• L'orientation des cours - Aikido



    L'aïkido adopte des principes universels qui ne sont pas particulier à l'aïkido, pouvant ainsi amener un pratiquant (avec des bases solides) à l'écoute de cette caractéristique fondamentale, à progresser avec inspiration.
    Je conçois un enseignement traditionnel, ouvert au monde et à notre époque, qui essaie de préserver ce qui peut être préservé, sans dogme religieux, scientifique ou autres, inclusive des attitudes artificiellement rigides, mais plutôt activé par une connaissance et une pratique qui se veut tendanciellement désintéressée.
    L'orientation des cours - mis à jour de début d'année.
    Fondamentalement, l'aïkido fonctionne comme l'art en partant du moins manifesté vers le plus manifesté.
    Dans l'apprentissage, au lieu de se limiter à entasser énormément d'information, il est utile de favoriser l'établissement de la notion de perception, d'ouverture, de disponibilité, ceci étant, un savoir qui a tendance à se régénérer et à ouvrir un horizon. Le corps doit être conjugué et intégré avec la notion de connaissance (un corps qui libère – dans l'immédiat, il est difficile de se rendre compte pleinement de ce fait), et avec des mouvements qui devront être naturellement relationnels et intériorisés.
    On doit éviter un corps prisonnier par "l'effet de lecture", mais donner l'opportunité à une compréhension, à une assimilation, en intériorisant ce qui est transmis pour rendre la vie à un écrit, ou à un geste en ce qui nous concerne. L'harmonie que les pratiquants recherche dans l'aïkido est expérimentée avec des actes sentis de l'intérieur et exprimés efficacement et naturellement. Nous ne pouvons pas construire l'harmonie de l'extérieur (un extérieur indéfiniment absolu), mais c'est la propre harmonie qui édifie des gestes qui la révèle comme telle.
    L'exécution de techniques en forme d'astuces (de trucs) sommaires (dans la plus grande part des cas, avec une réduction à la seule structure binaire: action - réaction), qui adopte une stratégie pour "résoudre", font rappeler que l'hypothèse d'un manque d'une pleine intégration avec nous même, peut limiter l'intelligence d'une constante et saine adaptation, tel quel comme le suggère certains aspects aléatoires de la réalité.

    En ton de plaisanterie, on ne tombe généralement pas amoureux de l'omoplate de sa bien-aimée, mais nous connaissons notre compagne comme un "être vertical" ou les parties mental, physique et spirituel, acquièrent tout leur sens quand elles ne sont pas artificiellement séparées par une vision réduite à l'immédiat et appauvrie, et où la singularité de nos préférences viennent seulement confirmer (mais non expliquer) notre relation.

    Avec le corps (en repos ou en mouvement), la notion de langage est au minimum potentiellement subjacente. Nous pouvons d'autre part, pour des objectifs particuliers, "congeler" artificiellement, compartimenter, séparer quelque chose de son milieu naturel pour étudier certains aspects de la réalité. Ainsi, même en prenant des précautions et en respectant des méthodologies adéquates, on n'arrive pas à empêcher la fuite de facteurs fondamentaux (qui ne sont pas toujours évident à première vue), importants pour cet "écosystème à échelle humaine", qui parait prendre soin d'une certaine poésie de la vie, et participe indirectement à l'action de se connaître (et se reconnaître) avec profondeur.
    Cette manière intégrée d'apprendre/connaître et de faire des "progrès en spirale" implique à terme des prises de conscience régulièrement actualisés qui peuvent nous aider dans le futur, sans créer des obstacles fictifs liés à des étapes d'apprentissage mal conçues.

    Dans l'apprentissage de l'aïkido le problème n'est pas tant de savoir ce qu'il faut faire, mais plutôt (après étude, intériorisation, pratique et en faisant preuve d'un peu de sagesse) savoir ce qu'il faut éviter de faire pour ne pas détruire la sensibilité et les capacités latentes (des fois démontrées) de nos élèves.
    Parfois ce que nous appelons pompeusement la culture (ou son absence) créé plus des êtres schizophréniques et violents, que des individus autonomes, conscients, capables d'agir naturellement avec le sens de l'harmonie, de la proportionnalité et de savoir être opportun (ne pas confondre avec le défaut qu'est l'opportunisme). Il est presque superflu de déclarer que les qualités envisagées sous entendent de ne pas être sous la contrainte d'un discours pseudo moral, d'une philosophie à bon marché, et qui évite de se rendre à l'obsession du politiquement correct.

    Relativement à l'abordage du corps, l'aïkido et son enseignement doit créer un climat de pratique qui éveille indirectement l'implication des individus. L'exigence que cette décision comporte doit être éclairée par la préoccupation de conduire ce processus d'une façon mesurée par rapport à l'état de chacun. "Tendre la corde" peut être converti dans une intensité juste, qui fonctionne à des usages différents : efforts dans de nombreux domaines, concentration, perception de l'espace/temps. La concordance de l'ensemble : "alignements", "liaison", centrage et intention", permet un contact plus intime avec soi-même et avec ce qui nous entoure, et favorise le déclenchement progressif de l'intériorisation. La capacité d'automatiser des gestes ou des structures gestuelles avec une caractéristique plastique, devra prioritairement passer par son sens ou sa signification, en respectant naturellement les contraintes structurelles mis en jeu.
    C'est pour cela qu'au début, le travail de l'intention liée aux attaques et à la technique, acquièrent un effet à retardement à partir du moment que la technique commence à être éloignée pour avoir rempli son rôle, au profit de la conscience ou des décisions qui livrent naturellement une réponse motrice, ou autre.
    Par exemple, quand la soif s'impose à notre conscience, on se dit : "j'ai soif", ce qui peut déclencher : se diriger vers la cuisine, ouvrir l'armoire, et peut-être éviter le paquet de flocons d'avoine (mis malencontreusement à cette place) sans le faire tomber, se déplacer vers le robinet, remplir le verre avec la quantité qu'il faut, et l'amener à la bouche pour enfin étancher sa soif. Tout ça fait en pensant au problème que l'on a actuellement avec son fils. Le "mouvement naturel" est une merveille d'ingéniosité et de talent.

    À un niveau plus somatique (ou "vu de l'extérieur"), la prise de conscience des alignements vont permettre de nettoyer les tensions superflues en aidant un individu à se placer dans l'action avec vigueur et un plus grand confort.
    Dans de nombreuses circonstances (et avec des significations diverses), il y a des muscles qui se contractent comme par sympathie, par mimétisme en relation avec un muscle voisin. On dirait presqu'une zone du corps est dotée d'un seul muscle ! Dans la plupart des cas, même si l'intéressé prend conscience de cette anomalie, il n'arrive pas à la corriger dans l'immédiat. Il pourra le faire parfois après un long travail avec un professeur compétent en la matière, et avec la collaboration étroite et permanente de l'élève.

    La reconnaissance de la notion de verticalité accordée avec la relaxation du corps va permettre de sentir le poids (son ajustement) sur les appuis, et ainsi pouvoir dans une sensation de sens inverse, se charger entre autres choses, d'ajuster subtilement cette verticalité. Cet exercice est utilisé pour respecter une certaine naturalité gestuelle, et à une échelle de réalisation plus avancée, engendrer des "mouvements plus denses".

    Certains on l'habitude de présenter les techniques de l'aïkido en mettant en évidence ce qu'elles partagent. Les appuis et la destination d'une technique ou d'une attaque, en passant par "l'origine" sont les indicateurs qui permettent aux pratiquants de mettre en évidence l'importance du trajet, de la localisation du tout et des parties articulées, des appuis et de la conjugaison qu'on en fait avec la sensation que nous rendent les axes : ciel - terre, droite - gauche, avant - arrière.

    En abordant les procédures, les techniques présentent quelque chose de "mémoire statique". Par exemple, boire un verre d'eau respecte des facteurs presque permanant, comme le fait de toujours amener le verre à la bouche (et non vers l'œil [pour se référer au "contenu" ou sens de l'action et non pas se limiter au simple descriptif de l'action], en contrôlant le mouvement du liquide). Autour de quelques facteurs qui ont un sens, le mouvement s'adapte et se règle.

    Quand le corps devient apparemment un empêchement, l'enseignant doit éviter quand c'est possible de corriger de l'extérieur. Il doit tenter de susciter la correction et essayer de mettre en relation structurellement le mouvement pour que la correction commence à produire un effet percevable, qu'elle soit comprise, et appréhendé dans des circonstances diverses.
    S'il était possible de trouver une personne qui n'ai jamais vu et serré la main à quelqu'un, il devrait être initié avec délicatesse, de façon à l'éloigner de la concrétisation gestuelle point par point (comme un robot) qui ne laisse pas de place à l'individualité ou à la personnalité. Les procédures ou la technique peuvent être le "résultat" apparent de ce qu'une conduite révèle. L'important c'est d'entretenir la flamme qui fait vivre le geste.
    Pour vivre on ne met pas bout à bout des enchaînements de techniques. En simplifiant, on peut dire que notre vie est un enchaînement naturel et qu'il n'est pas nécessaire d'en faire une annonce. Nous naissons avec nos actions enchaînés (en succession) jusqu'à notre mort, tout ça d'une forme significative, suivant la personnalité de chacun, qui est habituellement attentive aux circonstances extérieures et intérieures.

    D'un autre côté quand le passé laisse des traces, le comportement peut être dérangé ou inhibé. La peur est également un autre frein. L'ignorance d'une saine réaction ou d'une procédure peut être aussi fatale.

    La technique d'aïkido doit être apprise et appréhendée comme un thème et non pas comme une "technique obligatoire". Chaque technique a un éventail d'alignements qui la distingue. C'est en cherchant à réaliser ce qui a été donné comme modèle, qu'un élève développera plus facilement la sensation concrète de ce qui lui échappe, et enfin un jour réaliser ce qu'on lui demande. Pour un enseignant expérimenté, il est assez facile de voire un élève se démêler avec ces difficultés, et de suivre ces progrès.
    Dans l'exécution d'une technique et d'une attaque donnée, il existe certaines façons conscientes ou non de la rendre instable, en quelque sorte par des formes irrégulières. Pour permettre l'apprentissage, nous devons prendre conscience de ces formes irrégulières, plus dans leur sens (une intention nette, sans parasitage, en vérifiant la concrétisation), que dans sa manifestation mécanique. Si ces formes irrégulières sont le résultat d'une anomalie spécifique, elle devra en premier lieu être abordée et corrigée à son propre niveau.

    Si l'on essaie de résoudre un problème de maths et que quelqu'un change l'énoncé avant que l'on termine, on n'y parviendra pas parce que l'on n'arrivera jamais à ressentir ce qui ne marche pas. Au début, il faut l'établir une liaison entre ce qui est demandé et ce qui est fait. On pourra changer l'énoncé du problème quand l'élève sera suffisamment lié pour s'en apercevoir au même instant et rectifier en marche son travail (en réalité, dans le temps, il n'y pas de retour en arrière possible). Ceci est fait pour apprendre, et non pas pour prouver une supériorité quelconque d'un des deux protagonistes.
    Aborder la relaxation et la respiration est aussi très important pour calmer l'agitation mentale. Pour ceux qui cherchent à pratiquer l'aïkido d'une façon intégrée, cette approche est indispensable.