• J'ai assisté à une représentation de théatre Nô



    Ce dimanche 22 septembre au soir, j'ai eu la chance d'assister à une représentation de théatre Nô ( 能楽 ).
    La représentation commençait à 18h30. Elle se déroulait en plein air et donc en pleine nuit sur une des places de mon village (Ikaruga).
    Le spectacle était gratuit (un cas rare au Japon). Le décor était très sobre mais efficace. Derrière la scène se trouvait un drap blanc orné par endroits d'un symbole japonais (kamon 家紋) qui représente le théâtre Nô (je crois). Il était déployé pour cacher ce qu'il y avait derrière et pour servir de décor.
    Il y avait aussi quatre fausses et énormes tiges de bambou avec au sommet des lampions de style traditionnel et de petits projecteurs étaient accrochés au bout de ceux-ci. Devant, il y avait deux grosses torches qui donnaient un petit coté rupestre a l ensemble. Bref, c'était très joli !

    Il y avait beaucoup de monde, ce qui fait que de nombreuses personnes sont restées debout.

    Pour commencer, le Shichô 市長 (équivalent du Maire) a fait un petit discours (ne me demandez pas ce qu il disait, je n'ai rien compris, excepté que l'année prochaine le spectacle serait payant et qu"il fallait donc en profiter ce soir. Ce qui fit sourire le public).
    Ensuite une autre personne est venu nous parler à son tour.

    Après les applaudissements du public pour ces messieurs, une femme en kimono est venue sur scène donner le programme de la pièce et le spectacle commença.

    Le déroulement :

    Tout d abord, onze personnes arrivèrent sur scène habillées de kimonos (pour hommes) très classiques, avec à la place des katanas, un éventail plié. Huit de ces monsieurs se sont mis à genoux à droite (position basique du Japonais dans un dojo せいざ), puis les trois autres se mirent au centre. Ils avaient chacun un instrument : l'un d'eux avait un tambour qu'il posa sur ses genoux ; un autre utilisait un tambour plus léger qu'il posa sur son épaule gauche, et enfin un flûtiste. Etils se mirent a jouer.


    Quand ils ne jouaient pas, les musiciens chantaient (dont un qui faisait régulièrement une sorte de voix basse d'accompagnement) en faisant des “Ohhhhhh Yooooo Ouuuu..."

    Puis un homme dans le même costume arriva de derrière la scène et se mit devant les musiciens pour danser avec son éventail de façon lente et solennelle. Puis un autre homme arriva et le remplaça au même poste avec à chaque fois, des applaudissements du public. Enfin, un troisième acteur concluait cette scène. Les gestes étaient très lents et brefs, mais on sentait la maîtrise du geste et la fierté du danseur dans chaque mouvements.

    Puis la dame en kimono est revenue et le spectacle repris après son discours. Un homme entra sur scène par le côté gauche où une sorte de porte en toile qui avait l'apparence d'une bâche se levait à chaque fois qu'un personnage important rentrait sur scène. Il était habillé d'un kimono un peu plus "sophistiqué" et parlait en faisant des grimaces et des pirouettes. Il parlait en vieux japonais et de facon bizarre en "OHHHH yooooooo Ouuuuuu..".

    De temps en temps, le public rigolait par rapport à son texte (je n'ai bien sur absolument rien compris des dialogues du spectacle).

    Un homme arriva sur scène, c'était un Bushi (ce qui était dommage malgré que les costumes soient magnifiques, c est qu'aucuns des artistes n'avait de coiffure d'époque... c'était encore plus frappant pour le Bushi). Le guerrier dégaina son sabre somptueux et voulut tuer l'homme “comique” qui se défendait en chantant ses phrases, ou en se mettant dans des positions ridicules pour que le Bushi aie pitié de lui. A la fin, l'homme s'enfuit, pourchassé par le Bushi.

    La dame en kimono revint pour la dernière fois et le spectacle repris.
    Les hommes en kimono classiques revinrent au même endroit ainsi que les musiciens.
    Un homme entra sur scène habillé en kimono totalement vert et tout en ayant une mitre verte sur la tete (qui ressemblait un peu a celle du Pape), le personnage chantait, accompagné de temps en temps par les musiciens et le chant des choristes à genoux.
    La porte de toile s'est alors ouverte et un personnage féminin arriva, vêtu d'un somptueux kimono orange, en marchant d'un pas très lent. En réalite, c était un homme (il n y a que des hommes dans le théatre Nô) caché sous un masque représentant un visage féminin. Mais de loin on aurait vraiment cru à une femme sauf que quand il se mit à faire un duo avec l'homme en vert, c'était bien la voix puissante d'un homme : "Ohhhh Yoooo... Ouuu...”.

    La femme prit un Niganata (lance japonaise) et se mit à faire des kata sur scène. C'était assez bizarre car après 15-20 minutes de duo accompagnés de gestes lents, elle s'élança dans des kata en faisant de nombreux gestes vifs et brusques, ce qui donnait un style particulier à la démonstration de Naginata.

    Durant cette période, je ne sais pas pourquoi, mais quelques japonais sont partis...

    Après les katas et quelques chants (toujours, toujours dans le meme style), la femme se mit dos à nous, à genoux, et un homme (l'un des danseurs du début) lui changea son costume devant nous, le tout d'une rapidité exemplaire ! Son kimono devint blanc, elle changea de perruque et comme accessoire, elle avait un chapeau noir façon "Ninja". Et elle se remit à danser. Puis, elle repartit comme elle était venue en faisant de tout petits pas. Pendant ce temps l'homme qui ne voulait pas se faire tuer auparavant (donc il a réussi a échappe au bushi, ce malin !) revint et se remis à compter, accompagné des musiciens et de l'homme en vert qui avait rejoint les choristes qui participaient eux aussi à ce dernier acte.

    Puis le spectacle se termina. Il dura exactement deux heures.
    Après les applaudissements du public, une voix féminine nous remercia de notre présence et nous conseilla d'être très prudent sur la route du retour puis nous salua.

    Mon avis :

    Je pensais vraiment m'ennuyer durant ce spectacle, mais j'ai finalement passé un bon moment. Parfois je pensais à autre chose et les chants, la musique accompagnaient mes pensées d'un fond sonore bien agréable. Je fut aussi étonné par le fait qu'il n'y aie que très rarement de la musique, et de plus, ce peu de musique fut très basique. Donc c'est bien du théâtre et non de l'Opéra "à la japonaise" comme je me l'étais imaginé.
    Mon père d accueil m'a dit que j'avais beaucoup de chance d'assister à ce genre de représentation car c'est quelque chose d'extrêmement rare dans la campagne et que nombreux de ses amis japonais n'y avaient jamais assisté.
    Ce qui est dommage aussi, c'est qu'il n'y avait qu'un personnage féminin. Je m'attendais à en voir beaucoup plus.

    Une expérience à renouveler!