• Les types de jardins japonais

    Trois types de jardins sont développés afin de mieux cerner ce qu’est le jardin japonais.

    1 - LE JARDIN SEC

    L’élément végétal se résume à quelques arbustes à feuilles persistantes.
    2 exemples de jardins secs:

    KYOTO : RYOAN JI (jardin paysager sec) :

    Autrefois considéré comme le temple du paradis occidental.
    Ce jardin est composé :
    - de graviers ratissés (représentant le cours d’eau ou la mer) qui évoquent la qualité perpétuellement changeante des choses.
    - de rochers et amas de pierres (symbolisant la montagne) qui rappellent la stabilité, la permanence, l’univers tout entier reflétant l’amour du paysage à l’état naturel, la vénération de la beauté simple, une œuvre sans fard préférée à celle de l’homme.

    LE TEMPLE DAI SEN HIN :

    Son sable blanc attire le regard et stimule l’esprit.
    Plusieurs fois par an, les jardiniers entretiennent chaque buisson, chaque arbre. La touche apportée par l’homme est peu perceptible. En effet rien ne semble changé, mais tout devient plus léger, plus équilibré. L’homme s’est contenté de mettre en valeur la beauté naturelle des choses.
    Dans ce jardin, l’étang (siège céleste de la divinité Bouddhique Amida) a un rôle symbolique : c’est un cadre serein, propice à la contemplation.

    2 - LE JARDIN DE THE

    Par sa rusticité, il amène à la sérénité nécessaire au « Chanoyu ». Les fleurs en sont bannies.
    1 exemple:

    KYOTO : PALAIS KATSURA :

    Un chemin de pierres, aux courbes superficielles (isumi), est à la fois pratique et ornemental. Son relief est fait de telle manière qu’il est nécessaire de regarder chaque endroit où l’on pose les pieds. En relevant la tête, le spectacle prend alors un nouveau relief. Le visiteur se place alors dans un état mental propice au Chanoyu.
    Les clôtures faites en bambou sont fonctionnelles et esthétiques (avec des motifs en forme de croisillons).

    3 - LE JARDIN DE PLAISANCE

    Dans un cadre fastueux, aménagé autour d’un étang ou d’un lac, des sentiers dallés relient les pavillons de thé entre eux.
    2 exemples:

    KYOTO : JARDIN SAYHOJI (TEMPLE DES MOUSSES) :

    Ce jardin existe depuis plus de 7 siècles. Du 15ème au 17ème siècle il fût laissé à l’abandon.
    A ce jour plus de 130 variétés de mousses y sont recensées. Les nouvelles mousses se superposent aux anciennes.
    Le promeneur y trouvera de nombreux arbres et un bassin. C’est un petit paradis où la verdure fait oublier le monde qui existe au-delà de ce jardin.

    LE JARDIN JAPONAIS DE MONACO (Principauté de Monaco, visité en juin 1998 :

    Ce jardin situé en bord de mer est agrémenté :
    - d’une petite source « fushen ishi » coulant vers un bassin.
    - d’une lanterne en pierres à 13 étages « taso to »
    - d’une terrasse couverte pour apprécier le panorama « kyukeï jo »
    - d’une petite cascade « taki » symbolisant la force de l’homme et de la nature par sa verticalité
    - d’une maison ouverte aux 4 directions « azumaya » dont le toit est décoré d’une boule (hoju) représentant le feu. C’est ici que l’on fera un souhait dédié aux Dieux
    - d’un pont cintré rouge (la couleur du bonheur) «taïkobashi » dont l’étroitesse évoque la voie inaccessible au domaine des Dieux
    - d’un mur d’enceinte « heï »

    Le jardin japonais restitue à l’échelle réduite la beauté d’un site naturel. Comme la nature, il déroge aux lois de la symétrie. Le paysage a déterminé l’aspect des jardins. En effet, le Japon possède de nombreuses montagnes qui laissent peu d’espaces pour les habitations et jardins.

    L’Archipel compte :
    80 % d’épaisses forêts couvrant des montagnes escarpées
    20 % de plaines littorales, vallées encaissées, bassins enclavés dans des régions montagneuses
    Ces chiffres permettent de comprendre pourquoi le jardin est souvent réduit.
    Afin d’amplifier la perception de l’espace, le jardin japonais crée des premiers plans et arrières plans dégagés. C’est-à-dire que le jardin sera orienté de manière à ce que le visiteur puisse voir au loin une montagne à travers des espaces entre les arbres.
    Le jardin japonais apparaît comme un autre monde fait de silence, de sérénité, de contemplation, d’émerveillement. C’est un monde enchanté qui apaise l’âme et dont la contemplation fait plonger au plus profond de soi.
    Le rôle de l’homme semble se borner à maîtriser la nature pour obtenir la perfection.

    Propos recueillis lors de l’émission « Les Jardins du Monde » diffusée le 5 mai 1998 sur la 5ème chaîne (La Cinq)
    Remerciements à Christine Donato.