• Exposition manga



    Pour les amateurs de manga, voici une exposition qui débarque à Paris.

    Sous l'intitulé "Kawaii ! Vacances d'été", la Fondation Cartier propose jusqu'au 27 octobre une immersion dans la création japonaise contemporaine à travers deux expositions explorant les obsessions de la génération manga, conçues par Takashi Murakami, considéré l'un des chefs de file du "néopop" japonais.

    Le terme "Kawaii", qui correspond à "mignon" en français, fait référence à la fascination de la jeune génération japonaise pour l'imagerie enfantine, sorte de complexe de Lolita qui se manifeste dans les bandes dessinés, les films d'animation et les jeux vidéos dévorés par les "otakus", ces jeunes maniaques qui ne vivent plus que dans le monde virtuel.>

    L'exposition "Kaikai Kiki" réunit les oeuvres les plus récentes de Takashi Murakami, dont certaines ont été réalisées spécialement pour l'occasion.

    Né en 1962 à Tokyo, Takashi Murakami revendique l'héritage d'Andy Warhol, tout en explorant les voies menant à l'autonomie de l'art japonais face au modèle occidental. En 1995, il a créé la "Hiropon Factory", un atelier devenu aujourd'hui une véritable société de création et de diffusion de produits dérivés sous le nom de "Kaikai Kiki Corporation".>

    Peintures monumentales, sculptures en résine, papier peint, son oeuvre, ludique et multicolore, décline quelques thèmes récurrents où se croisent influence traditionnelle et sous-culture contemporaine : Champignons (tendance hallucinogène), yeux, fleurs : dans l'univers du Japonais, le papier peint vous observe ("Jellyfish Eyes") et les marguerites s'esclaffent ("Cosmos").

    Murakami a également ses personnages fétiches : Kiki et Kaikai, et surtout, "Mr. Dob". Créé en 1993, cette espèce de souris à l'air naïf, capable de se transformer en monstre au regard psychédélique, connait au Japon un véritable succès populaire et se décline aujourd'hui en peluches, t-shirts ou porte-clés.

    Intitulé "Coloriage", la deuxième exposition, dont Murakami est le commissaire, explore les prémices d'un art nouveau au Japon, sorte de "post-japonisme" qui trouve son origine non plus dans l'art occidental, mais dans "ce que l'Occident appelle subculture", précise le Japonais dans le catalogue de l'exposition.

    Des "Pokemon" de Satoshi Tajiri aux planches du grand maître du manga Shigeru Mizuki (né en 1922) en passant par les miniatures et robots sortis de films d'animation, les créations du touche-à-tout Nigo (producteur, musicien, responsable du label "Ape Sounds" et designer de mode) ou encore les clichés de Kishin Shinoyama, photographe des "idoles", Takashi Murakami a invité une vingtaine de jeunes artistes qui incarnent l'effervescence créative du Japon d'aujourd'hui.

    Les fans du réalisateur japonais Takeshi Kitano ("Violent cop", "Hana-bi"...) pourront également découvrir ses talents d'animateur d'émissions télévisées et de peintre. Ses toiles, dont une série peuplée d'un étrange bestiaire, sont présentées pour la première fois en Europe.

    (Fondation Cartier pour l'Art contemporain: 261, bd Raspail, Paris 14e).

    PARIS (AFP)