes, et devrait retrouver son grade de komusubi (quatrième plus haut grade) en novembre.

    L’Aki bashô 2003 a été un tournoi intéressant, non pas par son issue finale, mais plutôt par la qualité du sumo proposé. Il y a eu beaucoup plus de combats spectaculaires qu’à l’accoutûmé. Le combat de la sixième journée entre Asashoryû et Hokutoriki en est un bel exemple. Espérons que la tendance se confirme en novembre.