• Prisons japonaises



    Le Japon est un pays très sur. Tous le monde a déjà entendu cela.
    C'est vrai. Le Japon est le pays du monde qui a le plus bas taux de criminalité, mais à quel prix ...

    Les organisations étrangères des Droits de l'Homme, critiquent depuis longtemps les prisons japonaises.

    En effet, si ailleurs dans le monde, être condamné à trois mois de cellules de confinement (plus communément appelées "trou") est déjà un record, dans les pénitenciers japonais celà peut vite devenir un véritable enfer pouvant durer des années.

    Yuichi Kaido, juriste et représentant du Centre pour les Droits de l'Homme dans les prisons, dit :
    A l'étranger, on gardera rarement plus de trois mois un prisonnier au trou (...) mais il y a au moins 30 prisonniers dans les prisons japonaises qui sont en cellules de confinement depuis au moins 10 ans . Et au moins 1 prisonnier y est enfermé depuis 39 ans.
    (...) Habituellement, ici, une condamnation au trou dure 6 mois, mais la peine peut être prolongée tous les 3 mois à la discrétion du directeur de la prison.

    Le code pénal japonais fut rédigé en 1909 et ses règles concernant les cellules de confinement n'ont pas changées depuis ce temps. Les prisonniers doivent être totalement séparés des autres détenus. Il leur est interdit de prendre part aux tâches quotidiennes de la prison. On se contente de leur donner des tâches serviles à faire dans leurs petites cellules.

    M. Kaido continue :
    Ils peuvent seulement quitter leurs cellules pour les bains, les exercices et les visites.
    Les bains sont de minuscules et sordides zones individuelles, et ils ne sont autorisés à prendre des bains que 2 ou 3 fois par semaine.
    On ne leur alloue que 30 minutes pour les exercices.
    Ils ne peuvent pas faire de sport, comme jouer au foot ou au baseball, contrairement aux autres prisonniers, mais à la place ils doivent marcher en rond dans un zone minuscule appelée torikoya (cage à poule).


    Parler sans permission est strictement interdit et c'est s'exposer à une réprimande/amende.<br />
    Les détenus en cellules de confinement ne sont pas autorisés à prendre part aux activités récréatives de la prison comme les projections de films.

    Tant de cas de maladies mentales ont été causées du fait de l'enfermement dans ces cellules et de l'interdiction faite de communiquer avec les autres. ajoute M. Kaido.
    Dans certains cas, les gens ont perdu la raison, et invariablement cela se termine mal.


    Il est de notoriété publique qu'il est difficile de programmer une visite de prisonniers envoyés au trou à moins bien sur d'être très influent.
    En outre, il existe au moins un cas où on a refusé la visite à un membre de la Diète (le parlement japonais) parce que les autorités de la prison avaient estimé que le politicien n'était pas assez renommé.

    Le Japon a 58 prisons pour les criminels adultes, parmi lesquelles 5 admettent ouvertement détenir plus de 1 prisonnier ayant été en cellules de confinement. Certaines prisons refusent même de commenter le statut de leurs détenus.
    D'autres se défendent même en arguant que tout état de détention engendre fatalement de la solitude.

    Les responsables de la prison de Gifu ne cherchent même pas à justifier le fait que, chez eux, 6 hommes sont gardés au trou depuis au moins le début des années 90.

    Pour être tout à fait franc, nous ne voulons pas les garder en cellules de confinement. Comme partout au Japon, la prison de Gifu contient plus de prisonniers que ce pourquoi elle a été construite à l'origine. Nous serions ravi de remettre les détenus des cellules de confinement avec le reste de la population carcérale,
    dit un porte-parole de la prison de Gifu.

    Vous devez bien noter que certains prisonniers ne veulent pas partir. Et d'autres, comme ceux devenus séniles, ou ceux qui sont violents, ne peuvent pas reintégrer le corps des autres prisonniers parce qu"ils ne se sentiraient tout simplement pas chez eux.
    Nous ne pensons violer les Droits de l'Homme de qui que ce soit
    .

    A la lumière de cet article, on ne peut que frémir à l'idée d'avoir à faire à la justice au Japon !

    Source : Mainichi Daily News, le 6 février 2003.
    Texte commenté et traduit de l'anglais par ... Yatta