• le prix du mondial



    voici un article de Liberation sur le cout de la coupe du monde...apparemment ca va faire mal....

    Après le feu d'artifice brésilien de la finale, celui des additions salées. Présenté comme un «triomphe pour l'Asie», le Mondial 2002 aura d'abord été celui des dépenses les plus folles. Son budget a été estimé par la Fifa à 550 millions d'euros sans compter la construction de nouveaux stades, évaluée à plus de 6 milliards (4 pour le Japon, 2 pour la Corée). Le double de la Coupe du monde 1998.

    «Astronomique». Un record dont Michel Zen-Ruffinen, le secrétaire général sortant de la Fifa, se serait bien passé : «Cette facture astronomique ne se conçoit que dans le contexte du Japon et de la Corée du Sud, reconnaissait-il à Tokyo vendredi. Les deux pays ont, pour des raisons politiques, choisi de construire vingt stades alors que la moyenne tourne en général autour de 10-12. D'où l'explosion des coûts : transports, logistique, précautions sécuritaires.» Zen-Ruffinen, qui quittera la Fifa le 4 juillet en raison du conflit qui l'oppose au président Blatter, avait été, quelques jours plus tôt, moins prudent: «Cette facture est l'exemple même de ce qu'il faut éviter, expliquait-il à un journal japonais. Lorsqu'une Coupe du monde coûte trop cher, le souvenir qu'elle laisse est cuisant. Quelle que soit sa réussite.»
    Les deux comités organisateurs, le Jawoc japonais et le Kowoc coréen, jugent ces calculs déplacés : «Notre objectif était double : offrir une superbe compétition et promouvoir le football dans nos deux pays, se défend Hisao Shuto, du Jawoc. Ce Mondial n'est pas une dépense, mais un investissement.» Le Kowoc, coprésidé par l'ambitieux politicien Chung Mong-joon, l'un des héritiers de l'empire industriel Hyundai, préfère avancer d'autres chiffres : ceux de la croissance. Le pronostic initial de +5,7 % pour cette année est révisé à la hausse par les experts. Samedi, après le match de la troisième place, perdu par le onze coréen (lire page 4), deux millions de fans sont descendus dans les rues de Séoul. 15 millions de maillots rouges de l'équipe auraient été vendus depuis la mi-juin. La demande intérieure ressort dopée de la compétition. Sans parler des recettes directes : billetterie, sponsoring, produits dérivés. «Dans la plupart des cas, toutes les places pour les matchs ont été vendues, précise Zen-Ruffinen. Si beaucoup de sièges étaient vides, c'est que les acheteurs, sponsors ou individus, ne sont pas venus. Mais l'argent est dans les caisses de la Fifa et des pays hôtes.»
    Le point noir aura été le déficit de touristes. Le Japon rêvait d'accueillir 400 000 supporters étrangers, il n'en a reçu qu'environ 100 000. La Corée probablement moins, vue l'affluence décevante des supporters chinois. A Tokyo, l'élimination précoce de l'équipe de France a amené la FFF à annuler la location du complexe de luxe Happo-en, où devaient se tenir cocktails, foire commerciale, etc.

    L'autre sujet qui fâche est celui de l'entretien des stades : beaucoup de villes commencent à se rendre compte que celui-ci va leur incomber. Yokohama, la ville de la finale, devra payer chaque année 9 millions d'euros. L'ardoise du dôme de Sapporo, théâtre d'Angleterre-Argentine, est encore plus élevée, vue la complexité de son architecture. Mais la ville a trouvé une solution : le stade sera loué, la saison prochaine, aux Nippon Ham Fighters, une équipe... de base-ball.
    Pire. En France, la piètre performance des Bleus a causé des dommages collatéraux. A TF1 en premier lieu. La chaîne avait payé l'exclusivité des droits de retransmission en France 160 millions d'euros (y compris pour 24 matchs du Mondial 2006). Beaucoup d'analystes étaient persuadés qu'au mieux la France en finale TF1 perdrait de l'argent. Et ce fut le pire. Le 31 mai, avant le coup d'envoi de France-Sénégal, l'action TF1 cotait 31,93 euros. A la fin du match, elle avait perdu 2,49 %, avant de remonter en fin de séance. Il en fut ainsi lors des trois matchs. Au soir de l'élimination des Français, l'action était tombée à 30,97 euros. Vendredi, elle était à 27,11 euros. Il devient patent que TF1 va laisser un bon paquet dans l'affaire, en raison de la désaffection d'annonceurs. Pour leur part, la Fédération française et son équipementier, Adidas, ont subi un gros manque à gagner, qui sera peut-être chiffré un jour.