• Découverte d'une faille dangereuse non loin de la côte Pacifique du Japon



    Une équipe de recherche japonaise vient d'identifier une faille sous-marine capable de déclencher dans le centre du Japon de violents tremblements de terre et raz de marée, ont annoncé vendredi des chercheurs.

    Le Centre japonais des Sciences et Technologies marines (JAMTEC) a découvert une faille formant une branche issue d'une faille géologique majeure déjà connue, sur le fond de l'Océan Pacifique, au large de la préfecture de Mie, située à quelque 350 kilomètres au sud-ouest du Japon. Ce type de faille peut entraîner des tsunamis (vagues séismiques) et des tremblements de terre plus dévastateurs que les failles principales, en raison de l'angle pris par les forces entrant en jeu, ont expliqué les chercheurs.

    "Nous pensons que cette faille a régulièrement provoqué de grands tremblements de terre par le passé et qu'elle est toujours active", a déclaré Jin-Oh Park, chercheur au JAMTEC. "Nous allons étudier la faille de plus près pour aider les chercheurs à analyser le possible impact et les dommages qui pourraient être causés par de futurs séismes dans la région", a déclaré M. Park.

    La faille est située à quelque 10 kilomètres de profondeur, à environ 50 kilomètres au sud-est de la préfecture de Mie, entre la plaque eurasienne et celle des Philippines. Elle serait à l'origine de tremblements de terre majeurs ayant frappé la côte pacifique du centre du Japon, de Mie à Tokyo tous les 100 à 200 ans, a précisé M. Park.

    La région de Mie a été frappée par un tremblement de terre d'une magnitude de 7,9 sur l'échelle de Richter en 1944, suivi d'un séisme de magnitude 8,0 en 1946, qui ont tous deux déclenché de violents tsunamis et causé d'importants dégâts le long de la côte Pacifique, a expliqué le chercheur. Le tremblement de terre et le tsunami de 1944 ont tué au moins 1.223 personnes.

    Des documents historiques montrent que la région de Mie a été le théâtre de grands séismes en 1854 et 1707, selon le JAMTEC dont les observations devaient paraître vendredi dans la revue américaine Science.

    La découverte de cette faille va apporter une aide précieuse aux chercheurs pour prévoir l'ampleur et la puissance d'éventuels raz de marée dans la région, a estimé pour sa part Fumihiko Imamura, spécialiste des tsunamis et professeur d'ingénierie marine spécialisé dans la prévention des désastres à l'Université de Tohoku.

    Cette faille est si proche de l'île principale japonaise de Honshu qu'elle pourrait provoquer un raz de marée capable d'atteindre le pays cinq minutes après un tremblement de terre, trop rapidement pour qu'une alerte au tsunami, généralement lancée cinq minutes après le séisme puisse être d'une quelconque utilité, a-t-il fait remarquer.

    La majeure partie de la population du Japon, pays très montagneux, est concentrée sur les zones côtières de basse altitude. Le pays a connu tout au long de son histoire des désastres provoqués par séismes et raz de marée. Récemment, en juillet 1993, un tsunami a frappé l'île d'Okushiri, située au large de la côte sud-ouest de l'île de Hokkaido, la plus septentrionale des grandes îles de l'archipel.

    La pointe de l'île a été dévastée par la vague de 30 mètres de haut, la plus haute jamais enregistrée au 20ème siècle au Japon, quelques minutes seulement après un séisme de magnitude 7,8 survenu sous le fond marin près de l'île. Le tremblement de terre et le tsunami ont tué 172 personnes, en ont blessé 143 et 26 personnes sont disparues. Les dommages ont été estimés à 66,4 milliards de yens (576 millions d'euros environ au cours actuel).

    TOKYO - AFP