• Les touristes japonais voyagent autant qu'autrefois



    (avant le 11 sept.)... sauf vers les Etats-Unis Par Françoise KADRI TOKYO, 8 sept (AFP) -

    Les touristes japonais, traditionnellement dépensiers et qui sont 17 à 18 millions à voyager chaque année, ont repris leurs paquetages et recommencé à visiter le monde presqu'autant qu'avant les attentats du 11 septembre 2001 mais ils ont tendance à bouder les Etats-Unis. <!--more--> L'engouement des voyageurs nippons pour l'étranger, brutalement refroidi par les attaques terroristes aux Etats-Unis il y a un an, est pratiquement revenu à son niveau normal, ont affirmé à l'AFP les représentants du secteur.

    Pour septembre-octobre, en se basant sur les réservations enregistrées fin août, le recul du nombre de départs n'est que de 6% par rapport aux réservations répertoriées un an plus tôt (avant les attaques), selon l'association des tours opérateurs JATA. A comparer à une chute de 54,6% en novembre 2001, le plus mauvais mois après les attentats.

    "L'industrie du voyage se redresse mois après mois et d'une manière générale, le secteur s'est bien repris à l'exception du continent américain", a déclaré le président de l'Association des agents de voyage du Japon (JATA), Koji Shinmachi. Le taux de départ vers les Etats-Unis et le Canada reste inférieur de 30% environ à la normale.

    Les tours opérateurs pensent que les Japonais ne redoutent plus vraiment le terrorisme mais ont pris l'habitude depuis le 11 septembre de privilégier des destinations plus proches et moins chères, comme l'Asie. Selon M. Shinmachi, "les gens qui allaient à Hawaï ont opté pour Saipan ou l'Asie afin de faire des économies".

    "Il n'y a plus d'effets du terrorisme ces derniers temps. Les destinations comme les Etats-Unis, Hawaï et Guam étaient déjà en phase de ralentissement avant, ce qui montre que la récession aussi est un facteur", a confirmé Hiroshi Ueno, porte-parole de la plus grande agence nippone, Japan Travel Bureau (JTB).

    Pour M. Shinmachi du JATA, l'intérêt pour l'Amérique du nord ne pourra revenir à ses niveaux antérieurs (5 millions de visiteurs japonais en l'an 2000 face à 2,4 millions en Europe, 8,5 millions en Asie et 1,28 en Océanie) qu'avec la mise en place d'une nouvelle stratégie commerciale.

    "Les touristes japonais vont aux Etats-Unis pour deux raisons, Las Vegas et les parcs à thèmes. La plupart des parcs à thème ont des répliques au Japon et les Japonais ne vont pas deux fois à Las Vegas jouer au casino. Il faut commercialiser d'autres charmes de l'Amérique tels que ses vastes espaces naturels", selon lui.

    Toutefois, pour Yasuo Taki, porte-parole de la compagnie aérienne ANA, le mauvais score américain dépend des "facteurs économiques" mais aussi de motivations psychologiques comme la crainte d'une campagne militaire américaine en Irak.

    Pour le moment, les destinations les plus courues sont la Chine, en plein boom depuis deux ou trois ans car considérée comme un pays sûr, l'Europe, en raison de sa diversité culturelle et son histoire, et l'Océanie avec en premier lieu l'Australie.

    "Le marché est en reprise surtout pour les destinations proches, grâce aussi à l'ouverture depuis avril de la deuxième piste de (l'aéroport de Tokyo) Narita", a souligné Jean Silvestre, directeur de la Maison de la France au Japon et coordinateur pour l'Asie de la promotion du tourisme en France.

    Selon M. Silvestre, "la reprise du secteur devrait se poursuivre à l'automne tirée par les voyages des séniors et les voyages d'affaires". Mais l'Europe est un peu handicapée par rapport à l'Asie.

    "Les problèmes de conjoncture, la baisse comprise entre 2,7 et 4,4% des primes (d'été), un taux de change yen/euro défavorable, tout cela ne favorise pas l'Europe", a-t-il constaté, en notant que la France est la première destination européenne des Japonais. Cependant, l'Europe "garde un potentiel important", selon lui et "on assiste à une diversification puisqu'on voit des Japonais en Bretagne ce qui n'était pas le cas il y a trois ans".