• Le rakugo



    Qu'est ce que le rakugo ?

    Il s'agit d'un monologue le plus souvent comique dans lequel un artiste que l'on appelle " rakugoka " assis en " seiza " sur un coussin raconte une histoire à l'auditoire. Son entrée sur scène est annoncée par le " debayashi " et est accompagnée brièvement par un air de shamisen et des percussions.
    Au cours de son récit, le rakugoka peut faire le portrait aussi bien d'un enfant, d'une femme, d'un vieillard et même d'un samurai. Il peut en fait passer d'un personnage à l'autre simplement en modifiant sa voix, ou d'un simple geste, ou encore en tournant la tête vers la gauche ou la droite.
    Deux ustensiles à sa disposition : un éventail et une serviette en tissu qu'il manipulera pour évoquer certains objets tels un verre, des baguettes ou un sabre.

    Il existe deux styles différents de rakugo : celui de Tokyo que l'on appelle " Edo-rakugo " et celui de la région de Kyoto et Osaka, appelé " Kamigata-rakugo ".
    La principale différence entre les deux est la présence d'un accompagnement musical ou non au cours du spectacle. Dans le " Edo-rakugo ", aucune musique n'est jouée, sauf si l'histoire évoque une pièce de théâtre. En revanche, dans le " Kamigata-rakugo ", un accompagnement musical " ohayashi " qui est le même que pendant les pièces de kabuki, est ajouté pour évoquer certaines émotions.
    Dans le " Kamigata-rakugo ", le rakugoka est assis devant un petit pupitre appelé " kendai " qui cache ses genoux. Il tient dans sa main gauche une paire de claquettes… et dans sa main droite un éventail. Pour rythmer son récit, il claquera ses pinces où frappera le pupitre avec son éventail.

    Quelles sont les origines du rakugo ?

    C'est Anrakuan Sakuden qui serait à l'origine du rakugo. Il aurait en effet été particulièrement célèbre au début de l'époque Edo pour sa capacité à raconter des histoires. Prêtre bouddhiste, né en 1553, Sakuden aurait gagné cette notoriété grâce à ses prêches dans son rôle de missionnaire surtout dans l'ouest du Japon. Son enseignement a été réuni dans un livre d'anecdotes humoristiques qui s'intitule " seisuishô ".

    Après sa mort en 1642, d'autres figures importantes du rakugo ont étés Tsuyu no Gorobe (1643-1703), à Kyoto, et Yonezawa Hikohachi ( ? - 1714), à Osaka. Alors qu'à Edo, un de plus célèbres rakugoka fut Shikano Buzaemon (1649-1699). Après la persécution dont il fut victime par le shogunat Tokugawa et son exil sur l'île d'Oshima en 1694, le rakugo à Edo tomba dans l'oubli.

    Cette tradition fut néanmoins ravivée à Edo par Utei Enba qui travailla beaucoup pour populariser son travail et forma de nouveaux artistes. Plusieurs sortirent de son école, tels Sanyûtei Enshô I et Sanyûtei Karabu.
    Ce dernier était connu pour son style qui consistait à improviser des histoires en demandant aux spectateurs de choisir 3 thèmes différents. Ce style s'appelle " sandai-banashi ".

    A l'origine le rakugo n'était présenté que dans des petits théâtres temporaires ou dans l'enceinte des temples mais à partir de l'ère Kansei (1789-1801), des théâtres spécialement dédiés au rakugo appelés " yose " furent créés aussi bien à Edo qu'à Osaka.