• L'extraordinaire aventure du Butsuzô zui

    La rencontre de l'Europe et du bouddhisme japonais au XIXe siècle

    En Europe, ce sont les missionnaires catholiques qui, au XVIe siècle, ont été les premiers à décrire la religion japonaise. Ils écrivirent d'importants rapports sur la religion des Japonais, mais leurs postulats et préjugés, en tant que chrétiens, furent parfois à l'origine de graves erreurs d'interprétation.

    Au XVIIe siècle, le gouvernement Tokugawa ferma le Japon aux Occidentaux, de sorte que l'information sur le pays se raréfia considérablement en Europe. Au XVIIIe siècle, la seule source d'information fiable sur le Japon était <i>l'Histoire du Japon </i> écrite par un Allemand, le docteur Engelbert Kaempfer (1651-1716). Toutefois, le chapitre de ce livre relatif à la religion traitait essentiellement du shintô et, de façon très succincte seulement, du bouddhisme.

    Aussi l'Europe n'a-t-elle pas su grand-chose du bouddhisme japonais jusqu'au XIXe siècle.
    Philipp Franz von Siebold (1796-1866) fut le premier érudit à s’être efforcé d'en donner une représentation objective. Il n'y arriva cependant pas, tant les concepts de ce système étaient éloignés des idées que l'on se faisait de la religion en Europe. Sa principale source d'information sur le bouddhisme fut le Butsuzô zui [Recueil d'images bouddhiques], un guide populaire d'images bouddhiques contenant plus de huit cents figures, de Ki no Hidenobu. Siebold ne se servit que de quelques parties du Butsuzô zui pour son livre, le Nippon, et laissa à son assistant, Johann Joseph Hoffmann ( 1805-1878 ), le soin de l’étudier.


    Hoffmann révisa la traduction allemande et y ajouta de volumineuses notes renvoyant aux sources indiennes et chinoises. Il publia sa traduction sous forme d'appendice au Nippon de Siebold.

    Bien que la traduction du Butsuzô zui de Hoffmann fût le premier ouvrage savant sur le bouddhisme japonais, il passa alors presque inaperçu. Émile Guimet ( 1836-1918 ), le fondateur du Musée Guimet, qui contient la plus vaste collection d'arts religieux asiatiques en France, fut probablement le seul à s'être intéressé aux travaux de Hoffmann. Quand il arriva au Japon, il entreprit sa collection en utilisant comme guide le Butsuzô zui dans la traduction de Hoffmann. Il put ainsi rassembler, de façon systématique, de belles statues bouddhiques au cours d'un bref séjour.
    Nous allons voir ci-après comment la compréhension du bouddhisme japonais, qui peut servir d'exemple pour la compréhension d'autres cultures, évolua au cours du XIXe siècle en Europe.

    Siebold et le bouddhisme japonais

    De 1639 à 1854, au cours de l’époque d'Edo, le Japon était fermé aux étrangers et seuls les marchands hollandais étaient autorisés à résider à Nagasaki. Siebold était un médecin allemand qui, en se faisant passer pour Hollandais, put séjourner dans cette ville de 1823 à 1829. Au cours de cette période, il ouvrit l'école Narutaki et fut le professeur de jeunes étudiants japonais plus soucieux d'étudier les sciences occidentales récemment introduites que les sciences chinoises et japonaises traditionnelles.

    Ces étudiants devinrent des dirigeants du mouvement progressiste de la fin de la période Tokugawa.

    En outre, Siebold avait reçu pour instruction du gouvernement hollandais de collecter des renseignements sur le Japon. Il rassembla de nombreux documents et demanda à ses étudiants japonais de présenter des rapports sur divers aspects de la culture japonaise en hollandais. Comme il ne lisait pas le japonais, ses étudiants étaient des sources d'information irremplaçables. Il s'intéressait à la fois à la nature et à la société du Japon.

    En 1828, il fut accusé d'avoir essayé de sortir du pays un certain nombre d'objets interdits à l'exportation, notamment une carte du Japon éditée dans le pays. Certains de ses étudiants furent emprisonnés et lui-même fut expulsé. À son retour en Allemagne, il publia, de 1832 à 1851, le Nippon, un ouvrage encyclopédique en vingt volumes sur le Japon.

    Les religions du Japon sont décrites dans le cinquième volume du Nippon, intitulé Le panthéon japonais, qui comprend trois chapitres :
    le premier est une présentation générale des religions japonaises, le deuxième est consacré au shintô et le troisième au bouddhisme. L'ouvrage a aussi un appendice, « Le panthéon bouddhique au Japon »
    (Buddha-Pantheon von Nippon), qui est la traduction allemande du Butsuzô zui de Hoffmann.

    Siebold était attiré par le shintô, religion simple qui avait ses origines dans l'ancien Japon et qui rejetait les idoles. En revanche, il avait une opinion critique du bouddhisme, dans lequel il distinguait deux niveaux :
    un type supérieur et un type inférieur. Le premier était philosophique et fondé sur le concept de « vacuité ». Le second était un culte populaire d'idoles, que Siebold qualifiait de polythéisme sacrilège.

    La principale source d'information sur laquelle se fondait Siebold pour expliquer le type inférieur de bouddhisme était le Butsuzô zui. Il retint trois personnages comme exemples d'idoles bouddhiques : Fu-daishi, Shakyamuni et Amida.

    Shakyamuni est le fondateur du bouddhisme et Amida est le bouddha le plus populaire au Japon, mais qui est Fu-daishi ?

    Il n'est connu que par les spécialistes de l'histoire bouddhiste. C'est un laïc bouddhiste qui vivait au VIe siècle en Chine et qui aurait été l'inventeur des bibliothèques rotatives d’écritures bouddhiques. Ce n'est pas une divinité populaire et il ne méritait certainement pas une place aussi éminente dans une introduction au bouddhisme.

    Pourquoi a-t-il un rôle aussi important dans l'explication du bouddhisme donnée par Siebold ?

    Il fut choisi uniquement parce qu'il apparaissait au début du Butsuzô zui.
    Les observations de Siebold sur Fudaishi ne sont qu'une traduction de la description faite dans le Butsuzô zui.

    Mais pourquoi ce personnage apparaît-il au début de cet ouvrage ?

    Probablement parce qu'il était considéré comme un protecteur des écritures bouddhiques et du bouddhisme. En fait, les trois divinités choisies par Siebold étaient tout simplement les trois premières mentionnées dans le Butsuzô zui. Presque toutes les explications du bouddhisme données par Siebold étaient des traductions et des résumés de divers passages du Butsuzô zui.

    Son chapitre sur la religion contenait même une table des matières de ce même ouvrage sous forme de note.
    Le Butsuzô zui était un guide populaire sur les images bouddhiques, qui contenait de nombreuses illustrations d'un peintre nommé Ki no Hidenobu.

    Il fut publié pour la première fois en 1690, mais la version augmentée en cinq livres, qui fut publiée en 1783, devint très connue et fut réimprimée plusieurs fois. C'est cette version que Siebold utilisa.
    En dépit de sa popularité, le livre n’était pas tenu en haute estime au Japon et n'avait jamais fait l'objet de recherches spécialisées, car il ne s'agissait ni d'un ouvrage savant ni d'une oeuvre religieuse profonde.

    Si l'on y trouvait des personnages bouddhiques orthodoxes tels que Shakyamuni et Amida, y figuraient aussi des divinités populaires comme les Sept Dieux de la Bonne Fortune. L'ouvrage doit être considéré comme une encyclopédie de la religion populaire pendant la période d'Edo.
    La décision de Siebold de se fonder sur cet ouvrage pour expliquer le « type inférieur » du bouddhisme japonais était justifiée. Toutefois, il ne réussit pas à donner une image exacte du bouddhisme japonais.
    La section de son livre consacrée à celui-ci était fragmentaire et sans vision globale.

    Pourquoi Siebold ne put-il pas comprendre le bouddhisme ?

    Ce qu'il appelait les types supérieur et inférieur de la doctrine bouddhiste n’était pas aussi clairement dissocié qu'il le pensait. S'il n'avait pas compris le type supérieur, il ne pouvait pas donner une représentation correcte de la religion populaire. Pour Siebold, le « type supérieur » du bouddhisme japonais semble avoir été la philosophie zen fondée sur le concept de « vacuité », qui était une forme de bouddhisme déjà connue au XVIe siècle grâce aux rapports de missionnaires chrétiens.

    Selon ces rapports, un des principaux sujets de débat entre les moines bouddhistes et les missionnaires chrétiens avait trait aux mérites respectifs des enseignements relatifs à l'existence de Dieu et au principe ultime de vacuité.
    Siebold ne semble pas avoir bien compris cette philosophie de la vacuité et n'en a pas développé l'explication.

    Elle était si éloignée de la théologie chrétienne qu'il fallut attendre le XXe siècle pour que la philosophie zen de la « vacuité » fût connue grâce au prosélytisme de D. T. Suzuki.
    On voit combien il est difficile de comprendre une religion différente de la sienne.

    En ce qui concerne le type inférieur, Siebold le considérait avec un préjugé défavorable parce qu'il était polythéiste et hétérodoxe. Son mépris à l’égard du bouddhisme populaire procédait en partie de la tradition monothéiste chrétienne. En outre, ses informateurs sur le Japon -ses étudiants- appartenaient presque exclusivement à la classe des guerriers (samouraïs) et voyaient dans le bouddhisme populaire une forme de superstition. Comme ils ne comprenaient pas très bien le bouddhisme populaire, Siebold ne pouvait obtenir d'eux de bonnes informations sur ce dernier.
    C'est pourquoi, ne pouvant exploiter valablement le Butsuzô zui, il demanda à son assistant Hoffmann de l’étudier de façon approfondie.

    Hoffmann et le Butsuzô zui

    Johann Joseph Hoffmann était un personnage très intéressant. Né à Wurzburg, tout comme Siebold, il avait été chanteur dans sa jeunesse. Lorsqu'il rencontra Siebold dans un hôtel d'Anvers, en 1830, il fut intéressé par son discours sur le Japon et devint son assistant. À force d'étude, il parvint à maîtriser très vite le japonais et aida Siebold à achever son grand ouvrage, le Nippon. Il devint le premier professeur de japonologie à l’Université de Leiden et publia un livre sur la grammaire japonaise en1868.

    Outre la traduction en allemand du Butsuzô zui, le « Panthéon bouddhique du Japon » (Das Buddha-Pantheon von Nippon), il réalisa aussi celle du Wanenkei [Tableau chronologique de l'histoire du Japon], du Senjimon [La leçon des mille lettres] et d'autres oeuvres. Siebold était un esprit encyclopédique qui s'intéressait aux sciences naturelles comme aux sciences humaines et qui était davantage porté sur le travail de terrain que sur la philologie. En revanche, Hoffmann était un philologue qualifié. Il n'avait jamais mis les pieds au Japon et ne connaissait pas le japonais parlé, n'ayant étudié cette langue que dans les textes classiques. Cette différence entre les deux intellectuels fut l'un des facteurs du succès de leur coopération.

    Les différences entre les deux personnalités reflètent l’évolution des études orientalistes dans l'Europe du XIXe siècle. Les études philologiques des classiques indiens et chinois avaient commencé au milieu du XIXe siècle, succédant aux études sur le terrain. L'étude du bouddhisme indien commença avec celle des manuscrits rapportés du Népal par Houghton Hodgson. Ce dernier publia Illustration of the Literature and Religion of Buddhism en 1841.
    Eugène Burnouf étudia le bouddhisme avec ces manuscrits et publia Introduction à l'histoire du bouddhisme indien en 1845. La bouddhologie européenne a donc vu le jour dans les années 1840.

    Le volume du Nippon sur la religion fut publié entre 1832 et 1839, mais la traduction du Butsuzô zui par Hoffmann parut en 1852. La bouddhologie européenne naquit juste entre ces deux publications. La méthodologie de Hoffmann était similaire à celle des travaux philologiques sur le bouddhisme indien mentionnés plus haut ; en fait, Hoffmann y faisait référence dans ses notes.

    Le texte de Hoffmann n'est pas une simple traduction ; il est aussi le résultat de son étude comparative des religions. Son livre comprend de nombreuses notes et des comparaisons des divinités japonaises avec celles mentionnées dans les sources indiennes et chinoises. Étonnamment, Hoffmann, qui n’était pas spécialiste des religions, appréhenda si bien les religions indienne et chinoise que sa traduction et ses notes restent pertinentes encore aujourd'hui. Il mit tant d'enthousiasme dans cette tâche qu'il composa lui-même les lithographies pour les illustrations.

    Malheureusement, ses travaux furent pendant longtemps ignorés. En fait, à l'exception d’Émile Guimet, comme on le verra plus loin, personne n'accorda beaucoup d'attention à cette grande oeuvre. Il y a à cela deux raisons.
    En premier lieu, le Butsuzô zui, incorporé dans le Nippon de Siebold, n'avait pas été publié séparément.
    En deuxième lieu, le Butsuzô zui n’était pas un classique que chacun se devait de lire mais seulement un guide populaire. Ce n'est que récemment que la valeur de cette oeuvre a été reconnue.

    Incidemment, les manuscrits de Siebold et d'autres qui furent utilisés pour composer le Nippon sont conservés à l'Université de la Ruhr à Bochum, en Allemagne. J'ai eu l'occasion d'étudier deux manuscrits se rapportant au Butsuzô zui en 1997. L'un (M1) est une traduction en allemand de l'ensemble du Butsuzô zui copiée par Siebold et l'autre (M2) est la version révisée des sections relatives à Shakyamuni et à Amida écrites par Hoffmann.
    En fait, le traducteur du premier manuscrit n'était pas Siebold puisqu'il ne pouvait lire le japonais.

    J'ai découvert que ce texte avait d'abord été traduit en hollandais par Yoshio Chûjirô (1788-1833), un
    interprète de japonais et de hollandais de Nagasaki, étudiant à l’école Narutaki. Sa loyauté à l’égard de Siebold lui valut d'être arrêté en 1828 pour l'avoir aidé à « espionner », puis d'être privé du droit d'exercer et exclu des activités sociales. Ce fut là la première étape.

    La deuxième étape fut la traduction de la version hollandaise en allemand. Le traducteur aurait pu être Siebold, mais il est plus probable qu'il se fût agi de Bürger, un de ses assistants allemands. Le manuscrit M1 n'est pas le premier manuscrit, mais une copie de la version définitive au propre.

    La troisième étape fut la révision des parties écrites par Hoffmann sur Shakyamuni et Amida (M2). J'ai constaté que certaines des explications de Siebold sur ces deux personnages dans le Nippon étaient pratiquement les mêmes que celles données dans la version révisée de Hoffmann. Cela signifie que Siebold avait utilisé dans certains cas la traduction de ce dernier.

    La dernière étape fut la traduction de Hoffmann et sa publication. Cette dernière traduction est différente de M1 comme de M2. Hoffmann l'avait révisée à nouveau et avait complété la version finale.
    Ainsi, quatre personnes Å Yoshio, Bürger, Siebold et Hoffmann Å furent impliquées dans la traduction au cours de ses multiples révisions. On voit donc avec quelle minutie le texte fut étudié. La dernière version établie par Hoffmann est donc une oeuvre de grande valeur.

    Guimet et le Butsuzô zui


    C'est Émile Guimet qui se pencha sur l'oeuvre de Hoffmann, alors même qu'elle avait été oubliée de tous. Le père de Guimet était un inventeur habitant Lyon qui était devenu très riche grâce à la découverte d'une teinture artificielle. Émile avait repris les affaires de son père mais il s'intéressait, depuis son jeune âge, aux religions orientales. Il voyagea au Japon, en Chine et en Inde en 1876 et 1877, collectionnant de nombreux objets religieux d'Asie. Ce fut la base du Musée Guimet (le Musée national des arts asiatiques Guimet), le plus beau musée français d'arts religieux asiatiques.
    Guimet ne resta au Japon qu'environ deux mois. Arrivé à Yokohama le 26 août 1876, il visita Tôkyô, Kamakura et Kyôto, et il partit de Kôbe au début de novembre. Il a laissé un récit de son voyage intitulé Promenades japonaises, rendant clairement compte de ses activités au Japon. Il visita de nombreux sanctuaires et temples, rencontra de nombreux prêtres et moines et acheta de nombreuses images bouddhiques et shintô.

    À cette époque, les temples japonais, à la suite de la restauration de Meiji en 1868, étaient totalement désorganisés et misérables. Au début de l'ère Meiji, un mouvement de persécution du bouddhisme était apparu et le gouvernement Meiji avait ordonné la séparation du bouddhisme et du shintô.
    Jusqu'alors, la religion populaire au Japon était un mélange syncrétique de bouddhisme et de shintô. Cette décision sema le trouble dans les temples et institutions funéraires. De nombreuses représentations de bouddhas, échappant à la destruction, furent vendues à très bas prix.

    Guimet put ainsi en acheter facilement. La plupart des images et statues qu'il collecta étaient assez récentes, datant de la période d'Edo, après le XVIe siècle, et avaient peu de valeur du point de vue de l'histoire de l'art.
    C'est pourquoi, pendant longtemps, sa collection ne fut pas bien appréciée. C'est le regretté professeur Bernard Frank, du Collège de France, le plus éminent japonologue français, qui en découvrit l'importance pour la compréhension de l'histoire de la religion populaire au Japon aux XVIIe et XIXe siècles.

    Guimet avaient rassemblé de nombreuses images de divinités n'appartenant pas à la religion bouddhiste orthodoxe, mais qui faisaient l'objet dÅfun culte populaire. Elles sont très utiles pour éclairer de nombreux aspects de la religion populaire.

    Comment Guimet put-il rassembler plus de deux cents belles représentations du bouddhisme populaire ?

    Il ressort des recherches du professeur Frank qu'il s'y est pris en s'inspirant du Butsuzô zui, sur la base de la traduction de Hoffmann. Manifestement, il avait reconnu la valeur du livre. Sa collection contient un exemplaire du Nippon de Siebold, qui comprend la traduction de Hoffmann, et deux exemplaires du texte original du Butsuzô zui en japonais. Il avait ajouté les numéros et les noms romanisés des images dans l'un des exemplaires.

    C'est bien la preuve quÅfil avait utilisé ce texte pour établir sa collection. Il est tout à fait normal qu'il ait lu le Nippon avant son voyage au Japon et qu'il ait trouvé un bon guide dans la traduction du Butsuzô zui de Hoffmann. Les travaux de celui-ci, ignorés par les érudits de l’époque, ont été redécouverts par la personne qui pouvait en faire le meilleur usage. Si Guimet ne les avait pas connus, sa collection n'aurait pas été aussi systématique.

    Le professeur Frank, qui découvrit l'importance de la collection de Guimet, longtemps oubliée à l'exception de quelques rares antiquités, en restaura l'exposition sous sa forme originale. Il publia aussi un catalogue détaillé de la collection, qu'il intitula Le panthéon bouddhique au Japon (1991), le titre même de la traduction de Hoffmann. C'est ainsi que le projet qu'avaient Hoffmann et Guimet au XIXe siècle de décrire le bouddhisme populaire au Japon fut mené à bien par un des plus grands érudits du XXe siècle.

    Conclusion

    D'après de nombreuses recherches, il apparaît que l'Europe a commencé à connaître le bouddhisme japonais pour la première fois au XIXe siècle. À cette époque, le Butsuzô zui, un guide populaire d'images bouddhiques publié pour la première fois en 1690 et révisé en 1783 à Edo, était la meilleure source d'information sur le sujet. Siebold et ses assistants furent les premiers Européens à s’intéresser au texte.

    La traduction de Hoffmann fut particulièrement importante et fut exploitée par Guimet. C'est ainsi que les cultes populaires du bouddhisme japonais purent être connus de l'Europe. Toutefois, ces initiatives auraient été oubliées sans les efforts du professeur Frank au cours des dernières années.

    Enfin, il convient de mentionner un autre problème. Même Hoffmann, malgré tous ses efforts pour appréhender le bouddhisme japonais, ne comprit pas réellement les doctrines philosophiques du bouddhisme ; en fait, il interpréta mal certains points de doctrine importants du Butsuzô zui.

    D. T. Suzuki présenta pour la première fois la fascinante philosophie zen de la vacuité, le « type supérieur » du bouddhisme japonais, au monde européen. Récemment, certains spécialistes ont critiqué son interprétation de cette philosophie zen, la qualifiant de trop moderne.

    On voit que la difficulté de comprendre une religion différente de la sienne est telle que pour y parvenir, il faut toujours des efforts prolongés et la coopération de nombreuses personnes.

    Source : F. Sueki Universté de Tokyo

    Plus d'info sur :
    Siebold Memorial Museum
    Musee national des des arts asiatiques Guimet
    Johann Joseph Hoffmann : http://www.kufs.ac.jp/toshokan/50/hoff.htm