• Kanjis : petite explication



    Suite au petit débat qui a eu lieu sur le forum et qui s'égare un peu, j'aimerais reprendre l'explication des kanji, qui, je pense, peut intéresser beaucoup de monde ici.
    Je suis bien sûr ouvert à de nouveaux arguments de la part de mes détracteurs (Gakusei, j'en suis sûr, se rangera à mes côtés).

    Le terme "kanji", comme chacun ne le sait pas, signifie "caractère des Han" (dynastie chinoise). "Han" (prononcez "KAN" en japonais) étant devenu à l'époque le terme générique pour "chinois".
    D'où le terme de kanji : 漢-字 Kan + signe d'écriture.

    STRUCTURE GENERALE

    Structurellement, les kanjis sont composés de :

    - pour les caractères simples :
    * de pictogrammes 山 (la montagne), 川 (la rivière),...
    * de symboles 上 (dessus), 下(dessous),...<br />

    - pour les caractères composés :
    * d'idéogrammes 明 (ou la lune 月 et le soleil 日 sont réunis pour exprimer l'idée de clarté),
    * phonétiques

    LES KANJIS "PHONETIQUES"

    Ce sont les kanji dit "phonétiques" qui soulèvent les plus grands débats.
    Généralement, on décompose les kanji phonétiques entre une partie appelée "radical" et une autre appelée "clé".
    En outre, ces kanji phonétiques se subdivisent eux-mêmes entre " kanji phonétiques purs" et "kanji phonétiques à sens dérivé", et une dernière categorie (critiquable à mon sens) de "caractères mal transcrits".
    Pour avoir une petite idée, si on prend les 9353 caractères du 説文解字 setsumonkaisho, on dénombre 364 pictogrammes (4%), 125 symboles (1%), 1167 idéogrammes (13%), soit 18% tous ensemble.
    Avec les phonétiques dérivés, on atteint 33%. 33% sur lesquelles on s'accorde généralement sur l'origine étymologique.

    LES ECOLES D'INTERPRETATION


    Le problème vient des phonétiques purs. La, deux écoles s'opposent :

    - l'école des "phonéticiens, pour lesquels LI SU puis les HAN auraient retenu les composants phonétiques des kanjis uniquement pour leur contenu sonore. Dans ce cas, le sens du caractère est entièrement donné par la clé.
    On notera en passant que ce serait l'ecole a laquelle se rattacherait plus volontiers Tochiji (?), mais on notera que malgré tout , même les "phonéticiens" s'accordent pour donner un sens étymologique à la clé, donc au moins à une partie du radical.

    - l'école des "étymologistes, plus proche de la pensée de votre serviteur, pour laquelle le sens des "kanji phonétiques" est donné non seulement par la clé, mais aussi par le radical.
    En dehors de leur contenu sonore, les radicaux sont porteurs d'un message sémantique, d'un sens général si vous voulez, que l'on retrouve dans la plupart des caractères de la famille.

    QUELQUES REFERENCES

    La base de tout cela, si vous voulez en savoir plus, c'est bien sûr vers le petit sceau de Li SU qu'il faut vous tourner.

    Li Su, premier ministre de l'empereur QIN SHI HUANG DI, fut chargé par sa célestitude de rationaliser l'écriture des caractères en 213 avant le célèbre JC. (non, pas JM, ni Jules César....)
    LI SU ayant commencé par unifier la taille des caractères en les écrivant dans des carrés de taille identique, on désigne ce style d'écriture de l'expression "style petit sceau".

    La deuxième base de vos recherches sera les travaux de HSU SHEN 許槇 (96 avant le même JC...décidement bien tardivement pour donner une explication aux kanjis, mais tel n'etait pas son job non plus... :P), qui donne une explication sémantique aux caractères de LI SU dans son 説文解字 SHO WEN. Bien sûr, cet ouvrage est plus utilisé par les tenants de l'école des "etymologistes".

    Remarquons entre outre que les caractères ont très peu évolué entre l'époque de LI SU et l'époque des HAN (mais un peu quand même...)
    Bref, HSU SHEN étant quasiment contemporain de LI SU, ses travaux d'interprétation étymologique ont une autorité reconnue dans le monde des spécialistes.

    Pour ne citer que quelques exégètes dont Tochiji s'obstine à renier l'existence, mais dont les travaux méritent que vous y jettiez un oeil (pas le deuxieme, comme dirait l'autre) :

    Academia Sinica
    le francais (he oui!) Wieger
    Karlgren
    Todo と藤堂
    大阪大学
    加藤.

    On peut citer aussi la célèbre étude 字源辞典, qui met l'accent sur le cheminement qui a permis de passer de la prononciation chinoise à la prononciation japonaise.

    EN GUISE DE CONCLUSION


    Bref, si l'on écarte les <i>a priori</i> et que l'on consulte les recherches qui ont été effectuées, on s'aperçoit que le lien sémantique a été établi dans un millier de cas, sur les 1300 phonétiques, soit les 3/4. Les 300 caractères restants ayant été justifiés par les interprétations phonétiques traditionnelles.

    On est déjà bien loin de l'affirmation simpliste selon laquelle les explications tombent a l'eau (l'auteur de cette affirmation se reconnaitra...)

    J'ajouterai pour ma part, que si on a réussi à établir un lien dans la majorité des cas, pourquoi ne pas légitimement supposer que s'il n'y a pas de lien, c'est qu'on n'a pas été jusqu'à présent foutu de le trouver (le temps passant, ca devient aussi de plus en plus dur de le retrouver, à moins de découvertes sensationnelles toujours possibles...)

    Pour ce qui est de l'interprétation de n'importe quel kanji, du plus simple au plus compliqué, je suis donc un ferme partisan de l'idée qu'il existe un lien sémantique.
    A partir de ce lien, nous avons généralement plusieurs possibilités, d'autant plus nombreuses que le degré de complexité du kanji étudié est élevé.
    Ce qui laisse à mon avis la place pour la coexistence d'interprétations différentes de l'origine sémantique du kanji.

    DE L'INTERPRETATION DES KANJI PAR JUNNJA

    En conclusion, je préciserai que les sens que je donne aux kanjis par moi-même sur le forum n'ont rien de scientifique. Passionné de légendes et de contes traditionnels, j'ai choisi de vous faire part d'interprétations personnelles et imaginatives des kanji qui tombent sous ma main.

    Je crois que de cette manière, leur apprentissage est plus aisé et plus agréable que si je vous inondais de théories certes reconnues et éprouvées, mais o combien byzantines.
    Je préfère quant à moi entretenir ce petit monde de rêve qui loge dans chacun de nos coeurs.