• Comment Sharp est devenu le champion du mobile appareil photo



    En un peu plus de deux ans, Sharp a vendu plus de 10 millions de téléphones appareils photo. Après le Japon, l'électronicien mise sur une croissance en Europe et en Asie.

    Il aura fallu à peine plus de deux ans à Sharp pour devenir un acteur clef du marché de la téléphonie mobile. Parti de pratiquement rien à l'automne 2000, l'électronicien japonais a déjà vendu plus de 10 millions de téléphones mobiles appareils photo. Si, en volume, le groupe d'Osaka n'est qu'un acteur mineur comparé à Nokia (à peine 6 millions de terminaux écoulés l'an dernier, contre 152 millions pour son concurrent finlandais), il est numéro un du haut de gamme sur un marché du mobile qui se segmente. « Notre ambition n'est pas de courir après les parts de marché, mais de nous concentrer sur le haut et le milieu de gamme pour générer des profits », explique Masafumi Matsumoto, le patron de l'activité mobiles de Sharp, en faisant la démonstration d'un futur portable avec écran offrant un rendu d'images en 3D ou d'un autre, équipé d'une caméra dotée d'un logiciel de reconnaissance d'écriture, permettant d'enregistrer automatiquement une carte de visite ou un lien Internet dans un magazine renvoyant vers une publicité interactive.
    Le succès de Sharp est avant tout l'histoire d'une collaboration technologique réussie. « Nous cherchions un moyen de développer notre activité de composants et l'opérateur japonais J-Phone cherchait, lui, à lancer de nouveaux services pour se différencier face au géant NTT DoCoMo. Ensemble, nous avons pu créer ce nouveau marché », se souvient Masafumi Matsumoto.
    Le succès de J-Phone
    Réussite marketing phénoménale, le service photo _ dit « sha mail » _ de J-Phone a permis à Sharp de doubler sa part de marché au Japon l'an dernier. Devenu avec environ 14 % du marché, numéro trois dans l'Archipel, Sharp contrôle en fait plus d'un tiers du segment des téléphones appareils photo (36,2 %, contre 12,9 % pour le numéro deux, Sanyo, selon le cabinet d'études Gartner). Devenu crédible grâce au succès de ses produits pour J-Phone, Sharp a eu, en outre, l'honneur en 2002 de devenir pour la première fois l'un des fournisseurs officiels du poids lourd japonais DoCoMo, trouvant ainsi un nouveau relais de croissance. Mais l'électronicien, qui a vendu 5,5 millions de téléphones au Japon l'an dernier, mise désormais sur des ventes stables au niveau domestique. « Il existe avec les téléphones appareils photo à 1 mégapixel un marché du renouvellement », précise Masafumi Matsumoto, mais la priorité est maintenant l'international. « Nous espérons faire mieux que notre objectif, qui est de doubler nos ventes internationales, à 1,5 million d'unités », détaille le manager.
    Pour s'imposer hors de ses frontières, ce groupe aux ressources limitées a décidé d'être sélectif. Il s'est d'abord associé, en septembre dernier, à Vodafone, l'opérateur britannique devenu principal actionnaire de J-Phone, à qui il a fourni des téléphones pour son service Vodafone Live. « S'adapter au standard GSM et travailler pour tous les réseaux de Vodafone a représenté un challenge considérable », souligne-t-il. Dans les mois qui viennent, le groupe va tenter de croître en Asie (il a conclu un partenariat industriel et commercial en Chine avec le groupe Datang), et il prépare sans doute le lancement de terminaux « i-mode » pour le marché européen.

    BARROUX David
    Les echos du 06/06/2003