• Les Médias Japonais



    Les cinq principaux quotidiens japonais :

    Comparée à la presse française, la presse japonaise se distingue par la puissance de ses grands quotidiens, quand on songe que le Yomiuri tire à près de 14 millions d’exemplaires, l’Asahi à 12 millions et le Mainichi à 6,6 millions. Deux autres quotidiens à grand tirage, le Nihon Keizai (Nikkei) journal économique, et le Sangyo Keizai (Sankei), journal des milieux industriels, tirent à près de trois millions d’exemplaires chacun.
    En outre, les trois grands hebdomadaires tirent chaque jour également une édition en anglais, et le Nihon Keizai une édition hebdomadaire. Quarante millions d’exemplaires pour les cinq grands journaux cités, et cela ne représente que la moitié du tirage quotidien de journaux ! Des mastodontes donc, aux moyens financiers énormes, et qui constituent de véritables empires, s’appuyant sur des chaînes de télévision et de radio (ainsi l’Asahi a des intérêts dans des dizaines de chaînes de télévisions et de nombreuses radios), organisant des manifestations culturelles (le Mainichi est par exemple connu pour son grand concours de calligraphie) et sponsorisant des activités les plus diverses. Ainsi le Yomiuri possède-t-il la plus célèbre équipe de base-ball du Japon, les Giants, ainsi qu’un orchestre symphonique, un parc d’attraction, des agences de voyages, des firmes immobilières, etc.

    L’Asahi (Fondé en 1879 à Ôsaka, sous le nom de Ôsaka Asahi Shinbun. Il publia une édition à Tôkyô en 1888, intitulée Tôkyô Asahi Shinbun) dont le budget, tout comme celui du Yomiuri, est colossal, possède en plein cœur de Tôkyô un immeuble de vingt étages, surmonté d’un héliport réservé aux hélicoptères et à deux avions, avec à l’intérieur du bâtiment des salles de rédaction mais aussi quatre cents lits, un coiffeur, des salles de gymnastique, des cours de tennis, des boutiques, un restaurant servant 3 500 repas vingt-quatre sur vingt-quatre et un musée, etc.

    Bref, un véritable centre névralgique qui contrôle les innombrables journalistes opérant au Japon et à travers le monde. Les journaux vivent bien sûr de la publicité (43 % des revenus), mais surtout des abonnements qui constituent 99 % de leur distribution. Le système de livraison à domicile explique le tirage astronomique des quotidiens, d’autant qu’un Japonais sur deux, environ, est abonné à un quotidien au moins. Chaque journal possède son propre réseau de vente et ses propres distributeurs. Ainsi le Yomiuri compte 9 000 distributeurs, employant 80 000 personnes dans le pays : tous les matins, entre cinq et sept heures, et tous les soirs entre quatre et six, les freins de la bicyclette, conduite par un étudiant, grincent, annonçant l’arrivée de l’édition du matin ou du soir dans votre boîte à lettres. Nombreux sont les Japonais qui lisent quatre journaux par jour, mais ce n’est pas assez : 93 % des personnes abonnées à un quotidien lisent aussi un hebdomadaire ou un mensuel (il existe trente mille publications périodiques dont une dizaine approchent le million d’exemplaire). Aujourd’hui, un lectorat fidélisé par le système « d’abonnement-livraison » est une des clés du succès des quotidiens japonais : il y a dix ans, les deux principaux quotidiens d’information, le Yomiuri et l’Asahi, s’étaient livrés une guerre commerciale sans merci afin de gagner de nombreux abonnements : places gratuites pour les matches de base-ball, abonnements gratuits pendant un mois, distribution de savonnettes, mouchoirs, tout était bon, avant de mettre fin d’un commun accord à cette surenchère de cadeaux qui risquaient de les mener à terme à la faillite.

    L’Asahi possède également des éditions à Ôsaka, Sapporo, Nagoya et Kita-Kyûshû et a actuellement un tirage d’environ 13 millions d’exemplaires (9 éditions quotidiennes, 7 millions d’exemplaires pour l’édition du matin, 3,5 millions pour celle du soir et 2,5 pour les éditions régionales) et entretient un réseau de 3 500 journalistes, dont plus de 50 correspondants répartis dans 27 bureaux à l’étranger. Il publie également un journal quotidien en anglais, l’Asahi Evening News, 9 hebdomadaires parmi lesquels le Shûkan Asahi, fondé en 1922, et la revue hebdomadaire Aera, créée en 1988 (tirant à 300 000 exemplaires), ainsi que quatre périodiques mensuels et des livres divers. On le dit influencé par le Sôka Gakkai.

    Le Yomiuri Shinbun, quotidien du matin fut fondé en 1874 et fut complété en 1920 par une édition du soir. Il devint rapidement un des quotidiens les plus lus dans la région de Tôkyô. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’associa à un autre journal et prit le titre de Yomiuri-Hôchi. Il devait reprendre celui de Yomiuri Shinbun en 1946. En 1952, il sortit une édition à Ôsaka et fut rapidement distribué dans tout le pays, notamment à Tôkyô, Ôsaka et Kita-Kyûshû. Il comprend maintenant plusieurs autres bureaux régionaux et entretient vingt filiales à l’étranger où il est associé à l’Associated Press, à l’Agence France-Presse (AFP) et à l’Agence Tass. Il publie également un quotidien en langue anglaise, le Daily Yomiuri. Sa circulation, la plus élevée du monde, est estimée à près de neuf millions d’exemplaires. Le Yomiuri Shinbun établit également, en 1958, une télévision commerciale, Yomiuri Terebi, basée à Ôsaka.

    Le Mainichi Shinbun, journal quotidien fondé en 1876 à Ôsaka sous le nom de Ôsaka Nippo, puis de Ôsaka Mainichi. Il prit le nom de Mainichi Shinbun en 1911. Ce quotidien est actuellement un des plus importants du Japon, avec près de cinq millions d’exemplaires distribués chaque jour. Il publie également une édition en langue anglaise, le Mainichi Daily News, et possède cinq grands bureaux régionaux, à Tôkyô, Ôsaka, Nagoya, Kita-Kyûshû et Sapporo, ainsi que vingt bureaux à l’étranger, en connexion avec les grandes agences de presse internationales, comme l’Agence France-Presse, United Press International et l’Agence Tass.

    Si donc la presse japonaise est remarquable par sa puissance, elle l’est également par son uniformité car à quelques nuances près, les différents journaux reprennent les informations et les commentaires de la même manière : il n’est pas exagéré de dire qu’il existe une vue unifiée de la presse, sur tous les grands sujets du moins, ce qui implique d’ailleurs une puissance d’impact considérable pour les messages transmis. Les articles sont en général rédigés collectivement, fruit d’un consensus reflété par la non-signature de ces articles qui subissent d’ailleurs de nombreux niveaux de correction avant la mise sous presse. D’autant qu’il existe le système des Kisha clubs (club de presse par où transitent les informations) créé en 1882 : installés au sein des administrations, des partis politiques, des bâtiments de police, ils diffusent certes efficacement l’information, mais n’en exercent pas moins leur toute-puissance sur des journalistes peu désireux de se montrer originaux et de se voir exclus de ce précieux moyen d’information (ce qui est le cas des journalistes free-lance et, malgré une amélioration récente, dans certains cas, de la presse étrangère).
    Certes, l’Asahi se dit vaguement « à gauche » et « plus intellectuel », alors que le Yomiuri se veut plus « populaire ». L’Asahi se fit remarquer pour ses opinions progressistes, qui le firent interdire plusieurs fois. De toute façon, une telle masse de lecteurs ne peut qu’aboutir à la standardisation et à l’uniformisation. Pourtant cette presse semble jouer le rôle de contre pouvoir : les grands quotidiens dénoncent méthodiquement les politiciens véreux ( le cas de Tanaka Kakuei impliqué dans le scandale Loockeed © en est le plus célèbre exemple, même si c’est un journaliste free-lance qui avait levé le lièvre), prêts d’ailleurs à étaler la vie privée de ces derniers à la une, et prêts également à dénoncer les relations entre certains groupe de pression et les partis politiques. Mais ce scepticisme systématique, qui consiste à renvoyer dos à dos tous les partis et tous les hommes politiques dans une commune défiance, n’apparaît plus guère susceptible de réveiller l’esprit critique.

    Radios publiques et privées :

    Le Japon est peut-être le pays au monde le plus saturé de télévision, et malgré l’importance de la NHK, la grande chaîne publique fonctionnant à partir des redevances et sans publicité, c’est bien la télévision commerciale qui triomphe partout. La publicité règne sur le petit écran, et il n’est pas rare, lorsque l’on zappe parmi les cinq stations privées de Tôkyô appelées Key Stations, que Fuji (spécialisé dans le domaine de la « culture de divertissement »), NTV (lié au groupe Yomiuri), TV Asahi (proche du journal du même nom), TBS (en partenariat avec le Mainichi Shinbun) et TV Tôkyô, de ne tomber que sur des publicités. Il faut bien admettre aussi que le plus souvent les émissions des chaînes privées sont de qualité assez médiocre, avec une propension nette pour les jeux le plus souvent abêtissants, pour des émissions à caractère sexuel d’un goût douteux. Quant aux fameux drama qui évoquent la vie quotidienne et ses problèmes au sein de la maison, de l’entreprise ou de l’école, et s’adressent aussi bien aux adultes qu’aux adolescents, ils ne valent sur le plan dramatique guère mieux que des westerns de série B.

    Trouver des sponsors, les garder coûte que coûte, c’est là l’objectif principal des chaînes. La plupart du temps elles font appel à des maisons de production qui leur peaufine une émission clef en main, que les responsables de la chaîne se contentent de superviser. Ces maisons de productions sont spécialisées dans un genre (information, dramatique, variétés), ce qui explique sans doute en partie que le produit fourni soit standardisé et répétitif. Sur les écrans se succèdent les émissions les plus diverses les fameux talento (du mot anglais « talent »), présentateurs et animateurs à la mode. S’ils n’ont pas forcément un grand talent, du moins travaillent-ils dur (jusqu’à ce qu’ils ne soient plus à la mode), passant leur temps à courir d’une chaîne à l’autre, en un marathon sans fin. Dans les années quatre-vingt, ce fut également le déferlement des Aidolu, ces jeunes chanteuses fabriquées sur mesure par la télévision, au joli minois, et que l’on oubliait aussi vite qu’elles étaient apparues. Ces chaînes associées à de grands quotidiens nationaux ne mettent non plus guère d’originalité dans leurs journaux télévisés. Pourtant les gros budgets leur permettent parfois de produire de bons reportages.

    C’est le cas également de la NHK qui se prétend le fleuron de la télévision japonaise. La chaîne généraliste est spécialiste des prix internationaux obtenus pour des reportages souvent en collaboration avec une télévision étrangère. La NHK attire une grande audience avec ses deux satellites, la chaîne généraliste et la chaîne éducative. Cette dernière réserve 80% de ses émissions à la télévision scolaire où on peut aussi bien suivre l’enseignement de la cuisine, du golf ou des échecs, que des langues étrangères. Le tout mis à la portée du plus grand nombre avec les excès mais aussi les bienfaits que cela peut rapporter par rapport à des émissions élitistes.

    Aujourd’hui, on se tourne vers l’élaboration de nouvelles techniques. C’est la retransmission par satellite vingt-quatre heures sur vingt-quatre commencée en 1989, c’est aussi la télévision haute définition et bientôt les bulletins fac-similés que les journaux aimeraient voir diffuser sur les ondes. En tout cas, le mariage du prince héritier Hironomiya avec la roturière Masako en juin 1993 déclenché une de ces nouvelles fièvres cathodiques : le petit écran reste bien le média le plus prisé des Japonais.

    Radios et Télévisions
    :

    La radiodiffusion a commencé le 22 mars 1925 au Japon. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, la libéralisation des fréquences a été suivie, à partir de 1950, par l’apparition de radios privées. Les premières télévisions sont créées en 1953 et la diffusion en couleurs apparaît en 1960.

    Depuis la fin de la guerre, secteurs public et privés coexistent dans le paysage audiovisuel japonais. Le service public est assuré par la Société publique de la radiotélévision (NHK : abréviation de Nippon Hôsô Kyôkai) financée à plus de 97% par les redevances (payée par 35 millions de foyers. Pour l'année fiscale 1995, elle représentait 570,78 milliards de yens (28,5 milliards de francs). Le reste du budget provient des recettes des filiales du groupe, dont la vente de programmes. La NHK collecte elle-même la redevance, mais son budget est approuvé par la Diète).
    Actuellement, il existe 123 sociétés privées de télévision terrestre au Japon (48 en VHF et 75 en UHF) dont 36 sont à la fois opérateurs de radio et de télévision. S'ajoutant aux diffuseurs commerciaux du satellite et du câble, 198 opérateurs constituent le secteur privé de la diffusion au Japon.

    Secteurs public et privés sont réunis au sein de la très puissante Association nationale des radiotélédiffuseurs commerciaux (NAB fondée en 1951 qui compte aujourd'hui environ 165 diffuseurs, télévisions et radios, en majorité hertziennes, ainsi que l'opérateur par satellite Wowow. Elle s'est donnée pour objectif d'assurer l'autorégulation des médias, en les dotant d'un code professionnel, de défendre et régler les problèmes communs, comme les droits d'auteur ou les problèmes technologiques).

    La gestion de la redevance représente une charge estimée en 1996 à 3,83 milliards de francs (13 % des dépenses totales).

    En 1995, les recettes publicitaires de la télévision privée ont procuré un chiffre d'affaires de 1 755,3 milliards de yens (87,7 milliards de francs), soit 32,3 % des investissements publicitaires au Japon. Ceux-ci se montaient en 1995 à 5 426 milliards de yens (271,3 milliards de francs), soit 1,13 % du PNB qui se chiffrait alors à 479 755,5 milliards de yens (23 987 milliards de francs). De janvier à juin 1996, les recettes publicitaires du marché de la télévision ont atteint 8,933 milliards de dollars.

    Entre avril et septembre 1995, les recettes commerciales ont représenté 80,9 % du revenu total des chaînes privées (dont 33,6 % provenant du parrainage et 47,4 % des spots publicitaires). 18 % du revenu provenaient de la production et de la vente de programmes.

    Le volume de publicité ne doit en aucun cas dépasser 18 % du total de la diffusion hebdomadaire d'une chaîne commerciale.

    L'implication des annonceurs et des sponsors dans la production audiovisuelle explique en partie la faible part des programmes audiovisuels étrangers diffusés sur les chaînes commerciales terrestres japonaises.

    La NHK, fondée en 1926 par la fusion de plusieurs sociétés de radiodiffusion, [elle débuta ses émissions en 1953] couvre l’ensemble du territoire national avec deux chaînes de radio « grandes ondes », une chaîne de radio FM, un service de radio internationale à ondes courtes (Radio Japan), deux chaînes de télévision hertziennes ( généraliste et éducative), et deux chaînes de télévision directe par satellite. La NHK diffuse également de nombreux programmes en langues étrangères, et emploie près de 20 000 personnes.

    Toujours dans le secteur public, une université d’Etat radiotélévisée, gérée par le ministère de l’Education nationale, diffuse des cours sur une fréquence locale UHF et sur une fréquence de radio FM.
    Toutes les stations de radio et de télévision, qu’elles soient publiques ou privées, sont soumises à la loi sur la radiodiffusion. Elles opèrent avec une licence de trois ans renouvelable, délivrée par le ministère des Télécommunications sur l’avis d’un organisme consultatif : la Commission du contrôle des ondes.

    La télévision éducative japonaise :

    Pour étancher la soif de savoir de son « grand » public, la NHK diffuse sous le nom de Kyôiku Bangumi quatre grandes catégories d’émissions.

    1. Les « cours » de culture générale, avec, par exemple, l’Université populaire (Shimin daigaku), sont des séries (vingt par an) de douze à treize épisodes d’une heure sur des sujets tel que le droit, l’histoire de l’art, les sciences, les religions, auxquelles participent d’éminents spécialistes. Chaque série fait l’objet de publications à grands tirages. ETV 8 est une autre unité qui produit aussi des séries en deux ou trois parties, sur des thèmes plus spécifiques : « Le cerveau royaume de l’inconnu » ou « Gros plan », un magazine sur le développement scientifique et les nouvelles technologies, « La galerie d’art du dimanche » qui a visité la plupart des grands musées du monde.
    2. Les Hobbies sont des programmes de vie pratique : cuisine, jardinage, danse, photo, ordinateur, sports, etc. « L’heure des échecs » a ainsi fidélisé 700 000 téléspectateurs par semaine.
    3. Les langues étrangères : NHK offre sept cours hebdomadaires de qualité, diffusés deux fois chacun. En tête d’écoute : l’anglais, puis l’espagnol, le français, l’allemand, le chinois, le russe, le coréen.
    4. Les émissions « Santé » abordent les problèmes des handicapées, des personnes âgées, et permettent le dialogue entre les téléspectateurs et des médecins.

    Selon un sondage de 1988 NHK, 80% de Japonais déclarent s’instruire ou s’être instruits en regardant la télévision éducative de manière régulière. Il est vrai que dans un pays où la vie est chère, les 16 410 ¥ (chiffre de 1996, soit 710 FF) de redevance annuelle représente un culture très abordable.

    Les mille événements du documentaire-télé
    :

    Au cœur même du divertissement, les Japonais aiment apprendre. Un feuilleton pourra être un chapitre d’histoire, et un jeu prétexte à découvrir une culture. Le documentaire se vend bien. Sur les chaînes privées, chaque semaine, la flore, la faune et les civilisations du monde entier apparaissent en kaléidoscope, le samedi soir surtout et pendant les golden hours. La championne hors pair du documentari, tant par la fréquence, la longueur que par la qualité, est cependant la NHK. (Voir ci-dessus). Elle investit une partie de ses considérables moyens dans de gigantesques entreprises : les NHK Tokushû. Recherche scientifique avec Naissance de la Terre, fresque historique avec L’Ere Shôwa, brûlante enquête économique avec La Guerre des pièces détachées, anamnèse culturelle avec La Route de la soie ; chaque dossier est préparé par une équipe spéciale qui, selon les sujets, produira une seule ou plusieurs émissions de cinquante minutes chacune (la moyenne est une dizaine d’émissions, dont la préparation peut durer plusieurs années). La section NHK Tokushû est tenue de programmer trois émissions par semaine, ce qui illustre son dynamisme ! Fréquemment primées, ces prestigieuses enquêtes sont souvent réalisées en coproduction avec de nombreuses télévisions étrangères. Très appréciées au Japon, ces documentaires au long cours servent aussi à la NHK de vitrine internationale.

    Edition :

    L’édition au Japon ne se dissocie pas de la presse en général, la plupart des grandes maisons participant à des entreprises de presse ou publiant elles-mêmes des mensuels et des hebdomadaires. Bien que l’on compte environ 4 300 maisons d’édition, qui publient dans tous les genres et tous les domaines livres et revues, bandes dessinées (manga) livres-cassettes, disques compacts, etc., la plupart sont de petits éditeurs plus ou moins spécialisés. La plus grosse part du marché échoit à quatre grandes maisons : Kôdansha, Gakken, Shôgakkan et Shûeisha, qui totalisent à elles seules près de 40% des titres publiés.
    Une des caractéristiques des livres japonais est leur qualité de présentation et de brochage. Une autre est le grand nombre de « livres de poche » très bon marché malgré leur qualité. Plus de la moitiés des ouvrages publiés sont vendus par l’intermédiaire de quelques grands distributeurs « nationaux » comme Tôhan (Tôkyô Shuppan Hanbai) et Nippan (Nippon Shuppan Hanbai), en grande partie financés par les éditeurs.

    Les Japonais lisent beaucoup. Les ouvrages les plus appréciés sont les livres documentaires, d’histoire, d’essais divers, de témoignage, suivis par les romans et les livres d’art (d’une très grande qualité, et de prix abordable). Nombres de romans paraissent d’abord en feuilletons dans les quotidiens ou hebdomadaires. Les tirages atteignent souvent le million d’exemplaires, et les titres vendus à plus de cent mille sont nombreux. Il apparaît chaque année environ 37 000 titres nouveaux, dont 7 000 romans. Malgré cela, la masse des invendus atteint parfois un tiers es tirages, perte qui est compensée en partie par la diversification des « produits ». Les éditeurs font de la publicité dans tous les journaux pour leurs publications les plus récentes, et des encarts dans les grands journaux. Des articles de fond sont publiés sur leurs ouvrages et leurs auteurs dans ces mêmes journaux. Ils font également de la publicité à la radio et à la télévision.

    Cinéma
    :

    Les premières projections furent faites en 1897, avec un appareil semblable à celui des frères Lumière. Jusqu’en 1937, le cinéma japonais prit une grande extension et donna des films de qualité, typiquement accordés à l’esprit nippon, qui ne pouvaient être exportés.
    De 1937 à 1945, les studios ne produisirent que des films de propagande, ou politiquement orientés, la production étant strictement contrôlée par le gouvernement.
    A partir de 1941 les films américains et anglais disparurent totalement des écrans japonais. Le cinéma japonais reprit ses droits après la fin de la guerre et en 1946 réapparurent les films américains.
    Le Japon commença à exporter sa production et, en 1951 le film Rashômon reçut le grand prix du festival de Venise. Ce succès incita le public occidental à vouloir mieux connaître le cinéma japonais, de ce fait, les exportations de films japonais firent un bond en avant.

    Le cinéma japonais actuel, un des plus importants du monde pour le nombre de films produits, est cependant de qualité fort inégale : les films « exportables », en général de remarquables chefs-d’œuvre sont relativement peu nombreux en comparaison des films « domestiques » qui souffrent en général d’être réalisés trop vite et par des metteurs en scène parfois médiocres.
    La faveur du public japonais va surtout aux films américains et occidentaux d’une part, et aux films traitant de thèmes spécifiquement japonais d’autre part. Les superproductions japonaises qui connaissent un grand succès à l’étranger sont souvent boudés par le public japonais. En revanche, les dessins animés japonais ont conquis une grande part des marchés occidentaux, notamment celui de la télévision. Les trois plus grands studios de cinéma sont actuellement ceux de la Tôhô, de Matsutake et de la Tôei, la firme Nikkatsu ayant fait faillite en 1993.

    Néanmoins, dans les années 60, le nombre d’entrées au cinéma a connu une très brusque chute. Cela est à rapprocher avec l’apparition du petit écran. Son apparition a été massive au moment des jeux Olympiques de Tôkyô, en 1964.

    Sources
    :

    • Petit dictionnaire du Japon, par Christian Kessler, aux éditions « Desclée de Brouwer »
    • L’Etat du Japon, sous la direction de Jean-François Sabouret, aux « Editions La Découverte »
    • Le Japon, Dictionnaire et Civilisation, par Louis Frédéric, aux éditions « Bouquins – Chez Robert Laffont »